Né le 6 novembre 1919 à Raismes (Nord), exécuté sommairement le 29 août 1944 à Préseau (Nord) ; instituteur ; responsable du Front national pour le Valenciennois sous le pseudonyme de Jacques.

Pierre Cuvelier perdit tout jeune son père. Il fut élevé par sa mère avec son frère Roger. Il était un fervent militant chrétien de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Brillant élève de l’École normale, il avait passé le concours d’entrée à Saint-Cyr mais la guerre et la défaite l’empêchèrent d’intégrer l’école. Il devint donc instituteur à Raismes-Sabatier dans la banlieue de Valenciennes (Nord). Dès 1940, il récupéra dans la forêt de Raismes des armes abandonnées lors de la défaite. Peu après, la participation aux chaînes d’évasion occupa tout son temps. C’est en 1943 qu’il entra au Front national très bien organisé à Raismes. Il fut alors chargé avant tout de rédiger, de tirer et de ventiler des tracts. À la rentrée scolaire de 1943, Pierre Cuvelier fut muté de Raismes-Sabatier à Raismes-Vicorgne. Il œuvra alors avec un artisan-imprimeur, André Dubeau qui, dans son atelier de Raismes, imprimait Le Valenciennois patriote, organe du Front national. Après l’arrestation d’André Dubeau et de deux de ses ouvriers le 16 novembre 1943, Pierre Cuvelier tira le journal chez un imprimeur d’Onnaing, M. Pois, et chez Édouard Bonnet de Mortagne-du-Nord. Après la mutation dans la région lilloise en décembre 1943 de Justin Grivon devenu illégal après l’arrestation de nombreux patriotes, Pierre Cuvelier devint responsable du Front national pour le Valenciennois. Aidé par Lucien Mars arrêté en mai 1944 et Lucien Busin arrêté en février 1944, il recruta également de nombreux militants pour ce mouvement. Malgré son inlassable activité pour développer le Front national, Pierre Cuvelier enseignait toujours à Raismes et tout continuait à l’intéresser : il collectionnait les timbres, il aimait la nature et jouait de plusieurs instruments de musique.
Pierre Cuvelier fut arrêté une première fois le 5 avril 1944 et dirigé vers la centrale de Loos. Dans la nuit de Pâques, des bombes américaines destinées à la gare de triage de Lille-Délivrance tombèrent dans l’enceinte de la prison, faisant éclater les portes et les murailles. Comme un certain nombre d’autres prisonniers, Pierre Cuvelier recouvra la liberté et revint aussitôt dans le Valenciennois où il reprit la direction du Front national mais vécut dès lors dans la clandestinité, hébergé chez les Pois à Onnaing, chez les Déjardin ou chez les Kolliker à Saint-Saulve.
Au début de juin 1944, Pierre Cuvelier était à la fois responsable pour le Valenciennois du Front national, sous la direction du régional FN Jean-Baptiste Lamotte et des Forces françaises de l’intérieur (FFI), sous la direction du régional FFI Raymond Deken. Il était en contact avec le Bureau central de renseignement et d’action par l’intermédiaire de l’architecte denaisien Jean Lecomte ; avec les groupes de choc FTP, il réalisa presque toutes les actions du plan Tortue dans le Valenciennois. Dans son rapport de mai 1944, Louis Valère, le « politique » (le P) du secteur valenciennois du PCF, s’inquiétait du fait que Pierre Cuvelier, responsable du Front national et des FFI du secteur, n’était pas communiste : « Heureusement, notait-il, un camarade venant d’une autre région a été adjoint à Cuvelier. » Il s’agissait de Jean-Baptiste Lamotte, régional Front national et PCF qui jouait le rôle de « politique » du Parti communiste dans le Sud-Valenciennois. Le Front national était si bien implanté dans l’agglomération de Valenciennes que Pierre Cuvelier put y créer la 20e compagnie FTP et la 22e compagnie des Milices patriotiques. Il avait été condamné par la Section spéciale de Douai le 8 juillet 1944 à dix ans de travaux forcés par contumace. À partir du 23 août, de nombreuses arrestations, une trentaine, concernant beaucoup de responsables, décimèrent le Front national. Le 25 août 1944, Pierre Cuvelier, de retour d’un parachutage, fut arrêté à l’écluse de la Folie à Bruay-sur-l’Escaut par des gardes wallonnes (rexistes belges) qui gardaient le site. Interné à la Kommandantur de Valenciennes, il a été fusillé le 29 août 1944 dans le bois des Quatorze entre Préseau et Saultain après deux jours de tortures. Il avait été condamné par la Section spéciale de Douai le 8 juillet 1944 à dix ans de travaux forcés par contumace.
Le beau-père de Pierre Cuvelier, Séraphin Bourse, né le 17 avril 1894, boutefeu à la fosse Sabatier de Raismes et FTP, fut arrêté le même jour que son gendre. Grâce à son métier, il lui fournissait de la dynamite. Déporté le 1er septembre 1944 à Orianenbourg puis à Buchenwald (Allemagne), il ne devait revenir à Bruay-sur-l’Escaut (Nord) que pour mourir le 31 mai 1945.
Sources

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. – J.-M. Fossier, Zone Interdite, op. cit. – Notes Jean-Pierre Besse.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Musée de la Résistance à Denain.

Odette Hardy-Hémery

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