Né le 23 décembre 1920 à Strasbourg (Bas-Rhin), exécuté sommairement par des maquisards FTPF le 1er juin 1944 à Naillat (Creuse) ; employé à la Coopérative des consommateurs de Strasbourg ; résistant FTPF.

Alfred Rossdeutsch était le fils d’Émile Rossdeutsch et de Marie, Mélita Girardin. Au début des années 40, célibataire, il était domicilié 91, rue du Marais à Strasbourg – Bischeim où il exerçait la profession d’employé à la Coopérative des consommateurs de Strasbourg. En 1941, après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, il fut rapidement menacé d’un enrôlement de force dans la Wehrmacht et choisit de s’enfuir. Franchissant la ligne de démarcation, il vint se réfugier en zone libre à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne), au sud de Saint-Junien, où ses parents et un de ses oncles s’étaient réfugiés auparavant. Il travailla dans cette commune pour le compte d’un transporteur. Il s’engagea dans la Résistance en janvier 1944, rejoignant un maquis dans le nord de la Haute-Vienne, à Saint-Léger-Magnazeix. Un puissant maquis FTPF s’était établi, à la limite de la Creuse et de la Haute-Vienne, dans le secteur de La Souterraine. En mai 1943, les dirigeants du Parti communiste clandestin régional, avaient décidé d’organiser dans ce secteur des camps de réfractaires STO. Les maquis subissant des attaques des forces d’occupation durent se déplacer à plusieurs reprises. Jean Carrard « Lieutenant Armand » intégra à l’automne 1943 ce maquis FTPF dont il devint le chef. Très rapidement il fut envoyé fin 1943 à l’école des cadres FTPF installé en Dordogne. A son retour en janvier 1944 il devint responsable aux effectifs du maquis de la Souterraine. Alfred Rossdeutsch entra au maquis sous ses ordres. A la suite de d’évènements survenus en mars 1944 à Grand Bourg et à la Souterraine, le Comité militaire régional clandestin des FTP déplaça Jean Carrard, qui avait été reconnu, vers le secteur de Bourganeuf où il fut chargé de renforcer la 2103ème compagnie FTPF. Lors de son départ, il confia le commandement du maquis à Alfred Rossdeutsch. Un rapport de la Direction Générale de la Sûreté Nationale du 5 décembre 1954 (dossier AVCC) précise que le lieutenant Armand « lui avait confié le commandement du maquis de la Souterraine (lorsqu’il fut obligé de le quitter) avec la mission d’y rétablir la discipline et de faire cesser les nombreux pillages et exactions dont se rendaient coupables les membres du maquis ». Une attaque fut menée le 17 mai 1944 contre le maquis par des troupes du gouvernement de Vichy : gardes mobiles de réserve (GMR), Francs gardes de la Milice et policiers. Après un violent combat, le maquis fut vaincu ayant plusieurs morts et de nombreux prisonniers. Il semble que ce soit après ces événements que des maquisards FTPF du maquis firent remonter au Comité Régional FTPF de la Creuse, des accusations multiples de corruption et de trahison à l’encontre Alfred Rossdeutsch. La décision de l’exécuter fut prise lors d’une réunion tenue par le Comité Régional, fin mai 1944. Le même rapport de la Direction Générale de la Sûreté Nationale du 5 décembre 1954 (dossier AVCC, op. cit.) précise que : « les membres du comité, présents à cette réunion, s’ils sont d’accord pour reconnaître que Rossdeutsch était accusé, se contredisent en ce qui concerne la source des renseignements fournis sur son compte, et déclarent ignorer la personne qui fut chargée de transmettre cet ordre et d’en assurer l’exécution. Le procès-verbal de cette réunion n’a pu être retrouvé ». Le rapport indique enfin qu’Alfred Rossdeutsch « fut exécuté près du village des Ribières, commune de Naillat, en juin 1944, par le nommé Kaiser militaire FTPF » (Marcel Kaiser dit Bébert né à Paris en 1925). Son corps fut exhumé le 8 février 1950.
Il obtint la mention mort pour la France le 14 mars 1956 et fut homologué FFI. Son nom semble ne figurer sur aucun mémorial.
Après la guerre, la police judiciaire de Limoges arrêta quatre personnes dont Marcel Kaiser, sous le chef d’accusation « d’homicide volontaire, complicité, vol et complicité ». L’information fut ouverte en juin 1947. Le Tribunal militaire de Bordeaux saisi se déclara incompétent et le Tribunal civil de Guéret saisi à deux reprises prononça à chaque fois une ordonnance de non-lieu à l’encontre des maquisards accusés de l’exécution, l’exécution ayant « été ordonnée par un Comité Militaire qui paraît avoir été compétent, à l’époque pour prendre de telles décisions » et que « les faits étaient légitimés par les besoins de la Résistance ». En 1956, la commission délibérant pour l’attribution du titre Mort pour la France, après avoir fait réaliser une enquête par la Direction Générale de la Sûreté Nationale, estima à la lecture des différents rapports « d’une part que l’ensemble du dossier fait ressortir le patriotisme de M. Rossdeutsch, d’autre part que les différents chefs d’accusation portés contre lui ont été anéantis » et vota à l’unanimité pour l’attribution de la mention Mort pour la France. Les différentes enquêtes menées (son dossier AVCC est l’un des plus importants du service, 88 pages) concluent toutes à un règlement de comptes de maquisards mécontents de ses actions disciplinaires et « que les communistes, pour motiver son exécution, aient fait planer un doute sur ses sentiments nationaux, mais sans apporter de preuves sérieuses à l’appui » (dossier AVCC).
Sources

SOURCES : SHD Caen AVCC Cote AC 21 P 145508 — Mémoire des Hommes.

Michel Thébault

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