Né le 11 juin 1912 à Tiviers (Cantal), tué le 30 juin 1944 à Talizat (Cantal) ; sabotier ; résistant au sein des MUR.

Jean Mary Albisson était le fils de Pierre, François Albisson et de Maria Roche, cultivateurs au Chassang, commune de Tiviers. Il avait une sœur née en 1920. Jean Mary Albisson s’était marié à Ussel (Cantal) le 28 janvier 1939 avec Angelina De Rosso. Il était le père de deux enfants.
En 1944 il était sabotier à Talizat (Cantal). Il était considéré comme le chef local de la Résistance, membre du corps franc de Saint-Flour au sein de l’Armée secrète, Mouvements unis de la Résistance (MUR).
Le 29 juin, Jean Mary Albisson est "sauvagement arrêté dans son atelier, en l’absence de son épouse, devant sa fillette dont la grâce candide et naïve n’inspire aucune hésitation aux agresseurs farouches." (Teisset)
Le 7 décembre 1944 l’instituteur et secrétaire de mairie Teisset a écrit le récit des journées des 29 et 30 juin 1944 à Talizat : « Jeudi 29 juin 1944, vers 16 heures, un détachement allemand cerne le bourg de Talizat. Prestement, de petits groupes se rendent chez le Maire qui est absent. M. Albisson Jean Mary est arrêté et amené en automobile devant la maison de Chambaron. Avisé par Mme Teisset qui a dû, à son corps défendant, prendre place dans une voiture et se rendre dans le bourg, M. Teisset se présente immédiatement à l’officier commandant le détachement. Celui-ci lui fait connaître qu’on va l’interroger et que "s’il ne répond pas aux questions qui lui seront posées, il sera considéré comme terroriste et traité comme tel". Suit l’interrogatoire portant sur fausses cartes d’identité, visites du maquis, etc. Monsieur le Maire arrive, il doit s’expliquer sur une affaire de blé enlevé par le maquis. Et c’est la question cruciale posée simultanément au Maire et au Secrétaire : "Quand a eu lieu à Talizat la mobilisation générale ?" L’ignorance des interpellés déconcerte les Allemands subitement devenus agressifs (...). Néanmoins, l’air pressé, ils claquent des talons, saluent et se retirent. On apprend que M. Prévot Michel à son tour a été arrêté à l’entrée de Talizat alors qu’il revenait de Neussargues. Les voitures allemandes prennent la direction de Neussargues ; elles emportent MM. Albisson et Prévot. Elles repasseront à Talizat, se dirigeant vers St-Flour, quelques heures après. Vendredi 30 juin, vers 16 heures aussi, un convoi d’environ 80 Allemands se rue sur Talizat. En quelques minutes, pour la deuxième fois, le bourg est encerclé, les issues soigneusement barrées. MM. Albisson et Prévot sont "déchargés" et demeurent assis, sous bonne garde devant la maison Chambaron. M. le Maire, qu’accompagne un Allemand, est invité à chercher dans le village tous les jeunes dont les noms (26 environ) figurent sur la liste qui lui est présentée, tandis que le "sacrétaire", qu’on est venu prendre chez lui, doit monter en voiture et guider le gradé allemand dans la chasse aux membres de la Résistance (6 dont les noms figurent passablement énoncés quant à l’orthographe sur une liste tapée à la machine). Et nous voici sur la place de l’église. Il y a là M. le Maire, M. le curé, Mlle Parkaché, Mmme Delcros, Mme Ponsonnaille... quelques jeunes (A. Mathieu, G. Bonnet, A. Teisset, etc). Le père Masseboeuf qu’on vient d’arrêter prend place auprès de MM. Albisson et Prévot pendant que le secrétaire de mairie, violemment arraché de la voiture, est conduit dans l’église "où on va lui régler son compte". Au cours d’un interrogatoire faisant suite à celui de la veille (trois questions précises qui reçoivent la même réponse : "Je ne sais pas"), il est brutalisé jusqu’à la comparution de M. Albisson qui répond négativement à la question : "Celui-ci en faisait-il partie ?" (...) Confronté avec quelques-uns [les jeunes rassemblés sur la place], M. Albisson doit répondre au sujet des "convocations" adressées aux jeunes au début de juin. (...) Les voitures allemandes se rangent sur la place, le peloton d’exécution en descend et s’aligne. MM. Albisson, Prévot et le père Masseboeuf quittent le banc sur lequel ils étaient assis et sont conduits près du mur de la maison Bonnet. Une halte cependant : "M. le curé, faites ce que vous avez à faire" M. le Maire implore la pitié pour ses administrés. Après une question posée à M. Albisson qui précise que M. Masseboeuf est nouveau venu à la Résistance, l’officier allemand fait sortir ce dernier du rang. "Vous le devez à vos cheveux blancs". Les femmes sont invitées à quitter la place à l’exception de Mme Ponsonnaille. Hommes et jeunes gens sont campés en un coin et doivent "écouter et regarder". Publiquement M. Albisson est appelé à reconnaître sa sixaine... (...) Suivent les deux commandements rituels ; nos deux compatriotes fort courageusement entrent dans l’éternité. »
D’après les services de la défense, Jean Mary Albisson a été fusillé par les Allemands du Bataillon de la Mort le 30 juin 1944 à Talizat, avec Louis Michel Prévot. Il avait 32 ans.
Il est homologué DIR et RIF et la mention "Mort pour la France" est portée sur son acte de décès.
Son nom est gravé sur le monument de la Résistance à St-Flour (Cantal) et sur les monuments aux Morts de Tiviers et Talizat. Une plaque est apposée sur une place de Talizat.
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 15/45 : MUR : Corps Franc Saint Flour. — AVCC, dossier Jean Mary Albisson : AC 21 P 696557 et 305714 (nc). — SHD Vincennes, dossier de résistant de Jean Mary Albisson : GR 16 P 6535 (nc). — Mgr de La Vaissière, Les journées tragiques dans le diocèse de Saint-Flour, Imprimerie Clavel, St-Flour 1944. — Jean Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir. Cantal, 1940-1944, Aurillac, Association des Maquis et Cadets de la Résistance du Cantal, 2007. — Les Allemands dans la région de Saint-Flour (Mai - août 1944), Témoignages des Instituteurs et des Institutrices collectés par M. Louis Bac, édition établie par Jean Favier avec l’aide des Archives Municipales de Saint-Flour (M. Gilles Albaret, directeur et Mme Lydia Lucchi), éditions de l’Association du Musée de la Résistance d’Anterrieux, janvier 2017. — État civil (AD 15). — MémorialGenWeb.

Patrick Bec

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