Né le 15 septembre 1914 à Saint-Memmie (Marne), exécuté sommairement le 29 août 1944 à Couvonges (Meuse) ; cheminot ; résistant ; CDLL ; FFI).

Maurice Brochard
Maurice Brochard
SOURCE : L’Union
Dans le cimetière de l'Est </br> à Châlons-en-Champagne
Dans le cimetière de l’Est
à Châlons-en-Champagne
Sur le monument de Couvonges
Sur le monument de Couvonges
Sur le monument de Robert-Espagne
Sur le monument de Robert-Espagne
Sur le monument aux morts </br>de Châlons-en-Champagne
Sur le monument aux morts
de Châlons-en-Champagne
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Maurice Brochard était le fils de René Constantin Brochard, terrassier, et de Rose Marie Julienne Coché., sans profession. Il avait épousé Pierrette Louise Paulette Beilvert le 13 janvier 1940 à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne). Il avait été embauché au chemin de fer comme homme d’équipe à l’essai à Verdun le 13 novembre 1936, puis comme facteur mixte à Bazoches (Nièvre) en octobre 1938. En décembre 1943, il avait été affecté à la gare de Robert-Espagne (Meuse) où il était domicilié.

Il s’engagea dans la Résistance au sein du mouvement Ceux de la Libération (CDLL) et participa dans la Meuse à des opérations de récupération d’armes et de sabotages sur des voies ferrées à Neuville en mai 1944 et au tunnel de Badonvilliers en août 1944. Il était à la tête du groupe FFI (Forces françaises de l’intérieur) basé à la ferme de la Taille Jacquemin, à Beurey-sur-Saulx.

À la fin du mois d’août, alors que ses habitants attendaient la libération qu’ils sentaient toute proche, le petit village de Couvonges dans la Meuse connut des heures tragiques. Les sabotages effectués par la Résistance dans le secteur se multipliaient ainsi que les accrochages opposant des unités de la Wehrmacht battant en retraite devant l’avance des troupes américaines et des groupes de FFI (Forces françaises de l’intérieur) et FTPF (Francs-tireurs et partisans français).
À l’aube du 29 août 1944, des soldats allemands ont investi le village et en ont bloqué les issues en interdisant à la population de quitter la localité. Au cours de la matinée, ils raflèrent une vingtaine d’hommes. D’abord détenus dans une grange, ces hommes parmi lesquels se trouvait Maurice Brochard, venu sans doute de Robert-Espagne à Couvonges pour y effectuer une mission de récupération d’armes, ont été emmenés dans un pré à la sortie du village en direction de Beurey. Ils furent alignés sur deux rangs et abattus à la mitrailleuse. Les maisons, après avoir été fouillées, furent incendiées au moyen de plaques de phosphore. Ceux qui tentaient de s’enfuir ont été abattus, ou sont morts brûlés dans leurs maisons incendiées.
À Couvonges, sur les quarante-quatre hommes âgés de 17 à 85 ans que comptait le village, vingt-six furent fusillés, massacrés ou brûlés vifs à leur domicile.

Ce même jour, Maurice Brochard de Couvonges avec les hommes du village et exécuté avec eux à treize heures près de la gare, dans un pré à la sortie est du village.

On a longtemps cru que ce massacre avait été perpétré par des SS. L’historien Jean-Pierre Harbulot a établi qu’il s’agissait de soldats appartenant au 29e Régiment de Panzergrenadier, une « unité conventionnelle de l’armée régulière », autrement dit des « soldats ordinaires » de la Wehrmacht. Ce régiment faisait partie de la 3e Division de Panzergrenadier qui, après avoir combattu sur le front de l’Est en Russie, puis en Italie dans la région de Florence, a été ramené en Allemagne, rééquipé et renforcé, puis envoyé en France pour protéger la retraite de la Wehrmacht et ralentir l’avancée de la IIIe Armée américaine du général Patton.

Maurice Brochard est inhumé au cimetière de l’Est, à Châlons-en-Champagne (Marne).

En marge de son acte de décès dressé à Couvonges le 4 septembre 1944, une mention additive de mai 1949 le dit « adjudant des Forces françaises de l’intérieur » et « domicilié en dernier lieu à Robert-Espagne (Meuse) ».
Il a été reconnu « Mort pour la France » et a été homologué FFI au grade d’adjudant. Le titre d’Interné-résistant lui a été décerné à titre posthume en juillet 1956, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 26 juillet 1960 publié au JO le 20 août 1960.

Dans la Meuse, le nom de Maurice Brochard figure sur un monument élevé à Couvonges sur les lieux de son exécution, mais aussi à Robert-Espagne sur la liste du monument aux martyrs du 29 août 1944 et sur la plaque commémorative 1939-1945 apposée dans l’église.
Dans la Marne, son nom est inscrit sur la liste des « Victimes militaires de 1939-1945 » du monument aux morts de Châlons-en-Champagne.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen AC 21 P 34 308. – SHD, Vincennes, GR 16 P 92111 et 5E432, Enquête datée du 12 avril 1945 sur le massacre de la vallée de la Saulx . – <i<L’Union 15 août 1946 (photo). – Libération sanglante de quatre villages meusiens, 29 août 1944-29 août 1969, Imprimerie du Barrois, Bar-le-Duc, 1969. – Jean-Pierre Harbulot, " Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx et leurs suites judiciaires ", in Philippe Martin et Noëlle Cazin (dir.), Meuse en guerres, Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts, 2010..— Clément Gosselin et Thomas Fontaine dans Cheminots victimes de la répression 1940-1945 Mémorial, sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris 2017. – Mémorial Genweb. – État civil, Saint-Memmie (acte de naissance) ; Couvonges (acte de décès).

Jean-Louis Ponnavoy

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