Née le 3 mars 1893 à Saint-Bonnet-de-Bellac (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; couturière, gantière ; victime civile.

Marie-Louise Mérigout
Marie-Louise Mérigout
crédit : Robert Hébras
maison Hébras, Oradour-sur-Glane
maison Hébras, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
maison Hébras, Oradour-sur-Glane
maison Hébras, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Lieu de supplice Grange Laudy, Oradour-sur-Glane
Lieu de supplice Grange Laudy, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Hébras, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Hébras, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Marie-Louise Mérigout était la fille de Jean (né le 17 juillet 1867, à La Croix-sur-Gartempe et décédé le 12 octobre 1913, à Saint-Barbant), et de son épouse Marie-Louise née Bouéroux (née le 15 mai 1872, à Darnac et décédée le 22 juillet 1942, à Bussière-Poitevine), cultivateurs. Ses parents s’étaient mariés le 25 février 1891 à Saint-Sornin-la-Marche.
Elle était la deuxième d’une fratrie de onze enfants, Antoine Émile (né le 13 décembre 1891, à Saint-Bonnet-de-Bellac) époux d’Hortense Jeanne Joyeux, Catherine Marceline (née le 25 mars 1895 et décédée le 23 août 1899, à Saint-Bonnet-de-Bellac), Alix Julie (née le 21 septembre 1896 et décédée le 19 août 1899, à Saint-Bonnet-de-Bellac), Pierre Fernand (né le 11 avril 1899, à Saint-Bonnet-de-Bellac) époux de Renée Léontine Durand, les jumeaux Gustave Baptiste (né le 1er octobre 1901, à Darnac) époux de Marie Mélanie Compain, Émile Alfred (né le 1er octobre 1901, à Darnac), Jeanne Maria Adelaide (née le 1er novembre 1903, à Darnac) épouse de Charles François Martin, Henri René (né le 14 juin 1905, à Darnac) époux de Marie Rigaud, Camille Marcel (né le 10 juin 1908, à Darnac) époux de Marcelle Bernadette Poirier, Adrienne Marie (née le 18 mai 1910, à Saint-Barbant) épouse de Germain Gaston Birebeau.
« (...) Après leur mariage, elle et mon grand-père s’installèrent comme fermiers. De cette union naquirent treize enfants, ma mère était l’aînée des filles. Son mari mourut tragiquement, écrasé par la charrette qu’il conduisait. Restée veuve elle continua à exploiter la ferme avec les aînés de ses enfants et quelques domestiques. Mon père y fut embauché. C’est là qu’il fut séduit par celle qui deviendrait ma mère et qu’il épousa au retour de la guerre. Ce ne fut pas sans difficultés car ma grand-mère accepta mal cette alliance, son gendre n’étant qu’un simple valet. »
Jean Hébras en 1911 était domicilié à Saint-Barbant, il était domestique cultivateur pour la famille Mérigout.
Le 11 décembre 1920 à Bussière-Poitevine elle épousa Jean Hébras (né le 28 février 1881, à Luchapt, Vienne). Il effectua son service militaire de 1902 à 1905 dans le 60e RI, puis fut mobilisé en septembre 1914 dans le 138e RI. Blessé en Champagne en septembre 1915, fait prisonnier le 15 décembre 1916 et interné à Giessen, il fut rapatrié sanitaire le 6 août 1918.
Le couple résida successivement à Saint-Barbant, puis à Bussière-Poitevine et enfin, à partir d’avril 1925, à Oradour-sur-Glane où Jean Hébras exerçait la profession de monteur-électricien. De cette union naquirent quatre enfants, Juliette Odette (née le 18 mai 1919, à Saint-Barbant, Haute-Vienne) épouse de François Foussat, Georgette* (née le 20 janvier 1922, à Bussière-Poitevine), Robert (né le 29 juin 1925, à Oradour-sur-Glane), et Denise* (née le 20 février 1935, à Oradour-sur-Glane).
La famille Hébras était domiciliée au Bourg d’Oradour-sur-Glane.
Son époux, échappa au massacre, le 10 juin 1944, il était parti conduire des vaches avec la famille Georges à Saint-Victurnien où il y avait une réquisition de bétail par les Allemands.
Son fils fut conduit à la grange Laudy, blessé, il réussit à s’échapper. Il fut l’un des cinq rescapés de la grange Laudy.
« (Jean Hébras) Il était venu vivre à Oradour-sur-Glane lorsqu’on lui avait proposé de prendre la direction d’une des équipes chargées de l’entretien de la ligne électrique du tramway. (…) En 1925, suite à l’affectation de mon père, ce fut le déménagement pour Oradour. Jean s’y était rendu quelques semaines auparavant afin de trouver un logement pour eux et leurs deux filles, Odette et Georgette*. Après avoir visité quelques maisonnettes, il avait finalement arrêté son choix sur l’appartement de Mr Chalard*, le chef d’équipe qu’il remplaçait, ce dernier ayant été muté à Limoges pour occuper une fonction plus importante. (…) C’est dans cet appartement que je vis le jour, le lundi 29 juin 1925, très précisément à treize heures. Ma venue obligea ma famille à se mettre en quête d’un logement plus spacieux, destinés à nous accueillir puisque nous étions désormais cinq. Mes parents louèrent alors une maison à la sortie du Bourg pendant quelques mois, près du café de Mme Dagoury* et, finalement, se fixèrent dans un logement agréable de la rue principale, à l’embranchement de la route de Saint-Junien. (…) Un couloir séparait en deux la maison où nous habitons. A droite vivait Mme Marguerite Desroches* et, au premier étage, Mme Compain (décédée avant le drame) la mère de l’unique pâtissier d’Oradour. Quant à nous, nous occupions toute la partie gauche. Au rez-de-chaussée, se tenait la salle à manger éclairée par une large baie vitrée, côté rue. Cette pièce avait été une épicerie. La cuisine donnait dans le jardin. A l’emplacement de la cheminée murée, trônait majestueusement une cuisinière à bois, qui, l’hiver faisait office de chauffage. Un petit évier, taillé à même la pierre, permettait à ma mère et mes sœurs de laver la vaisselle. Pare contre, nous devions sortir dans le jardin pour prendre l’eau à la pompe. Une table en bois rectangulaire, des chaises et un buffet constituaient le mobilier de la cuisine. Dans la salle à manger, une très belle horloge comtoise égrenait sans cesse le temps de son tic-tac régulier et semblait veiller sur le haut buffet et la table. Près de la fenêtre, la machine à coudre permettait à ma mère de faire du travail à façon pour le compte des marchands de tissus Jean* et François* Dupic. Au fond du couloir, un escalier desservait le premier étage où nous avions deux chambres. L’une était réservée à mes deux sœurs, l’autre était celle que je partageais avec mes parents. Lorsque Mme Compain, notre voisine, décéda, papa loua sa pièce et m’y installa. »
« Robert Hébras était employé dans un garage à Limoges (…) au moment où je pars, mon chef d’atelier me dit : ’’Robert, tu as entendu ce qui s’est passé ? Rentre chez toi, on verra plus tard, on attend que ça passe et on te fera signe !’’ (…) Normalement je n’aurais jamais dû être à Oradour ce 10 juin. (…) Les deux autochenilles se sont arrêtées en haut du village, des SS ont sauté des véhicules qui sont redescendus dans les rues. Lorsqu’ils sont repassés devant chez moi, ma mère et ma sœur sont sorties elles aussi. C’est alors que nous avons vu deux SS qui descendaient des deux cotés de la rue, et faisaient sortir tous les habitants de leurs maisons pour les rassembler. (…) Tout le village s’est retrouvé sur le champ de foire que des hommes armés encerclaient. (…) On était là, debout, avec les mitrailleuses braquées sur nous. Je suis allé embrasser Denise*, ma petite sœur. Elle n’avait que neuf ans et j’avais senti qu’elle avait peur. Elle était là, avec les élèves de l’école de filles et l’institutrice, qui consolait de son mieux tous ces enfants. (…) J’essayais d’apercevoir ma mère et ma sœur qui partaient. Lorsque je réussis à les voir dans la foule, elles me regardaient. Je sentais que ma mère avait peur : elle était beaucoup plus inquiète pour mon sort que pour le sien. (…) Dans mon groupe, nous étions entre cinquante et soixante. Ils nous ont dirigés vers la grange Laudy dans laquelle nous sommes entrés. (...) Nous, nous discutions de choses et d’autres, assis dans la paille. A un moment l’un d’entre eux a fait le tour de notre groupe et nous a demandé de nous lever. Dès qu’il est revenu à l’entrée de la grange une détonation a retenti dans le village : c’est le signal. On commença de fusiller les hommes dans les granges. Ils faisaient feu sur nous et tout le monde est tombé. (…) Après la fusillade, je me souviens que j’étais couché par terre avec le bras sur la tête, j’ai certainement voulu me protéger inconsciemment. De nombreux corps étaient au dessus de moi, j’ai rapidement ressenti un liquide chaud qui coulait sur moi : je me suis rendu compte que c’était du sang... si j’ai survécu, c’est parce que mes malheureux compagnons me firent, en mourant, un rempart de leurs corps. (…) Nous étions recouverts de foin, de fagots. (…) j’ai entendu un bruit de bottes. Les Waffen-SS revenaient. Ils ont mis le feu à l’entrée de la grange, et les flammes ont progressé lentement avant de m’atteindre. (…) Je suis revenu sur mes pas, je suis allé dans une grange voisine, par une autre porte qui était en face de moi. (…) je me suis caché dans une étable à cochons. (…) Tout est allé très vite ensuite, nous sommes passés d’une range à l’autre, d’un clapier à un autre. (…) J’ai donc quitté Marcel, traversé la place en courant le plus vite possible pour rejoindre l’enclos (…) Une fois que j’ai réussi et que je me suis rendu compte que les Allemands n’étaient plus là, j’ai fait des signes à Marcel pour qu’il comprenne que la voie était libre. (…) J’ai pensé aller chez ma sœur Odette : elle habitait à quelques kilomètres d’Oradour, sur la commune de Veyrac, au village de Pouyol. J’étais persuadé de retrouver là-bas, mes deux sœurs et ma mère que je n’avais pas revues depuis la veille, ainsi que mon père qui aurait eu l’idée d’aller chez elle. Notre maison avait brûlé, nous n’avions plus rien. Au alentours de 20h30, mon père a donc décidé de faire un saut jusqu’à Oradour à vélo, il s’est approché de l’église et a vu des corps calcinés qui brûlaient encore. (…) Mon père m’a amené à Oradour le samedi suivant … Là, j’ai réalisé ce qui s’était passé. Pendant le massacre, je n’avais rien vu : je n’avais pensé qu’à me sauver. »
Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec ses filles Georgette et Denise et l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
Marie Mérigout obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son époux et son fils, seront des habitants du village procisoire.
Juliette Odette, la fille aînée, s’était mariée et habitait le village de Pouyol, à Veyrac, elle décède le 2 octobre 2006 à Veyrac.
Son fils Robert, est entré dans le maquis fin juin début juillet 1944, il à rallié le groupe de Fromental, sur la commune de Cieux, puis au 63e régiment d’infanterie comme mécanicien. Démobilisé en septembre 1945, il est revenu à Oradour-sur-Glane. Il sera témoin au procès de Bordeaux en 1953 et de Berlin en 1983. Il ouvrit un garage dans le nouvel Oradour.
Son époux décède le 16 mai 1975 à Saint-Junien, il sera inhumé à Oradour-sur-Glane près de sa famille.
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements, registre de matricule militaire. — André Desourteaux et Robert Hébras, Oradour-sur-Glane, Notre Village assassiné, éditons CMD (p7 à 13). — Robert Hébras avec Laurent Borderie, Avant que ma voix ne s’éteigne, éditions Elytel (p47, 61 à 81).

Dominique Tantin, Isabel Val Viga

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