Né le 25 mai 1920 à Melun (Seine-et-Marne), exécuté sans jugement le 20 août 1944 à Saint-Genis-Laval (Rhône) ; sous-officier de carrière ; résistant, FFC et FFI.

À Saint-Genis-Laval
À Saint-Genis-Laval
Sur le monument aux morts </br>de Mourmelon-le-Grand
Sur le monument aux morts
de Mourmelon-le-Grand
Dans la salle des professeurs</br> du lycée Pierre Bayen à Châlons-en-Champagne
Dans la salle des professeurs
du lycée Pierre Bayen à Châlons-en-Champagne
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Pierre Malin était le fils d’Henry Marie Joseph Nicolas Malin, dont la famille était originaire de Castries (Hérault), employé des Régions libérées, et de Germaine Duquesnoy, sans profession. Célibataire, il était domicilié chez ses parents à Mourmelon-le-Grand (Marne). Après avoir effectué ses études secondaires au lycée Pierre Bayen de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne), il avait passé en octobre 1938 le concours d’élèves-pilotes de carrière de l’Armée de l’Air, et avait été admis à l’école civile de pilotage d’Ambérieu (Ambérieu-en-Bugey, Ain).

Affecté en 1940 sur une base en Algérie avec le grade de sergent, il prit contact avec la France libre dès l’été 1940 et tenta en vain par trois fois de rejoindre la métropole en avion. Il sabota le matériel destiné aux Allemands et des véhicules-radio des camps de Blida et d’Oran et signalait au poste de Gibraltar les départs d’avions qui allaient bombarder les convois alliés. Traduit devant le Conseil supérieur de l’Air, il fut cassé de son grade et transféré à Marseille où il il fut détenu au fort Saint-Nicolas. Il s’en évada en sautant dans la mer avec un officier britannique. Revenu à Ambérieu en août 1942, il prit contact avec un groupe appartenant à Libération-Sud. Ne parvenant pas à passer en Suisse d’où il pensait pouvoir gagner l’Angleterre, il rejoignit le maquis en Haute-Savoie.
En février 1943, il devint l’adjoint de Berger, responsable régional du Service de la propagande-diffusion de Libération à Lyon, qui fut intégré en décembre 1943 au Mouvement de Libération nationale (MLN). Son pseudonyme dans la Résistance était « Milan », et son nom de boîte aux lettres « Max Paulin chez Madame Mouche 15, rue Aimé Collomb ». Il organisa l’impression et la diffusion de plusieurs journaux clandestins de la région lyonnaise. En décembre 1943, il organisa des Groupes francs de propagande et participa à de nombreuses actions de sabotage, d’enlèvements de matériel, de récupération d’armes, d’attaques de miliciens et de destruction des magasins de propagande allemande.

Selon Bruno Permezel, Pierre Malin a été arrêté sur dénonciation le 9 juin 1944 place Puvis de Chavannes à Lyon par des policiers allemands et des miliciens, en même temps que quatre autres membres des Groupes francs du Ve Bureau de l’Armée secrète, Gaston Gorce, Georges Curial (déporté rentré), Victor Bonora et Roger Zannelli.
Conduit au Fort Montluc, Pierre Milan y a été incarcéré et affreusement torturé.
Le 20 août 1944 à l’aube, quelques jours avant la libération de Lyon, il a fait partie des cent vingt prisonniers qui ont été extraits de la prison de Montluc par des soldats allemands et des auxiliaires français de la Gestapo et conduits en camions au fort de la Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval, où ils ont été massacrés dans la maison des gardiens qui fut incendiée.

Dans sa réponse datée du 1er décembre 1944 à une demande de renseignements émanant d’Henry Malin, sans nouvelles de son fils, le secrétaire général pour la Police à Lyon fait état d’« un dossier au nom de Malin de Castries alias Maubert lieutenant ou sergent aviateur, domicilié à Saint-Etienne […] arrêté le 9 juin à Lyon dans une rafle effectuée par la Gestapo place Puvis de Chavannes et emprisonné au Fort-Montluc dans le bâtiment dénommé Atelier ou encore Magasin ».
En février 1945, le père de Pierre Malin a réussi à obtenir des informations venant d’une personne domiciliée à Lyon qui lui a déclaré que le corps de son fils aurait été reconnu, mais sans aucune certitude, par Anne-Marie Nioguet, camarade de Pierre Malin au sein de la Résistance, parmi les victimes du massacre de Saint-Genis-Laval dont les corps ont été examinés par le professeur Mazel.
Le 14 septembre 1945, Henry Malin a reconnu formellement les prélèvements effectués par le service régional d’identité judiciaire et la Croix Rouge sur le corps numéro 69, comme appartenant à son fils Pierre.

L’acte de décès dressé en mairie de Saint-Genis-Laval sous le n° 175 comme étant celui d’un inconnu décédé le 20 août 1944 au fort de Côte-Lorette, a été rectifié sous l’identité de Pierre Malin en vertu d’un jugement rendu par le tribunal civil de Lyon (Rhône) le 9 octobre 1945 et transcrit à Saint-Genis-Laval le 31 octobre 1945.

Pierre Malin a été reconnu « Mort pour la France ». Il a été homologué à titre posthume FFC au titre du réseau Oscar avec le grade de sous-lieutenant, et FFI au titre de la 8e Région militaire (Armée de Terre) avec le grade de capitaine, « pour prendre rang du 1er juin 1944 ». Le titre d’Interné-résistant lui a été attribué, ainsi que la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 3 janvier 1946 publié au JO du 13 janvier 1946. Il a été élevé au grade de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur par décret du 7 novembre 1958, publié au JO le 3 décembre 1958.
À Saint-Genis-Laval, une plaque apposée sur le lieu du massacre, aujourd’hui Caveau des martyrs du fort de Côte-Lorette, porte l’inscription :
« Capitaine Pierre Malin
dit Milan
des Groupes francs
Mort pour la France
25.5.1920 - 20.8.1944 »

Dans la Marne, son nom est inscrit sur le monument aux morts de Mourmelon-le-Grand et sur le tableau d’honneur conservé dans la salle des professeurs du lycée Pierre Bayen à Châlons-en-Champagne.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, RG 16 P 387096 (NC). – Informations communiquées par Jean-Marie Gillet : BNF, Gallica 1939 A71, JO du 14 mars 1939 et du 14 mai 1944 ; Arch. nat., Pierrefitte, 19800035/623/1332 ; Arch. départ. Rhône, 3335W22 et 333W13, Service régional de Police judiciaire de Lyon ; accès au dossier numérisé de Pierre Malin. – Comité d’histoire de la 2e guerre mondiale, Liste des fusillés dans la Marne. – " Pierre Malin (Milan) ", Lyon libre, 1er novembre 1944, in Une ville dans la guerre, Lyon 1939-1945 - Les collections du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (collectif), Fage Éditions, 2012. – Raymond Leculier, À Montluc prisonnier de la Gestapo-Souvenirs de Raymond Leculier 25 novembre 1943-25 août 1944, éditions Cartier, Lyon, 1944. – Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours:2824 engagements, éditions BGA Permezel, Lyon, 2003. – René Chevailler, Gaëlle Marignan, Bruno Permezel, René Perrin Les Groupes francs Libération-sud Ve Bureau de l’Armée secrète-Une résistance lyonnaise en armes, éditions BGA Permezel, Lyon, 2004. – État-civil, Melun (acte de naissance) ; Saint-Genis-Laval (jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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