Les 27 et 28 août 1944 des troupes allemandes en retraite perpétrèrent, à Ligueil en Indre-et-Loire, au sud-ouest de Loches, des exécutions de résistants et un massacre de civils (toute une famille) faisant au total huit victimes.

Dans la deuxième quinzaine du mois d’août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Confrontées à l’impossibilité de remonter par l’axe traditionnel de la RN 10 au-delà de Tours, du fait de l’avancée rapide des troupes anglo-américaines (les premiers détachements de la IIIème armée du général Patton parvinrent à Tours le 15 août), les colonnes allemandes tentèrent à partir de Poitiers, de Nantes et d’Angers de marcher vers l’est, utilisant les axes secondaires au sud de la Loire, et circulant de jour comme de nuit pour échapper aux attaques de l’aviation alliée et au harcèlement des forces FFI. Le passage par le seuil du Poitou et à travers les départements de l’Indre et de l’Indre-et-Loire devint fin août un enjeu stratégique essentiel et les combats se multiplièrent dans le secteur.
Le secteur de Ligueil, entre Descartes et Loches fut ainsi traversé successivement par le groupement Wurzer puis à l’extrême fin du mois d’août par la colonne Elster. Les maquis locaux d’Epernon et Césarion harcelèrent en permanence ces convois. Lors d’une de ces confrontations, le 27 août 1944 à Ligueil, une unité allemande fit prisonniers trois résistants appartenant au maquis Césario, Roger Fontenas, Raymond Fouques et René Michenet. Ils furent aussitôt exécutés sommairement. Le même jour, dans la soirée, les soldats allemands contrôlèrent et arrêtèrent un résistant du maquis d’Epernon, Albert Praud, qui cherchait à rejoindre son domicile pour rendre visite à sa famille. Trouvé en possession de matériel militaire anglais, il fut conduit à son domicile, sa femme fut contrainte sous la violence de reconnaître qu’elle avait connaissance de l’appartenance de son mari au maquis. Au matin du 28 août, les soldats allemands fusillèrent devant sa maison Albert Praud et massacrèrent sa femme et ses trois enfants âgés de 11, 14 et 15 ans. A titre de justification, le commandement allemand fit publier le communiqué suivant : « Hier soir, le 27 août 1944, à 21 h 30, a été trouvé le nommé Praud Albert, qui se trouve depuis le 24 juillet dans la ville de Ligueil sans travail fixe. Après avoir visité ses poches, il a été trouvé les capsules de grenades explosives à main Spreng Kapseler, de marque anglaise. Après avoir demandé la provenance de ces explosifs, la réponse était qu’il les avait trouvés sur la route. Après un interrogatoire serré, il a avoué que depuis le 15 août il faisait partie du maquis qui se tient dans la forêt de Paulmy. Il dit ne pas avoir revu sa femme depuis cette date, mais l’interrogatoire de la femme nous donna le résultat que son mari était revenu et lui a dit qu’il faisait partie du maquis. Les enfants aussi étaient au courant de l’activité de leur père vu que dès leur arrestation ils ont dit : “ C’est à cause de papa que l’on vient nous chercher ”. Donc il est clair que toute la famille a reconnu être des espions et ont été fusillés comme tels ».
Après la guerre, une rue de Ligueil reçut le nom de rue des martyrs, et deux plaques commémoratives, une en souvenir des trois résistants exécutés, et une en souvenir de la famille Praud y furent installées. Elles sont encore aujourd’hui l’objet de cérémonies mémorielles.
Liste des victimes :
FONTENAS Roger résistant
FOUQUES Raymond résistant
MICHENET René résistant
PRAUD Albert résistant
PRAUD Angelina née BRUNET victime civile
PRAUD Marcelle victime civile
PRAUD Daniel victime civile
PRAUD Yannick victime civile
Sources

SOURCES : DVD AERI Indre-et-Loire — Site Wikipedia, article sur la colonne Elster —Journal La Nouvelle République, Août 1944 : le massacre de la famille Praud 26 août 2014 et 27 août 2018 — Mémorial genweb.

Michel Thébault

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