Né le 5 juillet 1889 à Alleuze (Cantal), exécuté sommairement par les Allemands le 23 juin 1944 au lieu-dit Pratviel, commune de Chaudes-Aigues (Cantal) ; médecin ; maire d’Alleuze, conseiller général, résistant au sein du Mouvement Combat puis des Mouvements Unis de la Résistance (MUR).

Louis -aussi appelé Jean-Louis- Mallet est né au Barry, commune d’Alleuze. Ses parents sont Etienne Mallet marié à Alleuze le 23 octobre 1880 avec Annette Berthet.
Louis Mallet passa son enfance en compagnie de quatre frères et sœurs dans une famille de paysans. Il entama des études de médecine à Montpellier, obtenant 4 années de suite un sursis avant d’être incorporé comme soldat de 2ème classe le 14 août 1914. il fut nommé médecin auxiliaire le 24 novembre 1914 et servit comme lieutenant au service des blessés le reste de la guerre. Démobilisé le 1er août 1919, il devait obtenir son diplôme de médecin dès décembre de la même année.
De retour dans le Cantal, il s’établit à Saint-Flour comme médecin généraliste au 5 rue du faubourg, dans l’actuelle avenue des orgues. L’année suivante, il devint maire de son village natal, conseiller général du canton de Saint-Flour-Sud et fonda la caisse locale de crédit agricole et mutuel de Saint-Flour.
Il épousa Marguerite RICOUL née à Neuvéglise le 9 janvier 1896, il eut deux fils, et une fille Madeleine née à Saint-Flour le 22 janvier 1928 En 1935, il créa un journal local à parution bimensuelle, La Glèbe.
En 1939, il servit de nouveau au service des blessés lors de la seconde Guerre mondiale avec le grade de capitaine obtenu en 1936. Démobilisé en février 1940, il a sans doute marqué rapidement sa défiance au régime de Vichy puisqu’il fut démis de son mandat de conseiller général par ordre du préfet Coldéfy. il resta cependant maire d’Alleuze et devait le rester jusqu’à sa mort.
Après avoir pris contact avec Jean Delpirou, de Murat, avec le mouvement Combat dont il reçoit des instructions et avec René Amarger, il s’emploie à sensibiliser toute une population. Grâce à sa notoriété, il a une grande influence.
Il est connu sous le nom de code de « Faust », aidé de ses deux fils, Étienne (alias « Stéphane ») et Pierre (dit Pierrot), agents de liaison, et de sa fille Madeleine. Il créa les « Mouvements Unis de la résistance » (MUR)du secteur de Saint-Flour avec l’imprimeur René Amarger, alias « Germa ». Faust demandait de planquer des réfractaires, aidait certains à se doter d’une identité nouvelle, s’employait à fournir de faux papiers. Juifs ou réfractaires au STO bénéficiaient de son intervention ou étaient camouflés par son intermédiaire.
Inquiété par un rapport de la milice française, il se réfugia au maquis du mont Mouchet au printemps 1944, où il soigna les blessés.
Le 11 juin 1944, son fils Pierre fut arrêté par la milice et fut rejoint par sa mère et sa sœur jumelle au Grand hôtel Terminus de Saint-Flour. Ces arrestations ont lieu dans le cadre d’une grande rafle organisée à Murat (Cantal) et Saint-Flour entre le 10 et le 12 juin par la Sipo-SD, la Feldegendarmerie et les miliciens du groupe Batissier après la mort d’Hugo Geissler, le responsable de la Sipo-SD à Clermont-Ferrand, abattu à Murat.
Après interrogatoire, le jeune homme de 16 ans fut fusillé le 14 juin au Pont de Soubizergues, près de Saint-Georges en compagnie de vingt-quatre autres personnes.
Dans une nouvelle infirmerie installée à Maurines après que les maquis se soient repliés sur la Truyère, le docteur apprit fortuitement (alors que son entourage avait voulu le lui cacher) l’arrestation de sa famille et surtout l’exécution de son fils Pierrot. Déjà marqué par les épreuves, il décida de revenir à Saint-Flour se livrer peut-être pour sauver les siens.
En vain ses camarades essayèrent de le retenir.
Parti avec son fils Étienne et un autre compagnon, tous les trois se firent arrêter le 22 juin à Fournels (Lozère), date en contradiction avec le dossier FFI qui lui mentionne le 20 juin. Transférés à Chaudes-Aigues le lendemain, le père et le fils furent fusillés à Pratviel. La mère Marguerite et la fille furent déportées sans savoir le sort du reste de la famille, jusqu’à leur libération, en 1945. Madame Marguerite MALLET et Mademoiselle Madeleine MALLET, se trouvant dans le convoi parti de Paris le 11 août 1944, ont été libérées le 5 mai 1945 au camp de concentration de Holleischen
De nombreuses plaques et monuments rendent hommage au docteur et à sa famille à Saint-Flour, Alleuze et les environs de ces deux villes. Un lycée professionnel agricole porte son nom à Saint-Flour.
Il a été homologué Interné-résistant pour la période du 20 juin 1944, homologué FFI Cantal, Etat Major Régional R6 du 10 mai 1944 au 20 juin 1944 Médecin, Lieutenant-Colonel Major (Service de Santé), date de nomination : 6 juin 1944. Il a reçu la Légion d’honneur à titre posthume le 1er juillet 1945.
Voici les appréciations de son chef, le Commandant Vally, pour son dossier d’homologation FFI : « Le Docteur MALLET a été l’âme de la résistance dans les arrondissements de Saint Flour et de Murat dans le Cantal. Il organisa le camouflage des réfractaires et donna tout son appui à la création des premiers maquis. Il fut plus particulièrement chargé du Service de Santé Départemental clandestin, il a rejoint la concentration de Margeride puis de la Truyère où il fit preuve du plus grand dévouement pendant les attaques du mois de juin 1944. Arrêté à Chaudes-Aigues avec son fils et fusillé avec son fils le 20 juin 1944. » le 26 septembre 1945, signé VALY.
C’est un jugement du tribunal civil de Saint-Flour rendu le 22 février 1945 qui a fait lieu d’acte de décès.
Sources

Sources : SHD Vincennes : GR 16 P 387398. Dossier de résistant de Louis Mallet .— AVCC : AC 21 P 568862. Dossier Louis Mallet (non consulté) .— Le Docteur Louis Mallet : héros de la Résistance cantalienne : le destin tragique d’une famille de résistants, documents et témoignages publiés par le Musée de la Résistance, Anterrieux, 2005 .— Paul Esbrat, « Une tragédie hors du commun : hommage au docteur Louis Mallet et sa famille », Revue de la Haute-Auvergne, Société de la Haute-Auvergne « Occupation, Résistance et Libération dans le Cantal », no 56,‎ avril-septembre 1994 .— Notice sur Louis Mallet in Les amitiés de la résistance .— MémorialGenweb .— Compléments par Patrick Bec. — État-civil Chaudes-Aigues.

Eric Panthou

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