Né le 20 décembre 1914 à Lugarde (Cantal), mort au combat le 20 juin 1944 au Pont Rouge, commune de Chaudes-Aigues (Cantal) ; instituteur ; résistant au sein des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Alfred Brihat était le fils de Antoine Brihat dit lo faure, forgeron à Lugarde (Cantal), marié dans ce village le 23 avril 1912 avec Anne Sabatier, originaire du Serre, commune de Marcenat (Cantal). Il avait deux sœurs nées en 1912 et 1917 à Lugarde. Après avoir étudié à l’école normale de Aurillac (Cantal) de 1931 à 1934, il était élève-maître intérimaire à St-Cirgues-de-Jordanne (Cantal) en 1935.
Mobilisé en 1939, il a été nommé instituteur à La Bromestrie de Clavières de 1940 à 1942 et à Canines de Teissières-les-Bouliès (Cantal) depuis la rentrée scolaire de 1943. Très estimé par la population, avec Lucien Coussain le directeur de l’école de Teissières, résistant également, ils ont évité à bien des jeunes de partir pour le STO. Il était marié à Lucie Lucinette Chaumeil. Leur fille Noëlle naquit à Vitrac (Cantal) le 6 janvier 1942. Les familles Brihat et Sabatier étaient originaires de Saint-Hilaire d’Auzon (Haute-Loire) d’où elles avaient migré vers 1850 comme scieurs de long sitaires au Serre, commune de Marcenat (Cantal) et Lugarde.
En 1944 Alfred Brihat rejoignit la Résistance. Il était lieutenant de la 8ème Compagnie FFI et il avait déjà combattu avec le maquis du Mont-Mouchet avant son repli sur la Truyère.
Au lendemain de la dispersion du Mont-Mouchet (10 et 11 juin 1944), les troupes allemandes savaient que des maquisards s’étaient enfuis vers le sud et l’est. Dès le 16 juin le nouveau rassemblement est localisé ; Eugène Martres lit dans le journal de von Brodowski : "vastes concentrations de terroristes vers Chaudes-Aigues".
Le 20 juin 1944 une puissante colonne motorisée venant par le Pont de Tréboul se dirigeait vers le Pont Rouge où un combat sanglant eut lieu. Les Allemands sont retardés mais ils réussissent à passer. L’historien précise la composition des groupes de Résistants qui agirent entre le Pont Rouge et Chaudes-Aigues : « Ce barrage était gardé ce jour là par la 1ère section de la 8e cie (18 hommes - lieutenant Brihat). Le reste de la 8e cie se trouvait à 1,5 km au nord, près du bois de Védrines. Dans ce bois et aux environs s’étaient établis le maquis Aubrac, le groupe Laurent et la 33e cie. Au Pont Rouge le dispositif défensif était le suivant : A 10 mètres du pont, côté Chaudes-Aigues, dans le fossé, un poste de 5 hommes. Ils ont à portée de la main une corde qu’il suffit de tirer pour actionner le détonateur de la mine installée sur le pont (pour le faire sauter). Ils ont en outre des grenades et des mitraillettes. Dans les rochers qui dominent la route 3 positions de tir sont installées : dans la première 2 hommes avec un bazooka et leurs fusils ; dans la deuxième 2 hommes avec un fusil-mitrailleur ; dans la troisième, 3 hommes à la mitrailleuse". Finalement avec le lieutenant une douzaine d’hommes. Ces hommes ouvrent le feu et l’assaillant riposte. La mine explose et creuse un entonnoir où s’effondre une auto blindée. Mais le pont n’a pas sauté complètement. Un coup de bazooka toucha une deuxième auto blindée. Cependant la supériorité ennemie s’impose rapidement. Les 2 officiers (Brihat et Soudan) sont tués à leurs postes. Les 5 hommes près du pont tentent de se dégager. Ils tombent à leur tour. Le reste de la section se replie. Dès le début du combat un agent de liaison a couru au bois de Védrines alerter les différents groupes. La 8e cie a tenté de s’avancer du bois de Védrines vers le Pont Rouge. Quelques hommes participèrent à l’engagement le long de la route mais le gros de la compagnie, sous l’intensité du tir, se replia. Le maquis Aubrac continua aussi la lutte entre le Pont Rouge et le bois de Védrines ; il y eut 2 tués : le lieutenant Vimard et Hertenstein. Le combat dans ce secteur se prolongea sporadiquement (Monod y fut tué). La colonne allemande continua sa marche vers le nord, vers Chaudes-Aigues tandis que quelques résistants tiraient depuis les bois et les genêts environnants ; au début de l’après-midi de ce 20 juin une mitrailleuse tirait encore dans le bois de Védrines. » (Martres).
Alfred Brihat a été tué au Pont Rouge, le 20 juin 1944. Il avait 30 ans. Il a été inhumé à Cruchet-le-Valasse (Seine-Maritime) le 26 Juillet 1949.
La mention "Mort pour la France" est portée sur l’acte de décès.
Son nom est gravé sur les monuments aux Morts de Montsalvy, Teissières-les-Bouliès, Lugarde (Cantal), sur les monuments de la Résistance à Anterrieux et à Saint-Flour (Cantal) ainsi que sur le monument commémoratif des instituteurs devant l’école normale (ESPE) d’Aurillac.
Une action est en cours pour la dénomination d’une rue de Lugarde (actuelle route de Condat) à la mémoire d’Alfred Brihat et de son neveu Albert Sabatier, étameur voyageur tué à Tizi-Ouzou (Algérie) le 29 septembre 1956.
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, dossier de résistant de Alfred Brihat : GR 16 P 91103 (nc). — AVCC, dossier Alfred Brihat : AC 21 P 186607 (nc). — Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945 - Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993. — Jean Favier, Mémorial du réduit de la Truyère, Aurillac, Union des ACVG - CVR du Cantal, Musée de la Résistance d’Anterrieux, 2008. — "Les Allemands dans la région de Saint-Flour (Mai - août 1944)", Témoignages des Instituteurs et des Institutrices collectés par M. Louis Bac, Les Allemands dans la région de Saint-Flour (Mai - août 1944), édition établie par Jean Favier avec l’aide des Archives Municipales de Saint-Flour (M. Gilles Albaret, directeur et Mme Lydia Lucchi), éditions de l’Association du Musée de la Résistance d’Anterrieux, janvier 2017. — Mgr de La Vaissière, Les journées tragiques dans le diocèse de Saint-Flour, Imprimerie Clavel, Saint-Flour 1944. — MémorialGenWeb. — Informations sur son lieu d’enterrement communiquées par le musée d’Anterrieux. — Courriers transmis par Robert Vollet (ancien voyageur étameur). — Arch. Dép. du Cantal (État civil, bulletin départemental de l’instruction primaire).

Patrick Bec

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