Né le 12 février 1909 à Harnes (Pas-de-Calais), blessé à Ronchin (Nord), mort le 23 septembre 1942 à la prison d’Arras (Pas-de-Calais) ; mineur ; militant communiste ; résistant.

Charles Debarge
Charles Debarge
Ancien mineur de Courrières, Charles Debarge fut avant la Seconde Guerre mondiale (1935) un simple militant local du Parti communiste, correspondant de l’Enchaîné et de l’Humanité dans sa commune natale. Mais son nom connut une gloire nationale à la Libération : Charles Debarge, héros et martyr de la résistance communiste. Resté fidèle au Parti communiste après la signature du pacte germano-soviétique, il fut mobilisé en septembre 1939 puis regagna son foyer en avril 1940 en tant qu’affecté spécial (soldat détaché de son unité et affecté dans une usine de guerre).Recherché à partir de juin 1941, en raison de son rôle pendant la grande grève des mineurs du Pas-de-Calais, Charles Debarge participa à la constitution des premiers groupes FTP du Bassin minier. Arrêté le 6 août 1941 par la Feldgendarmerie, il parvint à s’évader du centre d’otages de Lille où il avait été transféré avant d’être interrogé. Sa tête mise à prix pour 100 000 francs, il évita plusieurs fois l’arrestation grâce à ses qualités athlétiques. Ses camarades des premiers jours Alfred Delattre, André Lefèvre et Marcel Delfy ont été fusillés à Arras le 8 septembre 1941.En 1942, après un séjour à Paris, il fut chargé par la direction clandestine du PCF du Pas-de-Calais de mettre sur pied un plan de sabotage d’ampleur dans les deux départements du Nord. Adjoint de Jules Dumont comme responsable militaire des FTP du Nord et du Pas-de-Calais avec Julien Hapiot, Charles Debarge fit alors preuve d’un courage exceptionnel, allant jusqu’à la témérité ; c’est ainsi qu’il tenta une attaque contre la centrale de Loos-lès-Lille, où étaient détenus sa femme Raymonde et de nombreux résistants, le 12 janvier 1942. Avec une vingtaine d’hommes, très jeunes pour la plupart, de l’Organisation spéciale, il multiplia les actions (sabotages de voies ferrées,et de pylônes électriques,attaques de mairies et de dépôts d’explosifs notamment) dans le bassin minier, entre Lens et Douai. À Lens, au pont Césarine, le 11 avril 1942, il abattit une sentinelle allemande. Mais, en septembre 1942, il fut grièvement blessé au cours d’un échange de coups de feu avec les hommes de la Geheime Feldpolizei (police secrète allemande) à Ronchin dans la banlieue de Lille. Il mourut quelques heures plus tard, à la prison d’Arras, où il avait été transféré, le 23 septembre 1942, sans qu’il ait repris connaissance.
À la Libération, Charles Debarge devint un des martyrs locaux du Parti communiste français, puis il accéda à une gloire nationale posthume ; il apparaît dans les Communistes d’Aragon -qui le place au même rang que Vercingétorix et Du Guesclin- et, en 1951, les Éditions sociales publièrent Les Carnets de Charles Debarge. Le livre est fondé sur un document authentique, rédigé au cours de l’été 1942 -il n’y a en réalité qu’un seul carnet - , dont le texte a fait l’objet d’une importante réécriture, confiée à une journaliste de L’Humanité et ancienne résistante, Madeleine Riffaud. Le texte véritable est un document exceptionnel qui évoque les actions quotidiennes d’une poignée d’hommes traqués, et qui constitue une sorte de testament rédigé par Charles Debarge, en son nom propre et en celui de ses camarades tués au combat, pour « une France libérée et communiste ».
Son nom est gravé sur le monument commémoratif 1939-1945 (91 morts) d’Harnes où une rue porte son nom ainsi que dans les fossés de la citadelle d’ Arras, devenus mémorial des fusillés.
Il était père de deux filles.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. – Lettres de Fusillés, op. cit. – J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit. – Madeleine Riffaud, Les Carnets de Charles Debarge, Paris, 1951.— Roger Pannequin, Ami, si tu tombes Éd. Sagittaire, 1976. — MémorialGenweb.

Yves Le Maner

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