Le 20 juillet 1944, un combat sans merci entre les troupes allemandes et les hommes du camp FTP Wodli se solda par la perte de douze résistants morts au combat, de cinq prisonniers et d’une victime civile.

Commune du département de la Haute-Loire, située à 810 m d’altitude dans les monts du Velay, à 15 kilomètres du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Chef-lieu de canton, elle comptait 2056 habitants en 1936, dernier recensement avant la guerre.
Roger Maurin , âgé de 8 ans en 1944, la décrit à cette époque comme « un village assez calme, sans milicien avéré, sans résistant bien visible, avec juste quelques collabos. Il régnait un climat de méfiance générale, mais aussi de peur et de détestation du boche … J’ai souvent vu des maquisards armés de leur mitraillette… ».
En juillet 1944, la garnison allemande du Puy (actuellement le Puy-en-Velay, Haute-Loire) comptaient environ un millier d’hommes dont 300 Tatars de la Volga. Parmi les maquis qui harcelèrent les patrouilles allemandes, un des plus importants fut le camp Wodli des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Commandé par Théo-Vial Massat, il comptait un peu moins de 300 hommes dont 200 venaient d’arriver du Mont-Mouchet. Les partisans qui combattirent à Saint-Paulien était cantonnés à La Chapelle-Bertin (Haute-Loire) et placés sous l’autorité de Antoine Angéli.
Le 20 juillet 1944, neuf maquisards étaient à Saint-Paulien en mission de ravitaillement en carburant et victuailles ; deux d’entre eux, munis d’un fusil-mitrailleur, surveillaient l’entrée du bourg au carrefour des trois routes de Blanzac, Saint-Vincent et le Puy. Vers 15 heures, un convoi allemand composé d’un car et de deux camions bâchés, venant du Puy et se dirigeant sur Ambert (Puy-de-Dôme), déboucha devant la gendarmerie. Les sentinelles tirèrent aussitôt sur la tête du convoi et se sauvèrent en abandonnant leur arme. Des soldats furent tués et blessés et très vite les autres quittèrent les camions, pénétrèrent dans la gendarmerie et se déployèrent sur la colline du Verger où ils mirent des mitrailleuses en batterie et tirèrent sur tout ce qui bougeait. Au pont de Ribbes, ils abattirent Georges Auberger, un vacancier qui rentrait chez lui en vélo, accompagné de son petit garçon. Les maquisards leurs échappèrent et rejoignirent leur camp de base de la Chapelle-Bertin mais les deux sentinelles qui avaient tiré manquaient à l’appel. Les pensant aux mains des Allemands, certains voulurent retourner sur les lieux pour les délivrer.
La tâche était périlleuse pour les hommes du Wodli. La Brigade spéciale venait tout juste de perdre Noël Patriarca, un de ses chefs emblématiques, mort dans un guet-apens trois jours plus tôt. Formée de jeunes gens courageux et parfois téméraires, elle partit rapidement en éclaireur sous le commandement de Jean Bourdon qui embarqua dans une traction-avant avec Régis Cros, Noël Johanny, Joseph Joly et Dominique Martinez. Dans le virage avant le pont du Bourbouilloux, ils s’arrêtèrent dans un chemin à droite et prirent position sur le talus. Un convoi ennemi, précédé par des motards, arrivait alors de Saint-Paulien : les apercevant, les occupants descendirent des véhicules, mirent des mortiers en batterie et se déployèrent. Les maquisards, submergés par le nombre et la puissance de feu, essayèrent en vain de s’enfuir. Noël Johanny tenta sans y parvenir de faire démarrer la voiture et fut mortellement atteint. Régis Cros et Joseph Joly furent abattus comme Jean Bourbon parvenu jusqu’à la ferme au lieu-dit Champagne. Seul Jean Martinez, mesurant moins d’un mètre soixante, parvint à se glisser dans la végétation et à courir en direction de Borne (Haute-Loire).
Des maquisards restés à la Chapelle-Bertin avaient décidé de suivre la Brigade spéciale mais leurs camions à gazogène, étaient très longs à démarrer. Un premier camion avec 15 hommes et deux FM, quitta le camp 25 minutes plus tard. Après le carrefour de Lissac (Haute-Loire), ils aperçurent des civils autour de la traction et les prirent d’abord pour des camarades avant de reconnaître des Miliciens, sans doute venus du Puy. Le camion s’immobilisa une centaine de mètres avant un virage et Antoine Tessarolo vida deux chargeurs de FM sur des soldats allemands qu’il avait repérés sur sa droite, permettant à ses camarades de se replier en contrebas, vers le Bourbouilloux. Ils purent tous se sauver et rejoindre le camp avec deux blessés mais sans Antoine Tessarolo qui avait été abattu à son poste de tir.
Un autre camion quitta plus tard encore la Chapelle Bertin mais les maquisards étaient attendus sur le plateau de Champagne où les soldats allemands, postés à l’est, empêchèrent leur repli sur le Bourbouilloux. Le combat s’engagea jusqu’à la nuit. Sept maquisards trouvèrent la mort : Pierre Avinain, Louis Baché, Roger Carré, René Cordat, René Krebs, André Malpeyre, Georges Puvel. Le journal de marche de l’État-Major principal de liaison n° 588 de la Wehrmacht fit état de cinq tués et de quatre blessés dans ses rangs. Cinq prisonniers, rudoyés par les Miliciens, furent chargés dans un camion. Dans les documents consultés, seule l’identité de deux d’entre eux est connue : François Perez et Marcel Seguin furent transférés au Puy puis à Clermont-Ferrand qu’ils quittèrent le 20 août 1944 par le convoi 440 en direction de l’Allemagne ; ils moururent le premier à Dachau, le deuxième à Mauthausen. Sur le terrain, on ne retrouva aucun blessé parmi les maquisards, achevés à coups de crosse pour rendre leurs visages méconnaissables
Dans la matinée du 21 juillet 1944, des résistants vinrent chercher les corps ; Les chars de Monsieur Potus, fermier à Champagnac, furent réquisitionnés pour les transporter à travers champs. Ils furent emmenés dans le camion d’Alfred Pubellier jusqu’au quai de la gare d’Allègre où l’on procéda à la toilette des morts et on les enterra dans le cimetière. Le père de Noël Johanny, percepteur à Craponne, vint chercher la dépouille de son fils qu’il fit inhumer dans cette commune.
Une stèle commémorative a été érigée au lieu-dit Champagne. Elle porte le nom des treize victimes des combats du 20 juillet 1944 et le nom du lieutenant Jean Gaudelette, de l’Armée Secrète, tué à Saint-Geneys-près-Saint-Paulien (Haute-Loire) le 10 août 1944.
Victime Civile :
AUBERGER Georges
Résistants :
AVINAIN Pierre
BACHÉ Louis
BOURBON Jean
CARRÉ Roger
CORDAT René
CROS Régis
JOHANNY Noël
JOLY Joseph
KREBS René
MALPEYRE André
PUVEL Georges
TESSAROLA Antoine
Déportés :
PEREZ Francisco
SEGUIN Marcel.
Sources

SOURCES : Roger Maurin, "Les combats du 20 juillet 1944 à Saint-Paulien" in Bulletin historique de la Société académique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire, pages 137-147, tome LXXXI, année 2005. – Bernard Capuano, "Itinéraire d’un enfant de Rive-de-Gier "dans La Résistance, Bulletin spécial de l’Amicale des Anciens Résistants et Amis de Rive-de-Gier, année 2013. — Site Mémoire des Hommes. — Site Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Michelle Destour

Version imprimable