Né le 17 décembre 1906 à Buerba (Espagne), exécuté sommairement le 10 juillet 1944 à Morlàas (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) ; militaire, maître maréchal-ferrant ; résistant membre du réseau Confrérie Notre-Dame-de-Castille (CND) et du Corps franc Pommiès (CFP), Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Fils de Michel Giral et de Maria Ceresuela, Ramon Giral, né espagnol, fut naturalisé français par un décret du 6 mars 1929. Aide maréchal-ferrant au 2ème régiment de hussards, il obtint en 1931, le brevet de maître maréchal. Nommé maréchal des logis chef en 1939, il fut affecté successivement au 19ème et 113ème régiment d’artillerie lourde.
Le 17 septembre 1932, il épousa Marie-Louise Loze, coiffeuse. Parents de deux enfants, le couple résidait à Vic en Bigorre (Hautes-Pyrénées).
Après la défaite, Ramon Giral, alias Forge, prit la décision de poursuivre la lutte et s’engagea dans la résistance. Il intégra le réseau de renseignements CND Castille en janvier 1942 après avoir été contacté par Jean Fleuret alias Espadon, chef de la « Confrérie Notre-Dame » à Bordeaux. Il assurait alors la liaison entre la zone libre et Bordeaux. En Juin 1942, il prit la direction du poste de Tarbes et fut chargé d’assurer les liaisons entre ces régions et Clermont-Ferrand, où se trouvait la centrale du chef de réseau. Il fournit de nombreux renseignements sur les troupes allemandes, le trafic ferroviaire et les fortifications de tout le Sud-Ouest. Enfin, il fut chargé d’assurer la protection des agents et courriers du réseau qui passaient la frontière espagnole.
En juin 1943, il rallia, ensuite le corps franc Pommiès en tant que chef de section à la section de protection et de destructions Dejoie du groupement Sud-Ouest du Corps Franc Pommiès. Il assurait l’instruction des hommes de sa section. Particulièrement courageux, il prit part à de nombreuses opérations de sabotages et parachutages : le 26 mai 1944, il participa avec son camarade Raymond Roumignières, au sabotage de la voie ferrée Auch-Tarbes. Un train transportant du matériel allemand dérailla, le matériel fut détruit. On dénombra 9 tués ou blessés.
Le 7 juin 1944, il prit part au combat de Castelvielh au cours duquel les maquisards tentèrent de piéger et d’abattre un groupe d’Allemands. Ceux-ci très supérieurs en nombre, anéantirent le groupe de maquisards.
En juillet 1944, il se trouvait dans la ferme Cassagnau à Higuères-Souye avec la section de protection et de destructions et le poste de commandement du groupement Sud-Ouest du Corps Franc Pommiès.
Le 10 juillet, à 4h00 du matin, un important détachement allemand lourdement armé et parfaitement renseigné, encercla et isola le village et la ferme. Le combat n’étant pas envisageable compte tenu de la disproportion des forces, certains maquisards tentèrent de s’enfuir ou de se cacher. D’autres préférèrent prendre les armes et se battre. Cinq hommes trouvèrent la mort sur le champ de bataille et douze hommes dont Ramon Giral furent faits prisonniers. Les Allemands les firent monter dans des camions direction Pau. Albert Albert tenta de s’échapper du camion. Mais il fut rattrapé et abattu avec ses autres camarades à Morlaàs, en bordure de la route départementale. Les corps atrocement mutilés furent découverts deux jours après. Ramon Giral fut identifié deux jours plus tard grâce à la description établie par les gendarmes de Morlaas : taille 1,72m environ, âgé de 40-45 ans, cheveux grisonnants, incisive médiane gauche aurifiée. Vêtu blouson de toile marron à fermeture éclair, pantalon drap kaki, leggins et brodequins noirs. Portait une alliance or et un baudrier de gendarme comme ceinture. A été trouvé porteur d’un carnet de poche avec adresse suivante (imprimée sur la couverture) Grande pharmacie centrale, 16 rue Curaterie, Nîmes. Plusieurs inscriptions se trouvent à l’intérieur de ce carnet, entre autres deux adresses a) Mme Aynard, 49 Sully, Nîmes, b) chef chefferie du génie n°3 rue Plaa, Pau et l’inventaire du paquetage rendu par le M.D.L. chef Giral le 12 décembre 1942. 1 boîte à plumes contenant des saccharines, 1 mouchoir avec initiale R, 1 peigne aluminium avec étui cuir, 1 glace de poche derrière doré. Les corps des dix maquisards furent exposés dans l’église du village de Morlàas.
L’exposé des motifs ainsi que le texte proposé pour l’attribution de la Croix de guerre à l’ordre du corps d’armée et de la Médaille de la Résistance, indique : « Sous-officier d’un courage exemplaire, a assuré à la frontière espagnole des liaisons extrêmement dangereuses ; les a toutes accomplies avec un courage remarquable. A réussi en de nombreuses circonstances à assurer le passage de nos hommes en Espagne, ainsi que des documents d’une extrême importance. Toujours volontaire pour les missions les plus dangereuses, a été tué le 10 juillet 1944 après avoir réussi à détruire les documents qu’il transportait. »
Cité à l’ordre du corps d’armée à titre posthume, Ramon Giral fut homologué dans le grade de sous-lieutenant par décret du 1946 et obtint la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur le mémorial du CFP à Castelnau-Magnoac, sur le monument aux morts de Vic-en-Bigorre, sur la plaque commémorative située dans l’église de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées) et sur celle située sur la façade du centre multimédia de Vic-en-Bigorre. Enfin, une stèle élevée au lieu-dit "La Clairière de Berlanne", à deux kilomètres au sud-ouest de Morlaàs, rappelle son souvenir ainsi que celui de ses camarades.
Sources

SOURCES : SHD-AVCC, Caen, AC 194951 et , SHD Vincennes GR16P 257060, GR28P 4 46 761. — Archives de Tarbes. — MémorialGenWeb – Mémoire des Hommes. — CERONI, Marcel. Corps Franc Pommiès. Tome 1-2, La lutte ouverte, Amicale du Franc Pommiès, 2007. — Base de données du réseau de résistance de la confrérie Notre-Dame (CND-Castille). — Archives de l’Association « Les Basses Pyrénées dans la Seconde Guerre Mondiale ».

Audrey Galicy

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