Né le 2 février 1897 à Paris (XVe arr.), fusillé le 27 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ingénieur à Saint-Sébastien-sur-Loire, puis à la mairie de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; militant socialiste SFIO de Loire-Inférieure ; résistant.

Fils de Charles Daniel, ingénieur (École centrale), Maurice Daniel était le petit-fils du communard Émile Eudes ; sa mère, Blanche Eudes, était née en Angleterre, en exil. En 1920, il se maria avec sa cousine Germaine, Gabrielle Farjat, née en 1899 à Paris. La sœur de Gabrielle Farjat, Louise Garnier, avait comme marraine Louise Michel. Le père et l’oncle de Gabrielle Farjat, tous les deux tisseurs, étaient également des militants socialistes de renom. Son père, Adrien Farjat, publiciste, était un militant blanquiste lyonnais, alors que son oncle, Gabriel Farjat, avait rejoint le Parti ouvrier français (POF) guesdiste de Lyon (Rhône). Le passé révolutionnaire de ses ancêtres et de ceux de sa femme a profondément marqué Maurice Daniel et explique sans doute en partie ses choix politiques.
Après l’école primaire, Maurice Daniel entra en 1913, à l’âge de seize ans, à l’École des arts et métiers de Paris. La guerre arrivée, il interrompit ses études pour s’engager dans l’armée. Ayant obtenu le grade d’officier d’artillerie, il rejoignit l’aviation de guerre et combattit dans une escadrille d’aviation de reconnaissance. La guerre terminée, il reprit ses études à l’École des arts et métiers et obtint le diplôme d’ingénieur.
En 1923, il quitta l’Aisne, où ses parents s’étaient installés et où il avait fondé une famille, pour rejoindre la Loire-Inférieure (Loire-Atlantique), où il occupa le poste de directeur de l’usine de Produits réfractaires de Saint-Sébastien jusqu’à la fermeture de l’entreprise, quelques années plus tard. Il occupa ensuite un poste d’ingénieur aux services techniques de la ville de Nantes.
Adhérent du Parti socialiste SFIO, il était l’archiviste de la fédération de Loire-Inférieure en 1938. En novembre 1937, il fut le candidat de son parti aux élections aux conseils d’arrondissement pour le quatrième canton de Nantes et fut élu en remplacement d’Alexandre Fourny, lui-même élu conseiller général. Il avait également des responsabilités associatives. Élevé dans la tradition laïque la plus pure, il fut vice-président de l’Amicale laïque de Saint-Sébastien à partir de 1930 et vice-président de la Fédération des amicales laïques (FAL) de Loire-Inférieure (Loire-Atlantique).
Mobilisé dès les premiers jours de la guerre, il regagna son poste de lieutenant de l’armée de l’air. Démobilisé peu après l’armistice, il revint à Nantes. Il s’engagea dès lors dans la Résistance. À ce titre, il faisait partie du réseau Georges-France 31 (Libération-Nord) dont s’occupait Alexandre Fourny, qui comportait beaucoup d’ingénieurs et qui était chargé de communiquer toutes sortes de renseignements aux forces alliées et de préparer techniquement un éventuel débarquement. Maurice Daniel avait comme tâche de renseigner les Alliés sur tous les points stratégiques de la région de Nantes et de Saint-Sébastien, et notamment sur le camp d’aviation de Château-Bougon. Le réseau fut démantelé et Maurice Daniel fut arrêté chez lui, tôt le matin, le 16 mai 1942.
Incarcéré à Fresnes, il fut condamné à mort et exécuté dans l’après-midi du 27 novembre 1942 au Mont-Valérien. L’ouvrage de Serge Klarsfeld et Léon Tsévéry, cité en source, le présente indûment comme infirmier.
Il était le père d’un fils, Jean Daniel, né en 1922, militant socialiste lui aussi, et d’une fille, Renée Daniel, née en 1923.
Il avait été décoré, en 1938, chevalier de la Légion d’honneur et avait obtenu la Croix de guerre avec trois citations, dont deux à l’Ordre de l’Armée et une à l’Ordre de la Brigade. Une rue de Saint-Sébastien et une rue de Nantes portent son nom.
L’abbé Stock, aumônier allemand écrivit :
« 16 exécutions. Visite à Fresnes, où appris que 16 exécutions prévues pour l’après-midi.
Darrtichon Alexandre ; Gontier Pierre ; Ross René ; Netter Jean ; Vinçon ; Chevaux ; Huet Pierre ; Leblond Charles ; Camus René ; Roussel Ernest ; Hugon A.Casimir ; Mascré ; Renard Maxime ; Massé Eugène.(...)
Daniel était athée, ainsi qu’il me le répéta souvent lors de mes visites. Pareil pour Chevaux, Vinçon et Huet. Au poteau toutefois, Daniel s’accrocha à moi, demanda à Dieu de pardonner ses péchés.
(...) L’’exécution eut lieu à 4 heures au Mont-Valérien. N’en suis parti qu’à 5h30. Arrivâmes au cimetière, tout était fermé. Nous finîmes par y entrer, avec des lanternes. Il faisait déjà nuit noire. Les 16 furent enterrés vers 7 heures environ. 47ème div. 2ème ligne. »
Maurice Daniel et Maxime Fournat appartenaient aussi à ce groupe de victimes.
Son corps repose au cimetière Saint-Jacques à Nantes. Une cérémonie intime a lieu chaque 27 novembre devant son tombeau.
Un des petits-fils de Maurice Daniel conteste la déclaration de l’aumônier allemand Stock, et demande quelle crédibilité accorder à un témoignage qui est en total décalage avec la vie du militant laïque et athée. Il est vrai que l’abbé était particulièrement insistant pour sauver des âmes. Son journal est un document historique utile mais qui surprend parfois certaines familles.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J. — A. Perraud-Charmantier (avec la coll. de Michel Perraud-Charmantier), La Guerre en Bretagne. Récits et Portraits, I, Nantes, Éd. Aux Portes du Large, 1947. – Robert Durand, Didier Guyvarc’h, François Macé et les « Amis de Saint-Sébastien », Du Village à la Cité-Jardin. Saint-Sébastien-sur-Loire depuis ses origines, Nantes, Éd. ACL, 1986. – Serge Klarsfeld, Léon Tesevery, Les 1 007 fusillés du Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs, FFDJF, mars 1995. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, fusillés et exécutés, Nantes, 2001. – Le Travailleur de l’Ouest, 1937. – Notice DBMOF, par Claude Geslin. – Entretien avec Jeanne Daniel, 15 juin 1999. – Notes Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier. — Abbé Stock, Journal de guerre, op. cit.— Note d’un petit-fils, juillet 2022.— MémorialGenweb, cliché photo.

Marie-Louise Gœrgen

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