Bousculés par l’avance rapide des Alliés, les Allemands durent se résoudre à quitter rapidement Amiens. Dans la nuit du 28 au 29 août 1944, ils évacuèrent les prisonniers de la citadelle d’Amiens. A l’orée du bois de Gentelles à Boves, ils les fusillèrent et jetèrent leurs corps dans une sape de la Première Guerre mondiale. Auparavant, dans la nuit du 8 au 9 mai 1944, huit patriotes avaient été exécutés de la même façon à cet endroit.

Monument commémoratif aux Fusillés du Bois de Gentelles
Monument commémoratif aux Fusillés du Bois de Gentelles
Monument inauguré le 24 août 1947
Fosse 1, cagna de la Première Guerre mondiale
Fosse 1, cagna de la Première Guerre mondiale
Fosse où furent découverts les fusillés du mois de mai 1944
Fosse 2, cagna de la Première Guerre mondiale
Fosse 2, cagna de la Première Guerre mondiale
Fosse où furent découverts les fusillés du mois d’août 1944
Le 8 septembre 1944, à la tête d’un groupe de FFI de Boves, de Gentelles et de Villers-Bretonneux, le lieutenant Laurent effectuait une battue dans le bois de Gentelles pour s’emparer d’Allemands qui s’y seraient cachés. En longeant la lisière ouest du bois, les hommes du groupe furent alertés par une odeur nauséabonde et remarquèrent que deux sapes datant de la Première Guerre mondiale avaient été récemment bouchées sauf un petit trou dans la partie haute par lequel se dégageait cette odeur. A l’aide d’une lampe électrique, ils aperçurent plusieurs corps à l’intérieur de chaque cagna. Poursuivant leurs recherches, ils virent des traces de sang et des douilles de balles de mitraillette sur le sol.
Les différentes autorités furent prévenues. Le 11 septembre 1944, le Commissaire central d’Amiens procéda à l’ouverture des sapes.
Huit corps furent retirés de la première sape, celle en bordure de la route nationale et dix-huit de la seconde dont celui d’une femme. Les cadavres furent alignés sur l’herbe et le docteur Machoire les examina. Il déclara que les victimes avaient été tuées à coups de mitraillette et achevées à coups de crosse et que la plupart d’entre elles avaient été torturées.
Les corps furent photographiés et les empreintes digitales relevées par Marc Boucher du service anthropométrique de la police judiciaire d’Amiens. Placés dans des cercueils, ils furent transportés dans l’une des pièces de la morgue du Nouvel Hôpital d’Amiens transformée en chapelle ardente.
Un monument commémoratif fut élevé en 1947 sur un terrain offert par son propriétaire, M. de Thézy, à l’initiative de l’Union des anciens de la Résistance de Corbie. Il a été érigé aux abords de deux fosses (des cagnats de 1914-1918), où furent ensevelis les corps de vingt-sept victimes exécutées en mai et en août 1944. Il s’agissait de résistants ORA et FTPF enfermés à la citadelle d’Amiens.
Le journal Picardie nouvelle rendit compte de la découverte du site et de l’identification difficiles des corps, à partir de son édition du 12 septembre 1944. Selon cet organe de presse, le charnier fut révélé le 8 septembre, vers 18 h. 30, à l’occasion de battues organisées par la Résistance locale pour débusquer les derniers Allemands. Deux groupes furent impliqués : celui qui était commandé par le chef de la brigade de gendarmerie de Boves, Lefèvre, et celui du lieutenant Laurent. Les corps étaient répartis dans deux cagnas distinctes : huit d’un côté ; dix-huit de l’autre, dont une femme. Les fouilles furent faites par des prisonniers allemands ; les dépouilles furent examinées par le docteur Machoire, et un relevé anthropométrique (empreintes et photographies) fut pratiqué par Marc Boucher. Les corps furent ensuite transportés au nouvel hôpital d’Amiens, pour identification par les familles. Les obsèques eurent lieu le jeudi 14 septembre.
Liste des victimes :
Nuit du 8 au 9 mai 1944 :
BIZET Camille
CAMIN Maurice
CARPENTIER André
DUPUICH Charles
FOURRAGE Jean
PAYMENT Marcel
WAQUEZ Morand
WAQUEZ Raymond
Nuit du 28 au 29 août 1944 :
COURCELLE Paul
DELAMOTTE Marcel
DUBOIS Arthur
DUFLOS Marguerite
EMILE Henri
MARECHAL Robert
NOIRET Jacques
NOIRET Jean
PASTOL René
ROGER Alfred*
SAJOT Emile
SEGARD Julien
VANWEYDEVELDT Robert
VINCENT Adolphe
VYNCKE Marcel
Sources

SOURCE : Les fusillés de Gentelles, Daniel Pillon, Catherine Roussel, Association Villers-Bretonneux Mémoire, 2007.

Daniel Pillon, Catherine Roussel, Frédéric Stévenot

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