Exécuté sommairement par les Allemands le 20 août 1944 à Estables, commune de Chomelix (Haute-Loire) ; résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Portrait du capitaine Seigle authentifié par le lieutenant Fornelli
Le Capitaine Seigle fut, selon Fernand Boyer, le seul officier tué par les Allemands en Haute-Loire durant la Seconde guerre mondiale. Il est aussi le seul officier qui est resté non identifié depuis maintenant 75 ans.
Selon l’ensemble des témoignages recueillis, il était originaire de la France ou bien de Belgique. Lors du discours durant ses obsèques, le 25 août 1944, le Secrétaire général de la Préfecture de Haute-Loire devait déclarer que le père du Capitaine était médecin et avait été fusillé par les Allemands lors de la Première guerre mondiale, que sa sœur était décédée en 1943 d’une maladie contractée après être restée en captivité dans une forteresse après son arrestation par les Allemands.
Il était vraisemblablement militaire de carrière selon les témoignages de ses camarades résistants et il a caché soigneusement son identité.
On a dit que capturé une première fois par les Allemands dans la région de Lyon il se serait évadé de cette ville habillé en religieuse et aurait rejoint alors Saint-Etienne-Saint-Geoirs (Isère).
Suite à la parution d’un livre en 1974 sur les Maquis de l’Ain, par le colonel Romans-Petit, il semble avéré que Seigle aurait commandé le maquis de “Pré-Carré” près de Bellegarde dans l’Ain. Il serait arrivé là entre juillet et septembre 1943. Il était connu ici sous le nom de Père Seigle. Il dirige le camp avec Léon Boghossian à compter de janvier 1944. Le 2, ou 27 février, le maquis est accroché par les Allemands à Ruffieu ce qui entraîna la mort de sept maquisards et la blessure de Seigle. Selon le témoignage précis d’un de ses hommes, il fut transporté à Villeurbanne (Rhône) pour être soigné puis fut emmené à Sillans (Isère) pour sa convalescence. Le lieutenant Antoine Fornelli assure l’avoir ensuite acheminé en Haute-Ardèche au repos en raison d’une phlébite et c’est là qu’il pris contact avec la Résistance de la Haute-Loire. Selon les recherches de Fernand Boyer, à l’issue des combats de Ruffieu, le capitaine Seigle ou Huysmans aurait fait l’objet d’une distinction honorifique.
Mais avant de rejoindre ces maquis, il a continué à mener des opérations pour les maquis de l’Ain, montant une opération à Lyon fin avril pour récupérer du ravitaillement. Seigle disparut fin mai 1944 dans les bois d’Iliat dans l’Ain à la suite d’une opération de camion citerne d’essence dont les circonstances d’interception n’ont jamais été éclaircies. Seigle aurait ensuite prévenu le lieutenant Fornelli de son départ vers la Haute-Loire, lui demandant de le rejoindre avec son groupe et de prévenir son neveu, Huysmans, alias Kléber.
Il a alors rejoint le maquis de la Haute-Loire fin juin 1944 où par l’intermédiaire du Commandant Cohalion alias Tailleur, il a reçu de Zapalski, alias Colonel Gévolde, le commandement du maquis de Rougeac, le bataillon Kellerman. Affecté avec le capitaine Axenoff au commandement de la Compagnie R3, il avait en charge avec le lieutenant Outchacheff alias Alexandre et l’interprète Aguarine, alias Michel, l’incorporation dans le maquis des Russes déserteurs de l’armée d’occupation.
Après les combats de Saint-Martial en Haute-Loire, 20 juin 1944, il voit arriver sous ses ordres à Saint-Bérain les hommes du Groupe Georges, commandés par le lieutenant Georges Grenier, groupe des MUR de la Haute-Loire. Seigle reforme alors un maquis comprenant trois sections : section Georges, section Daniel et section Tailleur.
Fernand Boyer mena des recherches pendant plus de six ans concernant le capitaine Seigle. Il a recueilli au début des années quatre-vingt des renseignements fournis par plusieurs anciens du maquis de l’Ain. Selon ces derniers, Seigle se nommait Huysmans, Huisma, Wysman ou Tatinget et était originaire du Nord ou de la Belgique.
Selon d’autres sources, le neveu de Seigle se dénommait Huysmans et avait travaillé à la Société des Carburants Français, comme d’autres membres comme lui du maquis du Pré-Carré. L’un des responsables de cette société de bûcheronnage pour gazogènes installée dans le Haut Valromey n’était autre que le Lieutenant De Lassus Saint Geniès, celui qui commanda le maquis du Pré-Carré et fut le supérieur de Seigle. Cette société aurait abrité plusieurs réfractaires au STO dont certains rejoignirent le maquis.
Le 11 août 1944, il fut arrêté à Bains (Haute-Loire) par les Allemands, avec son chauffeur, Lucien Cornern, alors qu’ils rejoignaient Le Puy en voiture. Ils furent immédiatement transféré au Puy.
Le 18 août, les deux hommes furent emmenés par les Allemands qui se repliaient vers Saint-Étienne (Loire). Le 19 août, le convoi passa la nuit au lieu-dit Estables et c’est le lendemain, en rejoignant Chomelix, que Wilhelm Löschke, officier commandant du Verbindungsstab, donna l’ordre d’exécuter les deux prisonniers à cet endroit, sur la commune de Chomelix (Haute-Loire) le 20 août 1944. Les deux corps criblés de balles furent découverts l’après-midi au village de Challes puis emmenés à Chomelix pour identification.
Les recherches menées depuis des décennies pour l’identifier sont restées vaines et continuent de nourrir la curiosité, comme le montre la création récente d’un blog dédié au Capitaine Seigle. Deux photos existent de lui, une vivant, identifiée par le lieutenant Fornelli, l’autre de son cadavre, présent au Musée du Mont-Mouchet ainsi que sur le blog consacré au capitaine Seigle, réalisée par Mario Ferrari, un photographe de Langeac.
Son nom figure sur la stèle commémorative de Chomelix. Le corps du Capitaine Seigle repose dans le caveau de la famille Valette au cimetière du Puy-en-Velay.
Wilhelm Löschke, qui ordonna son exécution, se suicida dans sa cellule à la prison du Puy, le 25 septembre 1944, avant son jugement.
Il est inscrit sur le monument commémoratif, à Ruffieu (Ain).
L’ancien résistant René Séjalon a constitué un important dossier sur le capitaine Seigle, qu’il a déposé avec le reste de ses archives, aux archives départementales de la Haute-Loire. Nous n’avons pas eu l’occasion de consulter ce fonds cité dans les sources.
Sources

SOURCES :SHD Vincennes, GR 19 P 43/26 : historique du groupe Georges, p. 7. — SHD Vincennes, GR 19 P 43/1 : Lettre de Fernand Boyer à la direction des personnels militaires de l’armée, bureau Résistants, le 22 février 1976. — Fernand Boyer, Témoins de pierre du sang versé. Les monuments de la résistance en Haute-Loire, Le Puy, éditions de la Société académique, 1983 .— Les Résistances sur le Plateau Vivarais-Lignon (1938-1945) : Témoins, témoignages et lieux de mémoires. Les oubliés de l’histoire parlent, éditions du Roure, 2005 .— Témoignages d’archives de la Résistance au sujet d’opération militaires exécutées dans le département de l’Ain, par le lieutenant Antoine Fornelli, 17 novembre 1987, 5 p. [en ligne] .— Capitaine Seigle, qui est-il ? Blog de Didier Valette [en ligne] : https://capitaineseigle.wordpress.com/2013/09/17/capitaine-seigle/ .— Arch. dép. de la Haute-Loire. Fonds René Séjalon. Cote 300 J 46 : Le Capitaine "Seigle". Le Capitaine "Seigle" : photographies, correspondance, actes d’état civil, extrait d’ouvrage, hommage au Capitaine "Seigle", articles de presse (1900-1985). Doubles des documents concernant le Capitaine "Seigle" : acte de décès, hommage au Capitaine "Seigle", biographie, articles de presse, extrait d’ouvrage (1944-1985). Dossier Capitaine "Seigle", résultats de recherches : correspondance, résumé des recherches concernant l’identification du Capitaine "Seigle", discours en mémoire du Capitaine "Seigle" prévu le 30 juin 1985, photographies (1947-1994). - 1900-1994.(dossier non consulté) —Discours de Serge Zapalski lors de l’inauguration de la rue du Capitaine Seigle à Hotonnes (Ain). — MémorialGenweb.

Eric Panthou

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