Née le 11 avril 1918 à Javerdat (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; victime civile.

plaque famille Darthout - Georges, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Darthout - Georges, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Louise – dite Angèle était la fille de Joseph (né le 18 mars 1872, à Javerdat), et de son épouse Catherine née Grand (née le 25 décembre 1877 et décédé le 17 janvier 1940, à Javerdat), cultivateurs à Grandchamp, commune de Javerdat. Ses parents s’étaient mariés le 23 janvier 1906 à Javerdat.
Le 14 août 1943 à Javerdat, elle épousa Jean Marcel Darthout (né le 12 avril 1924, à Saint-Victurnien), fils de François Darthout et de son épouse Anne Lamaud*.
Le couple était domicilié à Oradour-sur-Glane.
Son époux, fut mitraillé dans la grange Laudy, blessé, il réussit à s’échapper.
« Marcel Darthout revenu à son domicile cherche à fuir ’’par les jardins en direction de la Glane. (…) Arrivé au bout du jardin, je me suis aperçu que les Allemands déployés en tirailleurs cernaient le bourg, ce qui m’ a obligé à revenir à la maison . Peu d’instants après, un Allemand est venu faire irruption dans notre cuisine. Il tenait un fusil à la main et, avec son canon, il nous a poussés dehors, ma femme, ma mère et moi sans ménagement. Dans la rue nous nous sommes joints aux voisins et tous ensemble nous avons été conduits au champ de Foire où il y avait déjà passablement d’habitants. D’autres sont arrivés, t peu à peu la place s’ est remplie.’’ »
« A 14 heures, je me trouve là, chez le coiffeur. Soudain nous voyons surgir des véhicules remplis de soldats allemands. Je décide alors de rentrer chez moi, et de m’y cacher. (…) Les femmes et les enfants sont dirigées vers l’église. Les hommes, eux, sont rassemblés en plusieurs groupes. Le groupe dont je fais partie est le dernier ; nous sommes soixante trois personnes dirigés vers la grange Laudy. Nous stationnons là, près d’une porte condamnée. En face de nous, à une quinzaine de mètres, des Allemands installent deux mitrailleuses légères, les arment, s’étendant près d’elles, et attendent... (…) Au bout d’un assez laps de temps, nous parvient comme une explosion ; un grand bruit ; un ordre ; et puis ça commence à tirer de partout ...Je suis alors un des tout premiers à ’’plonger’’ ; mais me voilà quand même blessé aux jambes. Étendu, j’attends. Tout le monde tombe sur moi. Puis tout cesse. Plus personne. Plus de bruit. Rien. Autour de moi, j’entends des gémissements, des râles. Les Allemands viennent, montent sur le ’’tas’’, et tirent des coups de fusils sur ceux qui bougent. (…) Après avoir considéré que tout le monde est mort, les Allemands nous recouvrent de paille et de fagots. Puis ils repartent. Le calme revient. (…) Des Allemands réapparaissent. Ils font feu sur nous … Je suis en chemise, elle brûle aussitôt ; puis ce sont mes autres vêtements ; puis mes cheveux. J’essaie de me déshabiller. (…) Et nous partons ; nous nous retrouvons à cinq. Nous nous réfugions au-dessus d’un coin de grange. Blessé aux jambes, je ne peux avancer. Les autres me saisissent, me poussent, me tirent vers le haut. On grimpe sur la barge ; et je retombe de l’autre coté. Nous voici tapis là-haut, sur cette barge. Nous ne bougeons pas . Soudain, arrivent deux Allemands. Sans bruit, nus nous recouvrons de paille de haricots. Un des soldats monte à la petite échelle, jusque vers notre cache. Il craque une allumette ; elle s’éteint. Il en craque une seconde ; ça marche : il allume une paille de haricots. Tout se met à flamber instantanément. Lui, il s’en va. Nous, face aux flammes, nous reculons. Nous, descendons. Maintenant, la grange entière brûle. Alors, nous nous glissons dans les étables à lapins adjacentes. Robert Hébras et moi, nous y parvenons les derniers. Il y a là de l’eau, pour que les lapins s’abreuvent ; elle est un peu ’’rouillée’’ ; mais qu’importe : j’en bois. Ensuite, nous sortons d’ici. Robert part dans la campagne. Moi, j’avance comme je peux : à plat ventre, debout, à quatre pattes, en rampant. Au passage, je vole même une serviette qui sèche. Je suis blessé, certes ; mais vivant. Je me réfugie dans une haie située à trente mètres environ du cimetière. J’ reste jusqu’à la nuit. Je peux alors m’échapper, à la faveur de l’obscurité. »

Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec sa belle-mère et l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
Louise George obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son époux, survivant de la Grange Laudy, témoignera au procès de Bordeaux en 1953. Il se remaria avec D. Testard. Il adhéra dès sa création en 1945 à l’association des Familles de Victimes d’Oradour-sur-Glane et se dévoua à cette cause en devenant rapidement l’un de membres les plus actifs du conseil d’administration. De 1946 à 1984, sa carrière professionnelle l’amena à quitter le Limousin pour Paris. Il contribua de maintes manières à porter témoignage des événements du 10 juin 1944 et à faire en sorte que le souvenir de ces atrocités empêches à jamais leur récidive. En 1984, il revient vivre dans son village natal, où il assumera dès 1985 la vice présidence de l’Association. Président de l’association des Familles de Martyrs d’Oradour-sur-Glane entre 1992 et 2000. Officier de la Légion d’honneur le 13 juillet 2009. Il décède le 4 octobre 2016 et sera inhumé à Oradour-sur-Glane.
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements. — Louys Riclafe et Henri Demay, Paroles de miraculés, témoignage de Marcel Darthout, éditions L’Harmattan (p76 à 78). — Jean-Jacques Fouché, Oradour, éditions Liona Levi, piccolo histoire (p136). — Dossier de presse de l’Élysée (septembre 2013).

Dominique Tantin, Isabel Val Viga

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