Née le 20 août 1911 à Strasbourg (Bas-Rhin), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; bonne ; victime civile.

plaque des réfugiés Alsaciens, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque des réfugiés Alsaciens, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Odile Neumeyer était la fille d’Émile (né le 27 mai 1877, à Kaysersberg, Haut-Rhin), journalier, et de son épouse Marie Thérèse née Kempf (née le 20 août 1883, à Erlenbach, Bas-Rhin), repasseuse. Ses parents s’étaient mariés le 27 juillet 1907 à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin).
Elle était la troisième d’une fratrie de quatre enfants, Gabriel Anton (né le 23 avril 1908, Strasbourg), Marie Louise Émilie (née le 1er novembre 1921, à Schiltigheim), Émile François Xavier* (né le 5 janvier 1923, à Schiltigheim).
En septembre 1939, les habitants de Schiltigheim, une commune de la banlieue de Strasbourg, furent évacués en Haute-Vienne, et, pour certains, à Oradour-sur-Glane. La grande majorité regagna l’Alsace après l’armistice, alors que cette région, ainsi que la Moselle, étaient annexées de facto par le Reich. Odile Neumeyer refusa de rentrer dans une province soumise à la nazification, à l’instar d’Émile Neumeyer*.
« Dès notre arrivée à Oradour-sur-Glane, nous avons été très bien accueillis. Avec mes parents, mon frère et ma sœur, nous logions dans un immeuble neuf près de l’église, en face u presbytère. Puis, lorsque de nouveaux réfugiés sont arrivés du Nord de la France, le curé Chapelle, un homme seul et âgé avec qui nous avions sympathisé, nous à proposé de nous installer chez lui, au presbytère, pour céder notre logement à des Parisiens. Au moment du rapatriement vers Schiltigheim en 1940, ma sœur Odile* est restée à Oradour comme aide au prêtre et mon jeune frère, Émile, est entré à l’école des Pères du Saint Esprit à Cellule dans le Puy de Dôme. On se disait qu’au moins, ils serraient tous les deux. De temps en temps, mon frère rendait visite à ma sœur. Il se trouvait à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944... A Schiltigheim, des rumeurs circulaient. Mais nous n’avons jamais reçu d’information officielle. C’est par mon autre frère, séminariste à Blotzheim, que nous avons appris al nouvelle, par l’intermédiaire de la communauté des Pères du Saint Esprit (…). »
Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Son frère fut mitraillé puis brûlé dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Odile Neumeyer obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane, et inscrit sur deux stèles de la ville de Schiltigheim. Tragique coïncidence, certains des Waffen-SS (treize enrôlés de force et un volontaire) présents à Oradour-sur-Glane étaient originaires de cette commune.
Son père décède le 14 mars 1960 et sa mère le 7 mars 1970, à Wangenbourg-Engenthal (Bas-Rhin).
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil d’Alsace, actes de naissances, mariages, décès. — Dossier Cérémonie du 8 mai 2008, Schiltigheim, témoignage de Marie-Louise Neumeyer.

Dominique Tantin, Isabel Val Viga

Version imprimable