Né le 10 décembre 1897 à Verneugheol (Puy-de-Dôme), exécuté sommairement par les Allemands le 15 juillet 1944 à Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme) ; combattant 1914-1918 ; instituteur à Bourg-Lastic ; sédentaire aux Mouvements unis de la Résistance (MUR) à Bourg-Lastic ; chef de section des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Plaque dans une salle du collège de Bourg Lastic
Fils de Louis, garde forestier et Marie Laurent, ménagère, Louis Beaulaton était encore étudiant et tout juste âgé de 18 ans lorsqu’il fut mobilisé pour la guerre contre l’Allemagne comme soldat de 2ème classe dans l’infanterie. Il combattit sur le front français durant presque trois ans de janvier 1916 jusqu’à l’armistice, et notamment à Verdun en 1916. Il fut démobilisé en octobre 1919, période où il s’établit à Bourg-Lastic, probablement pour y prendre son premier poste dans l’enseignement. Il épousa Marie Boutouyrie en premières noces en avril 1920 à Clermont-Ferrand. Le livret militaire de Louis Beaulaton indique qu’il élit domicile au Mont-Dore (Puy-de-Dôme) à partir de janvier 1922 : il est possible qu’un nouveau poste d’instituteur lui fut proposé dans cette localité à compter de cette date. Il revint de nouveau habiter et enseigner à Bourg-Lastic à la rentrée scolaire de 1928. Divorcé, il épousa Laurette Rose François le 2 juin 1936 à Saint-André-de-Sangonis (Hérault) laquelle était à l’époque directrice d’école maternelle. Ils eurent un fils, Jacques, né en 1937.
En raison de problèmes de santé chroniques, peut-être contractés lorsqu’il était au front de 1916 à 1918, il ne fut pas mobilisé en septembre 1939 et son statut d’« affecté spécial » lui permit d’être maintenu comme instituteur à Bourg-Lastic au déclenchement de la guerre entre la France et l’Allemagne.
Après la défaite française de 1940, alors que la plupart des anciens combattants de la guerre 1914-1918 du canton de Bourg-Lastic avaient pris leur carte de la Légion Française des Combattants, manifestant ainsi leur soutien implicite au Maréchal Pétain, Louis Beaulaton resta à l’écart. Il marqua même son opposition au nouveau régime par des actes individuels de propagande anti-vichyste et anti-légionnaire. Nul doute que ses idées trouvèrent écho auprès de celles de Maurice Piedpremier, instituteur et directeur du cours complémentaire de Bourg-Lastic et qu’il côtoyait ainsi tous les jours au collège. En 1942, Maurice Piedpremier était en effet chargé, en lien avec le docteur « Willy » (Léon Wilhem) Mabrut alias « le tonton », de former l’équivalent d’une compagnie de sédentaires armés et instruits à Bourg-Lastic. Elle finit par atteindre un effectif proche de 100 au printemps 1944. En janvier 1943, Louis Beaulaton, dont le pseudo était Loulou, prit la responsabilité d’un groupe (ou section) d’une trentaine de sédentaires au sein de cette compagnie.
Le 15 mai 1944, Louis Beaulaton se rendit avec tous les sédentaires et maquisards du secteur de Bourg-Lastic et de Messeix, localité voisine, au réduit de Saint-Genès-Champespe dans le sud-ouest du Puy-de-Dôme en réponse à l’appel de l’état-major des FFI d’Auvergne et dans la perspective de combats ouverts avec les armées allemandes. Il fut nommé chef de section.
Le « maquis de Saint-Genès » avait, selon le témoignage de Willy Mabrut, rassemblé 5000 maquisards en quelques semaines venus de toute l’Auvergne, un chiffre sans doute supérieur à la réalité des effectifs disponibles. Le maquis fut toutefois dispersé à partir de mi-juin sans avoir été confronté à l’ennemi. En effet, les combats du Mont-Mouchet venaient de causer des pertes importantes dans les rangs des FFI auvergnats. Le réduit de Saint-Genès-Champespe apparaissait alors bien vulnérable du fait de sa situation en terrain découvert et de la moitié de ses effectifs pas ou trop peu armés. Louis Beaulaton regagna alors le secteur de Bourg-Lastic maintenu dans ses responsabilités de chef de section au sein de la 2ème compagnie de la zone 3 des FFI d’Auvergne, laquelle était chargée de harceler les convois allemands circulant sur la RN89. La compagnie s’installa dans des baraques du camp militaire de Bourg-Lastic à quelques kilomètres du centre du village.
Des éléments motorisés de la Wehrmacht (brigade Jesser) bouclèrent Bourg-Lastic le dimanche 9 juillet 1944 vers 20h00. Aussitôt ils chargèrent le maire de Bourg-Lastic, Pierre Chassagny, de faire rassembler la population masculine sur la place du village. A l’issue, ils enfermèrent plus de quarante otages dans la salle du conseil municipal de la mairie dont Louis Beaulaton et son chef dans la Résistance comme au collège, Maurice Piedpremier. Louis Beaulaton venait plus précisément d’être arrêté près de la mairie par la colonne allemande alors qu’elle investissait le village et qu’il marchait en compagnie de son épouse en direction de leur domicile, imaginant probablement qu’il ne courrait aucun danger.
L’arrivée de troupes de répression allemandes à Bourg-Lastic était une conséquence directe de l’embuscade menée le vendredi 7 juillet contre un convoi de ravitaillement du 95ème régiment de sécurité, composé d’une petite trentaine de soldats allemands se rendant de Clermont-Ferrand à Ussel, leur ville de garnison. Cette attaque, opérée par des résistants corréziens et auvergnats dont des membres des 2ème et 3ème compagnies de la zone 3, s’était déroulée à cinq kilomètres à l’ouest de Bourg-Lastic dans les gorges de la rivière Chavanon matérialisant la limite des départements de la Corrèze et du Puy-de-Dôme. Le bilan de l’attaque fut très lourd pour l’ennemi : 22 (ou 23) soldats tués, des prisonniers, des véhicules et le ravitaillement du convoi récupérés par les assaillants.
Sans que la participation de Louis Beaulaton à cette attaque soit exclue, aucune source n’a à ce jour permis de l’établir.
Les enquêtes et arrestations opérées par les troupes allemandes dans le but d’établir la participation « d’éléments réfractaires » à l’embuscade du 7 juillet se déroulèrent du lundi 10 au jeudi soir 13 juillet à Bourg-Lastic et Messeix essentiellement. Les interrogatoires et le tri des otages furent menés à la mairie de Bourg-Lastic par des membres du Sicherheitsdienst à partir du 10 juillet, dont Martin Hector, de nationalité allemande. Le milieu enseignant de Bourg-Lastic et Messeix fut particulièrement exposé lors de ces enquêtes. En effet, outre l’arrestation de Piedpremier et Beaulaton, un autre instituteur de Bourg-Lastic, Flahou fut recherché par les troupes allemandes occupant Bourg-Lastic, sans succès. Par ailleurs, Mesdames Pabiot et Jaubert, institutrices à Messeix, et dont le mari respectif appartenait à la Résistance, furent également arrêtées puis relâchées, la seconde n’ayant pas avoué ses activités clandestines. En revanche, l’épouse de Louis Beaulaton, Laurette, également institutrice à Bourg-Lastic, ne fut pas inquiétée. Louis Beaulaton fut gardé comme otage à la mairie du 9 au 15 juillet 1944.
Selon le témoignage de Robert Gayton publié dans le « MUR d’Auvergne » en janvier 1949, Louis Beaulaton fut sur le point d’être relâché après son incarcération en la mairie de Bourg-Lastic, aucun lien entre lui et la Résistance n’ayant pu être établi. Mais lors d’un nouvel examen de sa carte d’identité portant la mention « instituteur », Martin Hector se ravisa.
Louis Beaulaton fut fusillé le dimanche 15 juillet au camp militaire de Bourg-Lastic entre six et sept heures du matin avec 22 autres otages dont la plupart étaient Résistants. Il avait 46 ans.
Louis Pierre Beaulaton a été déclaré mort pour la France. Il a reçu la médaille de la Résistance à titre posthume. Il a été homologué à compter du 1er juin 1944 comme FFI au grade de sergent par arrêté du 12/02/1948 publié le 24/02/1948 au Journal Officiel et a reçu le titre d’Interné Résistant pour la période du 9 au 15 juillet 1944 par décision du Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre du 5 octobre 1953. Il avait auparavant reçu le titre d’Interné politique.
Son nom est inscrit sur une pierre du monument érigé en hommage aux otages fusillés en 1945 au camp militaire de Bourg-Lastic, sur le monument aux morts de Bourg-Lastic, ainsi que sur le monument commémoratif de l’ancienne École Normale de Chamalières (Puy-de-Dôme). Une plaque commémorative a été réalisée en son honneur après-guerre, portant la mention « classe Louis Beaulaton instituteur fusillé par les Allemands le 15 juillet 1944 ». Elle est aujourd’hui toujours visible au collège Willy Mabrut de Bourg-Lastic.
Sources

Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 41559 : dossier d’homologation FFI pour Louis Beaulaton.— AVCC Caen, AC 21 P 704913 : dossier victime de guerre pour Louis Beaulaton .— AVCC Caen, AC 21 P 310624, dossier civil mort pour la France pour Louis Beaulaton (nc). — MémorialGenweb .— Article de Robert Gayton publié dans le « MUR d’Auvergne » de janvier 1949. — Les institutrices et les Instituteurs du Puy-de-Dôme en hommage à leurs Collègues “Morts pour la France” : Guerre de 1939-1945, 8 p. — Renseignements complémentaires de Mme Imbaud . — Etat civil.

Laurent Battut

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