Né le 5 août 1894 à Brezons (Cantal), tué le 8 juillet 1944 aux Roussinches, section du Bourguet, commune de Brezons (Cantal) ; cultivateur ; résistant au sein des MUR.

Pierre Delcher était le fils de Pierre Delcher, cultivateur décédé aux Roussinches le 4 mars 1944 et de Marie Artis qui décèdera le 30 décembre 1944 aux Roussinches. Incorporé au 54ème régiment d’artillerie le 5 septembre 1914, il fait toute la campagne contre l’Allemagne comme conducteur au 2ème canonnier du 273ème régiment d’artillerie ; il est décoré de la médaille de la victoire. Il s’était marié à Brezons le 25 juin 1921 avec Rosalie, Mélanie, Antoinette Pignol, fille de cultivateurs du Chappus, commune de Saint-Martin-sous-Vigouroux (Cantal). Ils avaient deux fils nés en 1922 et 1923.
« Pendant une dizaine de jours (du 21 juin au 1er juillet), les plateaux de la Haute Planèze, les vallées du Siniq, du Goul, du Brezons, de l’Epie, du Lagnon, cachèrent un effectif élevé, en fait le gros de l’armée auvergnate... 1000 à 1500 combattants... Le 7 juillet, il restait moins de 4 à 500 hommes dans la région Prat-de-Bouc, Paulhac, Cézens, Brezons, Le Bourguet, Malbo, Pailherols." (Eugène Martres op. cit.). Le 8 juillet 1944 trois colonnes allemandes représentant 1800 hommes attaquèrent dans la vallée de Brezons. Au nord de la vallée une unité allemande s’avança depuis Le Bourguet jusqu’à Lustrande où des éléments de la 43e compagnie FFI dirigée par Charles Gausseres dit "Kléber" étaient retranchés. Dans le combat, cinq maquisards dont Jean Baptiste Delarbre, Elie, Albert Archer, Georges Sardenne, Robert, Etienne Patard et André Delabre ainsi que deux civils (Joseph Magne et Pierre Delcher, furent tués.
M. et Mme Terrisse, instituteurs à l’école de Brezons, relatent les événements de juillet 1944 : « Le 6 juillet, vers 11 heures, un avion allemand survole la vallée à très faible hauteur, tirant sur les bois et les maisons isolées dans le but sans doute de faire riposter le maquis et connaître ainsi leur emplacement. Deux jours plus tard, les Allemands arrivaient. Le samedi matin 8 juillet, vers les 6 heures 30, par une matinée pluvieuse, la fusillade éclate de toutes parts. En peu de temps les villages du Bourguet et de Lustrande furent encerclés par deux colonnes allemandes fortes de plusieurs centaines de voitures venant l’une de la direction de Murat, l’autre du bas de la vallée. (...) Les villages de la vallée furent immédiatement occupés par les Allemands qui pénètrent dans toutes les maisons, fouillant partout, menaçant la population. Les FFI alertés et dont la défense était inutile, se glissèrent dans le ravin formé par le ruisseau du Brezons, purent se cacher jusqu’au soir et ensuite gagner les bois. Trois furent tués, d’autres blessés. Pendant ce temps, la fusillade crépitait dans le village de Lustrande. Un homme de 40 ans, M. Magne, laitier, s’écroule au milieu de la rue, atteint au ventre ; vers 14 heures, il mourait des suites de son affreuse blessure. Quatre ou cinq hommes sont pris et rassemblés au four du village, tournés vers le mur, les bras en l’air, tandis que derrière eux les soldats allemands manœuvrent la mitrailleuse. D’autres sont pris et emmenés au PC à la Sagnette à 10 km de là ; deux reviennent dans la journée ; deux autres furent emmenés à Saint-Flour ; un autre, M. Delcher, relâché, rentrait chez lui lorsqu’il fut abattu en cours de route. (...) Le lendemain dimanche vers les 8 heures du soir, les Allemands firent brûler la maison de M. Delcher aux Roussinches ainsi que l’étable avec une douzaine de veaux. Le patron, tué la veille, fut trainé hors de la maison jusque dans le fossé de la route et abandonné là. Son épouse devait le veiller toute la nuit abritée sous un parapluie. »
D’après Jean Favier, Pierre Delcher, ancien combattant de 14 - 18, avait hébergé des maquisards dans sa ferme. Il a été homologué FFI, membre du 4ème Bataillon des Mouvements unis de la Résistance (MUR) du Mont-Mouchet pour la période du 20 juin au 8 juillet 1944. Il figure non pas sur la base des militaires morts mais celle des civils morts entre 1939-1945, ce qui est peut-être une erreur, et a un dossier à cet effet aux archives du service historique de la Défense à Caen. Pierre Delcher avait 50 ans.
La mention mort pour la France est inscrite sur son acte de décès et son nom est gravé sur le monument de la Résistance à Saint-Flour, sur le monument aux Morts du Bourguet et sur le socle de pierre d’une croix de fer située dans une prairie au bord de la D 39 par côté de la route menant au hameau de Cros-Haut ; sur cette croix est inscrit : ICI EST TOMBÉ PIERRE DELCHER MORT POUR LA FRANCE LE 08/07/1944.
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 169264, dossier résistant pour Pierre Delcher (nc). — AVCC Caen, AC 21 P 332876, dossier mort civil 1939-1945 pour Pierre Delcher (nc). — SHD Vincennes, GR 19 P 15/1 : liste nominative des membres du 4éme Bataillon du Mont-Mouchet. — Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945 - Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993 .— Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir, Albédia, Aurillac 2007 .— Mgr de La Vaissière, Les journées tragiques dans le diocèse de Saint-Flour, Imprimerie Clavel, Saint-Flour 1944 . — "Les Allemands dans la région de Saint-Flour (Mai - août 1944)", Témoignages des Instituteurs et des Institutrices collectés par M. Louis Bac, édition établie par Jean Favier avec l’aide des Archives Municipales de Saint-Flour (M. Gilles Albaret, directeur et Mme Lydia Lucchi), éditions de l’Association du Musée de la Résistance d’Anterrieux, janvier 2017 .— État civil, registres matricules (AD 15) .— MémorialGenWeb

Patrick Bec

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