Né le 10 avril 1922 à Moulins (Allier), fusillé sommairement en représailles le 14 août 1944 à la carrière des Grises, commune de Prémilhat (Allier)é ; vannier ambulant ; membre de la communauté yéniche des Gens du Voyage ; victime civile.

Sépulture Montaigut-en-Combraille
Sépulture Montaigut-en-Combraille
Louise Springard
Louise Springard
Joseph Charles était le fils de Henri Charles alors âgé de 29 ans (né à Moulins, le 2 mai 1892) vannier ambulant et de Rosalie Schatz âgée de 33 ans (née à Poitiers, Vienne, le 7 avril 1889), domiciliés à Moulins. Ses parents s’étaient mariés à Roanne (Loire) le 30 décembre 1912. Il était membre de la communauté yéniche des Gens du Voyage ; le commissaire de police qui en 1945 rédigea le rapport concernant le crime de guerre de Prémilhat et établit la liste des victimes l’y désigne comme « romanichel » (AD 63 op. cit.). La communauté yéniche est un groupe semi-nomade installé principalement dans les pays de langue germanique, mais un groupe relativement important arrivé en France peut-être au début du XIXe. siècle était dans les années 1930 – 1940 présent dans une zone allant de l’Aube au Gard et particulièrement en Auvergne. Ils étaient professionnellement spécialisés dans les activités de vannerie et de mercerie.
Joseph Charles exerçait comme son père le métier de vannier. Après avoir été domicilié à Auriac-l’Église (Cantal) il était en 1942 domicilié toujours dans le département du Cantal, à Molèdes (plus précisément au hameau de Fournial) vivant avec son père, sa mère étant décédée. Il épousa dans cette commune le 23 août 1942 Louise Springard, vannière ambulante. Cette dernière née le 10 octobre 1916 à Moulins (Allier) était la fille de Jean, Bergman Dieu Springard domicilié à Montaigut-en-Combraille (Puy-de-Dôme) et d’Eugénie Buch décédée. Une fille Antoinette était née de leur union le 29 avril 1942 à Saint-Flour (Cantal). La famille fut internée au camp de Saliers-Camargue (Bouches-du-Rhône), camp créé par le régime de Vichy et ouvert le 15 juin 1942 pour regrouper les populations « gitanes » et « nomades » de la zone sud. Les premiers convois arrivèrent en novembre, les populations internées vivant dans une situation d’hébergement, d’alimentation et de santé déplorable. Louise Springard (voir photographie issue manifestement des fiches du camp) et sa fille furent vraisemblablement séparées, la fiche d’Antoinette indiquant départ vers « la résidence des enfants » (au vu de la situation sanitaire, 227 enfants durent être “évacués”, enlevés à leur famille et confiés à des organismes divers).
 
Au début du mois d’août 1944 Joseph Charles, qui n’était donc pas alors interné, se trouvait avec un autre jeune Yéniche, âgé de 19 ans, Georges Schartier, également vannier, à Montaigut en Combraille (Puy-de-Dôme), la commune de domicile de son beau-père Jean Springard. Georges Schartier fils de Pétronille Springard, lui était apparenté (sa mère était une sœur aînée de Louise Springard).
Le début du mois d’août 1944 fut encore marqué par l’intensité des actions de répression de l’armée allemande contre la Résistance. Suite à des dénonciations, les autorités d’occupation organisèrent le 7 août 1944, une vaste opération de perquisitions et d’arrestations à Montaigut en Combraille (Puy-de-Dôme). Une unité de la Wehrmacht renforcée par la SIPO-SD investit le village, cernant en particulier la maison du maire, le docteur Michel, dénoncé pour son appartenance à la Résistance. Celui-ci parvint à s’enfuir mais une opération de ratissage, de perquisitions et de contrôle de la population aboutit à l’arrestation de 10 personnes dont Joseph Charles et Georges Schartier, conduites à Montluçon et incarcérées à la caserne Richemont. L’importance du préjugé raciste contre les populations des gens du voyage et la politique d’extermination menée par le régime nazi contre ces communautés permet sans doute de comprendre que deux jeunes Yéniches aient pu quasi automatiquement être arrêtés lors d’une rafle.
Le 14 août 1944, vers 5 heures du matin, Joseph Charles et Georges Schartier furent extraits avec 39 autres prisonniers de la caserne Richemont, dont trois autres personnes arrêtées à Montaigut-en-Combraille. Ils furent conduits en camion sur la route de Quinssaines jusqu’au lieu-dit Les Grises, sur la commune de Prémilhat (Allier). Ils furent fusillés, vraisemblablement en représailles aux multiples attentats et actes de sabotages accomplis dans le secteur de Montluçon dans les premiers jours d’août 1944. Les corps furent jetés dans des fosses creusées à l’avance et couverts de chaux vive. Les corps de Joseph Charles et Georges Schartier furent ensuite inhumés dans le cimetière de Montaigut-en-Combraille.
 
Son nom est inscrit sur la stèle commémorative de Prémilhat (Allier).
Sources

SOURCES : Archives départementales du Puy-de-Dôme, dossier des crimes de guerre, cote 908 W 79. — Renseignements fournis par la famille (actes d’état civil, renseignements divers et photographies). — Renseignements Patrick Bec, tirés en particulier des archives privées de Joseph Valet, aumônier des Tsiganes d’Auvergne. — Musée de la Résistance en Combrailles. — site internet Mémorial des nomades de France camp de Saliers. — Mémorial genweb.

Michel Thébault

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