Né le 19 décembre 1879 à Blond (Haute-Vienne), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; cultivateur ; victime civile.

Jean Lavergne était le fils de Jean (né le 10 novembre 1845, à Blond et décédé le 4 août 1922, à Cieux), cultivateur, et de son épouse Marie née Gauchoux (née le 24 août 1853, à Vaulry et décédée le 9 juillet 1916, à Blond), sans profession. Ses parents s’étaient mariés le 3 décembre 1872 à Blond.
Il avait une sœur aînée, Marie (née le 28 mars 1876, à Cieux) épouse de Jean Gueroux.
Le 12 décembre 1903 à Cieux, de retour du service militaire, il épousa Marie Montazeaud (née le 16 avril 1882, à Cieux), fille de François Pierre et Marguerite née Gervais, sœur d’Antoine Montazeaud* époux de Catherine Riffaud. De cette union naquit un garçon Antoine* (né le 3 septembre 1904, à Cieux) époux de Louise née Raynaud et parents de Gilbert Joseph*.
Ce couple de cultivateurs résida successivement à Cieux, puis Javerdat.
Mobilisé d’août 1914 à février 1919, Jean Lavergne fut cité à l’ordre du régiment le 21 décembre 1918 : « Au front dès le début de la campagne, a participé comme sapeur aux combats de l’Aisne en 1917 et 1918. S’est toujours bien comporté. » et il fut décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze.
Au recensement de 1936, la famille Lavergne est domiciliée à Theineix avec son fils, sa belle-fille et son petit-fils.
Son épouse et sa belle-fille échappèrent au massacre, habitant Theineix à Oradour-sur-Glane, hameau non raflé le 10 juin 1944.
« l’été dernier, Antoine Lavergne* est rentré d’Allemagne où il était prisonnier depuis 1940. Il a été libéré pour des raisons sanitaires et a retrouvé sa famille avec la joie que l’on imagine. Pour lui et les siens, c’était al fin d’une longue épreuve. Ce samedi, avec son père, Jean Lavergne*, et leur domestique Adrien Duvernet*, ils sarclent des plants de pommes de terre dans un champs entre Theineix et le Theil. Le beau-frère de Jean, Antoine Montazeau*, est avec eux à la ferme depuis le début de la semaine ; c’est un mutilé de guerre, qui a perdu un œil en 14-18. Son gendre, André Richard*, arrivé ce matin de Limoges par le tramway, est venu le rejoindre. Tous deux doivent repartir le soir par le même moyen. Les cinq hommes sont réunis dans le champ. Ils ont avec eux un attelage, bœuf et charrette, pour ramener du fourrage aux bestiaux. Habituellement, Louise Lavergne, la maîtresse de maison, participe aux travaux des champs, mais, aujourd’hui, elle est restée à la ferme pour préparer du savon et faire la lessive. On mange tard chez les Lavergne, mais il est plus de quatorze heures ; les hommes pensent au marendou (repas du midi) et s’apprêtent à partir. Soudain, des coups de feu claquent : c’est Jacques Boissou qui passe, à quelques centaines de mètres. Il court à toutes jambes, poursuivi par des SS avec une automitrailleuse. Brusquement, le véhicule, renonçant à poursuivre le jeune homme, se dirige vers eux. Les SS font monter les cinq hommes dans leur engin et les conduisent à Oradour où ils seront massacrés avec tous les autres. Ils en ont manqué un, ils en récupèrent cinq. Antoine et Louise ont un unique enfant, Gilbert*. Il a obtenu le Certificat d’études, mais il n’a pas encore quitté l’école, où il est responsable de la bibliothèque, et il vient de partir. Il doit aussi assister à la leçon de musique du professeur Tournier*. Sa maman lui a dit : ’’ il est temps, tu vas être en retard.’’ En route, Gilbert* rencontre une voisine. Il l’invite à monter sur le porte-bagages de son vélo, pour qu’il la conduise. La route est en pente, et il ne peine pas pour emmener sa passagère jusqu’à l’entrée d’Oradour, où il la dépose. Les deux jeunes gens ne se reverront plus. A la ferme, Louise et sa belle-mère ont préparé le repas et attendent l’arrivée des hommes. Après de longues minutes, les bœufs et leur attelage arrivent seuls. Un voisin aide Louise à dételer les animaux. Au comble de l’inquiétude, elle se rend au champ, où elle découvre les habits que les hommes avaient quittés pour travailler, mais aucune trace d’eux. Seuls les outils gisent à terre. »
Il fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich, mitraillé puis brûlé avec son fils et son beau-frère dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés. Son petit-fils fut brûlé dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
Jean Lavergne obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son épouse décède le 22 avril 1970 à Saint-Junien.
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements, registre de matricule militaire. — Albert Valade, Oradour, 10 juin 1944, la page de catéchisme, éditions de la Veytizou sarl (p59 à 61).

Dominique Tantin, Isabel Val Viga

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