Né le 7 octobre 1906 à Statelek (Roumanie), fusillé le 9 mars 1943 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; ouvrier ; militant communiste roumain ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI.

Nicolas Cristea
Nicolas Cristea
Il est très difficile d’établir une biographie de Nicolas Cristea qui, selon Boris Holban, serait né en 1906 à Galatz (Roumanie) et, selon le Mémorial GenWeb, en Hongrie ou, selon Serge Klarsfeld et son dossier à Caen, le 7 octobre 1906 à Statelek (Roumanie). Il figure d’autre part, sur la plaque commémorative de la place Balard sous sa fausse identité, Joseph Copla, qui est celle de son dossier aux archives de Caen.
Ouvrier, membre du Parti communiste roumain, Nicolas Cristea s’engagea en 1937 dans les Brigades internationales. Interné en France à partir de février 1939, il s’évada d’Argelès (Pyrénées-Orientales) en février 1941 et rejoignit aussitôt les premiers groupes de l’Organisation spéciale (OS) à Paris. Selon un rapport de la préfecture de police rédigé en septembre 1972 et qui figure dans son dossier à Caen, il serait « entré en France en juillet 1939 et a[urait] séjourné et travaillé dans plusieurs villes du sud de la France (Marseille, Sète, Perpignan). Arrivé à Paris en octobre 1941, sans emploi, démuni de papiers d’identité, il accepta de rentrer dans une organisation clandestine ». Il demeura 13 rue Léopold-Bellan à Paris (IIe arr.).
Il fut membre du 1er détachement des FTP-MOI, dès sa création, et devint chef de groupe. Selon le rapport déjà cité, il participa à plusieurs actions à Paris. Notamment, avec les FTP-MOI Carol Goldstein, Andrei Sas Dragos et Juvko Rohac il réalisa un attentat retentissant le 5 août 1942 vers 9 heures au stade Jean-Bouin (XVIe arr.). Une cinquantaine de soldats de la Luftwaffe effectuaient le tour de la piste ; deux grenades lancées par les FTP firent deux morts, et vingt blessés, dont cinq grièvement.
Le 10 septembre 1942 vers 5 h 45, deux engins déposés au pied d’un candélabre explosaient au passage de quatre soldats sans les atteindre, un civil était blessé. Le 6 octobre 1942 vers 22 h 15 un obus de 105 mm piégé à l’aide d’un pétard de cheddite fut déposé le long d’une casemate allemande sur le Pont de Sèvres à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), à proximité d’un poste de DCA ; il ne provoqua ni dégâts ni victimes. Des engins incendiaires furent jetés sur des fûts de pétrole boulevard de la Bastille (XIIe arr.). Le 9 octobre Nicolas Cristea attaqua avec d’autres FTP-MOI un camion allemand rue Oberkampf (XIe arr.), puis le 15 octobre un garage cours de Vincennes (XXe arr.) où stationnaient des camions allemands.
Le 17 octobre 1942 Juvko Rohac fut interpellé rue des Amandiers (XIXe arr.) à l’issue d’une poursuite policière.
Vers 8 h 30, le 19 octobre 1942, avenue du Docteur-Lannelongue (XIVe arr.), deux grenades furent lancées par-dessus la clôture de la rue sur un groupe de soldats allemands faisant de l’exercice dans l’enceinte de la Cité universitaire ; une seule éclata, un soldat fut légèrement blessé à la fesse droite. L’ avenue du Docteur-Lannelongue séparait administrativement le XIVe arrondissement de Paris et la ville de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). La police boucla un large périmètre, et une vingtaine de personnes furent appréhendées, contrôlées.
Nicolas Cristea et Andrei Sas Dragos furent arrêtés ce 19 octobre par les policiers de Montrouge. Le commissaire Hénoque de la Brigade Spéciale no 2 (BS2) vint sur place avec cinq inspecteurs. Les interrogatoires eurent lieu dans les locaux des Brigades spéciales, puis Nicolas Cristea et Andrei Sas Dragos furent livrés à la Gestapo rue des Saussaies à Paris (VIIIe arr.). Carol Goldstein fut arrêté le même jour (19 octobre) alors qu’il se présentait au domicile d’Andrei Sas Dragos.
Le tribunal de guerre de l’armée de l’air allemande décida le 9 mars 1943 l’exécution de : Nicolas Cristea alias Joseph Copla, Andrei Sas Dragos alias Jaroslaw Martunek, Carol Goldstein alias Ion Cracium et Juvko Rohac alias Anton Popa. Il ne fut pas fait mention d’un procès.
Le jour même (9 mars 1943), sous sa fausse identité de Joseph Copla, Nicolas Cristea a été fusillé au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.), puis inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 47, ligne 1, n°32.
Plusieurs ouvrages dont celui de Boris Holban indiquent que Joseph Copla été fusillé au Mont-Valérien.
Il fut reconnu Mort pour la France et il fut homologué Interné résistant (DIR).
Son nom figure sur la plaque commémorative située avenue de la Porte-de-Sèvres à Paris (XVe arr.).
Voir Paris (XVe arr.), Le stand de tir de Balard (Ministère de l’Air)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1747, BA 1748, BA 1752, KB 18, KB 56, PCF carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation, 77W 536, 77W 3121. — AVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 4. — Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. — Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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