Après avoir fait brûler des équipements et du matériel pendant la journée du 19 août 1944, la garnison allemande de Romorantin (Loir-et-Cher) quitta la ville la nuit suivante. Le dimanche 20 août la caserne Deflandre était donc désertée par les Allemands, et la population, se croyant libérée, commença à pavoiser ; des maquisards de Romorantin et environs circulaient dans la ville.
Le 20 août, un convoi allemand, de l’ordre de 150 soldats, en retraite vers l’Est, s’arrêta à 2 km avant Romorantin sur la route de Blois (D765), au château de la Flandrinière et installa des postes de surveillance aux alentours. Par cette route passaient de nombreux convois allemands en retraite vers l’Est de la France ; déjà la veille, le 19 août au soir, des maquisards avaient tendu une embuscade à un convoi allemand, et un résistant, Alexandre Lavelli, avait été tué au combat.
Le 20 août après-midi, le maquis FTP de Lassay-sur-Croisne, arrivé à Romorantin dans la matinée, regagnait son cantonnement, par la route de Gy-en-Sologne (D49) ; à 1km de Romorantin, il fut pris sous le feu d’un poste de surveillance allemand et lors du combat qui s’en suivit, un résistant, Roland Braun et un civil, Abel Sandré, qui était dans son jardin, furent tués. D’autre part, sur la route de Blois, un résistant, Narcisse Corset, qui se rendait, à bicyclette, en mission à Mur-de-Sologne, fut intercepté par des Allemands postés près du château de la Flandinière. Par ailleurs, deux maquisards, Roger Chalault et Marcel Bour, envoyés en éclaireurs, tombèrent dans une embuscade allemande et furent faits prisonniers.
Le 21 août dans le milieu de l’après-midi, le gros de la troupe allemande quitta le château de la Flandrinière et reprit sa route de retraite, en renonçant à passer par Romorantin, c’est-à-dire en rebroussant sur Mur-de-Sologne ; la troupe allemande subit alors une attaque de harcèlement dans laquelle un maquisard, Adrien Liébert, fut tué, alors que les autres résistants purent décrocher ; le convoi reprit sa route, mais des soldats allemands, furieux, tirèrent des coups de feu en direction des habitations rencontrées ; ils lancèrent des grenades au lieu-dit « l’Aulnette » où ils firent une victime civile, le jeune Guy Huvelle âgé de 16 ans. L’arrière-garde allemande quitta le château de la Flandrinière vers 18 h, après que les soldats allemands eurent fusillés les trois maquisards faits prisonniers la veille.
Le 22 août au matin, une nouvelle colonne allemande motorisée arriva à Romorantin, par le sud, de Selles-sur-Cher (D976) ; vers 7 h du matin, après avoir traversé le grand pont sur la Sauldre, elle arriva au carrefour de la rue Georges Clemenceau, rue de la Tour et rue (actuelle) de la résistance : un FFI lança une grenade sur la première voiture qui causa des dégâts matériels et bloqua le convoi. Les officiers allemands furieux investirent le café du square et envoyèrent chercher le Maire. Des batteries et mitrailleuses furent installées par les soldats allemands, alors que des maquisards s’embusquèrent dans les rues proches ; les tirs des maquisards entraînèrent ceux des soldats allemands qui firent une première victime, le gendarme Paul Derouette, sur le quai de l’Ile-Marin ; un peu plus tard, un agent de police, Alphonse Robin, qui s’efforçait d’éteindre un incendie, fut arrêté par les Allemands dans le quartier de l’Ile-Marin, puis fusillé. Plus à l’ouest, vers 9h, des maquisards s’engagèrent sur le pont Paul Boncour pour affronter des soldats allemands, mais ils se trouvèrent à découvert : Pierre Fessenmeyer fut blessé mortellement et deux autres furent blessés. Ensuite les tirs diminuèrent progressivement et en début d’après-midi les responsables FFI décidèrent de décrocher. De leur côté les Allemands se retirèrent du quartier sud mais restèrent aux abords de la ville.
Le lendemain 23 août, les Allemands revinrent prudemment au pont sur la Sauldre, précédés par des otages ; ils installèrent un canon face au centre-ville. D’autre part les soldats réinvestirent la caserne Deflandre, puis le commandant allemand, se faisant accompagner des autorités de la ville, se rendit à la prison pour faire libérer les personnes incarcérées par les maquisards, les jours précédents ; un jeune homme, Serge Ladevèze, fut arrêté et, ne pouvant justifier de son identité fut interrogé puis fusillé. Durant les jours suivants et jusqu’à leur départ, les soldats allemands réquisitionnèrent des biens publics et privés, notamment des postes TSF, des montres, des bicyclettes, des voitures et accessoires automobiles…
Le 25 août Roger Legrand, jeune résistant arrêté 2 jours avant à Millançay, lors d’un accrochage, sera fusillé près de la Sous-préfecture. Le 30 août un détachement allemand, en retraite vers l’Est, s’installa au château Bel-Air à Lanthenay (les communes de Romorantin et de Lanthenay formèrent en mai 1961 la commune de Romorantin-Lanthenay).
Le vendredi 1er septembre, deux FFI circulant en camionnette, Olivier Rocher et Maurice Mariotte furent interceptés par des soldats allemands ; ils avaient pour mission d’aller chercher de l’essence ; emmenés au château de Bel-Air, ils furent interrogés, torturés, contraints de creuser une fosse devant laquelle ils seront fusillés puis enterrés, dans le parc du château. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, les derniers soldats allemands quittèrent Romorantin. Le 2 septembre 1944 Romorantin était libre : les deux résistants furent déterrés et leurs corps transportés à l’hôpital. Le 3 septembre les rues furent de nouveau pavoisées. Le 4 septembre les obsèques de Maurice Mariotte et d’Olivier Rocher eurent lieu ; ce même jour Kléber Loustau 29 ans fut installé comme Sous-préfet de Romorantin : natif de Romorantin, il était militant syndicaliste et socialiste, issu de la résistance (Libération-Nord).
Les morts de Romorantin :
-  Bour Marcel
-  Braun Roland
-  Chalault Roger
-  Corset Narcisse
-  Derouette Paul
-  Fessenmeyer Pierre
-  Huvelle Guy
-  Ladeveze Serge
-  Lavelli Alexandre
-  Liébert Adrien
-  Legrand Roger
Makowski Stanislas
-  Mariotte Maurice
-  Robin Alphonse
-  Rocher Olivier
-  Sandré Abel
Sources

SOURCES : ’Yves Chauveau-Veauvy, L’ été 44 Nord Indre, Sud Loir-et-Cher ,1993. — Registre des décès de Romorantin-Lanthenay.

Michel Gorand

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