Le 16 août 1944, un groupe de maquisards de la Haute-Loire attaque un lourd convoi allemand à proximité de Brioude. En raison des forces en présence totalement disproportionnées mais aussi d’une attaque précipitée, le bilan est lourd avec 22 morts du côté des Résistants.

Le 18 août, les membres du groupe « Pierre Louis » sont inhumés au cimetière de Bournoncle en présence de plusieurs milliers de personnes.
Le 16 août 1944, une forte colonne allemande en provenance de Saint Flour de plusieurs dizaines de camions comprenant aussi de nombreux miliciens du Cantal se dirigeait vers l’Est. Présente à Brioude vers midi, la colonne décide de partir sur Clermont deux heures après.
La section « Pierre Louis » est volontaire pour lui tendre une embuscade aux environs du village de Bard. Sur ces entre faits un groupe appartenant au 8e Dragons est présent dans le secteur.
Commandé par le Lieutenant de Grossouvre les hommes se mettent à la disposition de la section « Pierre Louis » pour participer aux opérations engagées.
Au total, près du village de Bard, un petit groupe de 27 maquisards n’hésita pas, en rase campagne, à ouvrir le feu sur le convoi.
Les éléments de la section « Pierre Louis » sous les ordres du Lieutenant Cornayre progressent discrètement en direction de la R.N 102 sur laquelle est engagée la tête de la colonne ennemie.
Malheureusement, à l’arrière, une camionnette de liaison se dirige à tort en direction de la RN 102. Vite repéré, le véhicule est pris sous le feu ennemi. En entendant les premières détonations, de Gossouvre, croit que le combat est engagé et lance ses hommes à l’attaque, la section « Pierre Louis » fait de même.
La colonne stoppe et déploie un dispositif « en tenaille » et les résistants sont pris de court par la riposte. Les combattants survivants décrochent en direction du village de Bard qui va vivre deux longues heures d’angoisse.
Le village est cerné par l’occupant ivre de rage et de fureur qui tire sur les chiens. Il découvre Edmond Calvet qui a réussi à se replier. Devant des témoins il est abattu par une rafale tirée dans le dos. Onze hommes du village sont arrêtés et alignés le long d’un mur.
Intrigué par un des prisonniers, un officier allemand l’interroge. Avec son air très britannique et muni d’une trousse médicale, l’homme n’est certainement pas un paysan du village. Il s’agit du Docteur Philippe O’Reilly, réfugié originaire du Havre, dont la présence à Bard à cet instant est motivée par une séance de vaccination contre la diphtérie.Que se disent les deux hommes ? A l’issue de l’interrogatoire les allemands quittent le village pour rejoindre leur convoi.
22 maquisards furent tués.
Un premier monument commémorant ces événements fut inauguré le 19 août 1945 puis un autre plus important le 16 août 1970.
Le bilan de la bataille est lourd Roger Chabrillat, fait prisonnier, est déporté à Dachau et Ravensbruck. Ses autres compagnons d’infortune, André Momège, Guy Weil et Guy Stéphan - signalés à tort comme tués à Bournoncle sur l’état des morts du 8ème Dragons- ne reviendront pas des camps nazis.
Au petit matin du 17 août un des rescapés du 8e dragons, Rémi Constant, blessé et hébété se présente à l’entrée du village. Soigné par le Docteur Philippe O’Reilly, il est évacué chez Monsieur Pouget de Combadines.
Les blessés ont été manifestement achevés. Dans la matinée les volontaires Marcel et Raymond Faure, Ambroise Astier de Peyssanges, Paul Merle de Bournoncle, Léon Chevalier d’Arvant, Louis Delmas des Combes trouvent dix sept cadavres affreusement mutilés dans un champ, tandis que cinq autres sont disséminés jusqu’à l’entrée du village de Bard.
Pour ces vingt deux morts, une chapelle ardente est dressée dans l’école de Bournoncle. Mesdames O’Brien (mère de Madame O’Reilly), Françoise O’Reilly, et André se chargent donner un aspect convenable aux victimes. Les corps des soldats du 8e Dragon sont évacués par des responsables du groupe.
Le 18 août, les membres du groupe « Pierre Louis » sont inhumés au cimetière de Bournoncle en présence de plusieurs milliers de personnes ... et toujours sous les regards de l’avion allemand qui tourne dans le ciel du mois d’août.
Nom des victimes
Ceux du Groupe « Pierre Louis »
ALRAN René
BREUIL Alexandre
CHALETZKI Marc [pseudonymes dans la résistance : Cavel, Fabas]
CORNAYRE Arsène
CUVELIER Georges
DELAIR René
EYMARD Marcel
GABISON René
GADOUX Maurice
HENRIOT André
JOLY François
RAMAIN Louis
ROCHE Paul
ROUET Gabriel
SIBEAUD Jean
VIDAL Barthélémy
Ceux du Groupe « Laperche 8e Dragons »
TENNE Louis
DELAIR Jean
LAURENCO José
DURAND de GROSSOUVRE Marie
CHASTEL Marius
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 15/35 : ORA : Groupement Allard 8e Dragons. — Raymond Caremier, “Les combats d’Arvant et de Bard (août 1944)” consultable sur le site des Arch. dép. de la Haute-Loire : http://www.archives43.fr/arkotheque/client/ad_haute_loire/_depot_arko/articles/1079/consulter-les-combats-d-arvant-et-de-bard-aout-1944-3-num-230-7-_doc.pdf .—
Fernand Boyer, Témoins de pierre du sang versé. Les monuments de la résistance en Haute-Loire, Le Puy, éditions de la Société académique, 1983 .— Manuel Rispal, Tout un Monde au Mont-Mouchet, 1940-1945, Ytrac, Éditions Authrefois, 2014.

Raymond Caremier

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