Né le 20 novembre 1912 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; exécuté par les Allemands le 16 juin 1944 à Saint-Didier-de-Formans (Ain) ; étalagiste dans un grand magasin ; syndicaliste et militant communiste marseillais ; cadre des Francs Tireurs et partisans (FTP).

Francis Davso, parfois prénommé François, selon certains documents officiels, naquit à Marseille le 20 novembre 1912, et non en 1916, comme il est dit dans les extraits des registres des délibérations du conseil municipal de Marseille (séance du 19 juillet 1945). Son père Stanislas, d’origine lithuanienne, était né à Kovno, alors ville dépendant de l’Empire russe, le 12 juin 1893. Émigré en France il y épousa Marie-Madeleine Deluy, née en 1885 dont il eut deux fils. Il acquit la nationalité française et on peut retrouver son nom sur les listes électorales de Marseille entre 1931 et 1935, mais pas avant ni après ces dates. Stanislas Davso exerçait le métier de boulanger mais en qualité d’ouvrier plutôt que de patron, d’après les adresses professionnelles indiquées, d’abord dans la banlieue de Saint-Loup où l’on trouve des Deluy habitant ce quartier, puis dans le faubourg très ouvrier de Saint-Mauront en 1935.
Il semble qu’à cette époque il ait vécu séparé de sa famille, puisqu’au recensement de 1936, sa femme est mentionnée comme chef de famille, sans profession, vivant seule avec ses deux fils, rue Brochier, sous son nom de jeune fille.
Francis Davso, quant à lui, travaillait comme étalagiste au grand magasin des Dames de France, rue Saint-Ferréol, au centre ville. Il demeurait rue du Commandant-Imhaus, avec sa mère et son frère et était célibataire. Il adhéra au Parti communiste en 1936 et milita activement à la CGT dont il devint secrétaire adjoint du syndicat des Dames de France, ce qui ne manqua pas de le faire repérer de l’encadrement du magasin. Mobilisé en 1939, démobilisé en juillet 1940, il renoua avec le parti communiste clandestin reconstitué sous la direction de Raymond Latarget* fin 1940. Avec Charles François, il fut chargé au début 1941 du secteur Sud de la ville en remplacement d’Adolphe Pollastrini*. Il fut arrêté avec plusieurs autres militants le 29 juillet 1941, sérieusement passé à tabac par l’équipe du commissaire Rispoli qui disposait de renseignements fournis par le chef du service spécial des Dames de France, un militant du Parti social français que l’on retrouvera plus tard dans la Milice. Emprisonné à la prison Chave, puis, le 1er octobre, au Bas-Fort Saint-Nicolas et transporté le 17 décembre suivant sur le Providence en rade de Marseille, Francis Davso bénéficia du soutien de camarades de travail qui firent parvenir une pétition, le 24 novembre 1941. Son chef étalagiste, ex-délégué du personnel, écrivit à son avocat qu’il était victime des « assertions lancées par certaines personnes travaillant aux Dames France », ce qui visait le chef du service spécial des Dames de France, futur milicien, particulièrement hostile aux syndicalistes. Davso fut acquitté par le tribunal militaire de la XVe Région devant lequel il passa du 26 au 28 novembre 1941, en compagnie de dix-huit autres militants dont Jean Crespo, militant du quartier Vauban avant la guerre, dont le parcours fut parallèle. Davso, comme Crespo et plusieurs autres inculpés furent acquittés, mais, tombant sous le coup d’un coup d’un arrêté d’internement signé le 20 décembre 1941, ils furent conduits le 18 décembre à l’hôtel de police (l’Évêché) de Marseille, puis sur le bateau Providence et, dès le lendemain, embarqué gare Saint-Charles pour le camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) où le groupe arriva le 20. Le Marseillais Paul Susini, rédacteur à L’Effort et Au Travail, intervint, le 5 décembre 1941, auprès du commissaire divisionnaire Oswald en sa faveur, affirmant qu’il n’était pas communiste et qu’il l’avait toujours considéré comme membre de sa mouvance Syndicats, favorable à l’indépendance syndicale. Mais le commissaire divisionnaire donna un avis défavorable à sa libération, le 29 mai 1942. Francis Davso fit partie du contingent d’internés affectés à la Todt afin de travailler aux fortifications allemandes de la côte Atlantique. Avec plus de 74 ou 77 autres détenus, il put s’évader du train qui les conduisait à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 24 mars 1943 (et non le 12 juillet comme Crespo). Revenu à Marseille, il resta caché, d’après sa mère, deux mois chez elle, puis aurait rejoint les maquis FTP, d’abord dans le Luberon (Vaucluse), ce qui est possible, puis dans les Alpes-Maritimes, ce qui est peu probable puisqu’il n’y en avait pas. Plus probablement, il fut affecté à l’appareil militaire de ce département, à moins que, comme d’autres maquisards du Luberon, il rejoignit le maquis des Maures dans le Var. Comme Crespo qui lui avait été envoyé dans le Var comme cadre militaire après son évasion en juillet, il fut envoyé ensuite comme cadre FTP à Lyon (d’où son assimilation au grade de capitaine). Il y fut arrêté le 1er mai 1944. Emprisonné au Fort Montluc, torturé, il fut mitraillé avec une trentaine d’autres captifs le 16 juin 1944 à Saint-Didier-de-Formans, dans l’Ain. Jean Crespo, qui faisait partie de la même fournée, fut laissé pour mort et reprit plus tard la lutte au sein des FTPF. On l’appelait le « ressuscité » ou « le fusillé de la Saint-Didier ». Il était né en 1916. Il a été témoin du drame.
D’après les pièces d’état civil initiales, puis rectifiées et complétées ultérieurement, on possède le signalement de Francis Davso au jour de son exécution.
Après la Libération, par une délibération du 23 juillet 1945, le nom d’une des plus vieilles rues de Marseille, la rue de la Darse, dans le 1er arrondissement, fut modifié pour devenir la rue Francis Davso, mort pour la France. Une plaque évoque sa mémoire sur la façade postérieure de l’Opéra de Marseille, avec la mention de son grade de capitaine FTPF. Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 2 septembre 1959. Son nom figure sur la stèle aux morts de la Résistance des Bouches-du-Rhône au carré militaire du cimetière Saint-Pierre à Marseille.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 5 W 178 (dossier d’internement), 55 W 127, 76 W 111 et 157 (rapport du 15 janvier 1941). — Mémoire des Hommes SHD Caen DAVCC 21 P 113466 et AC 21 P 629693, Vincennes GR 16 P 160992 (nc). — Arch. Com. Marseille ; recensement de 1936, listes électorales de 1931 à 1939. — Rouge-Midi, 28 octobre 1944 (nécrologie du militant par Jean Crespo, et photo), 31 octobre (article sur Crespo et photo), 1er novembre 1944. — Indicateur Marseillais, 1931 à 1935. — État civil de Marseille.

Antoine Olivesi et Jean-Marie Guillon

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