Courtauly et Sonnac-sur-l’Hers (Aude), col de la Flotte, 27 juillet 1944
Le 27 juillet 1944, cinq hommes du maquis Vincent-Faïta des FTPF de l’Aude furent accrochés par une colonne allemande venu de Foix (Ariège) afin de liquider les maquis de la zone pré-pyrénéenne (Pays d’Olmes, Quercorb). Le maquis Vincent-Faïta était sur le point de quitter le Quercorb afin de s’établir plus à l’est dans les Corbières. Un combat inégal eut lieu au col de la Flotte. Trois maquisards y trouvèrent la mort ; deux autres capturés par les Allemands à proximité furent exécutés.
Col de la Flotte (Aude)
Sur les lieux du combat et de l’exécution, le monument commémoratif.
Cliché : André Balent, 30 juillet 2019
Col de la Flotte (Aude)
Monument commémoratif. Détail.
Cliché : André Balent, 30 juillet 2019.
Joseph Loupia alias « Blücher », militant communiste expérimenté, avait entrepris, dès l’été 1943, de regrouper dans les FTPF les jeunes réfractaires de la « haute vallée » de l’Aude, dans le secteur de Chalabre. Le maquis « Gabriel-Péri » avait vu le jour. Il a été scindé en deux groupes, le premier établi initialement ans le Donezan (Ariège), dans la vallée de l’Aude cependant, dans la commune de Mijanès ; l’autre, dans le Kercorb, dans le lsecteur de Courtauly–Sonnac-sur-l’Hers–Chalabre. Ces deux groupes se scindèrent en deux maquis distincts. Le premier — qui prit le nom de « Jean-Robert » le 14 octobre 1943 — quitta les rigueurs de la haute montagne (Mijanès) et se replia au nord d’Axat, au Bousquet (Aude), puis, en mai 1944, à Salvezines (Aude), à proximité des Pyrénées-Orientales (Voir : Meyer Victor qui, venant de l’Aveyron en prit la direction ; Melich Henri). Le second dirigé initialement par Loupia prit le nom de « Vincent-Faïta ». Il changeait constamment de cantonnement. Il fut commandé par Joseph Alcantara et André Riffaud, domiciliés respectivement à Limoux (Aude) et Carcassonne (Aude).
Implanté dans le Quercorb, sur les premiers versants de Pyrénées audoises, le maquis « Vincent-Faïta » finit par s’y stabiliser provisoirement à la ferme des Roudiès, dans la commune de Montjardin (Aude), à 5 kilomètres du village. Mais, après une attaque (23 mai 1944) d’Allemands amenés à pied d’œuvre par des miliciens (René Bach, l’interprète alsacien de la Sipo-SD de Carcassonne, tortionnaire redouté, était présent), le maquis « Faïta » fut sauvé grâce au jeune Auguste Cathala, de la ferme de Vinsous, qui, invité à conduire la colonne jusqu’à la ferme des Roudiès, préféra être torturé et périr d’une balle dans le dos. Le maquis se regroupa dans les environs de Courtauly (Aude), à la limite de l’Ariège. Les FTPF du maquis « Vincent-Faïta » donnèrent un coup de main aux guérilleros espagnols de la 5e brigade de l’AGE (Agrupación de guerrilleros españoles) aux prises avec les Allemands. Ils se signalèrent ainsi leur présence aux forces d’occupation.
Se sentant traqué dans le Quercorb, Alcantara et son adjoint Riffaud, prirent la décision de déplacer le maquis dans les Corbières. Un groupe de cinq FTPF de ce maquis quitta le cantonnement de Courtauly et se rendit en reconnaissance dans les Corbières, sur l’autre rive de l’Aude, dans la vallée de l’Orbieu. Ils prospectèrent d’abord le secteur de Villebazy (Aude), puis se dirigeaient plus vers l’est, à Mouthoumet (Aude). Mais les Allemands parcouraient cette partie des Corbières, à la recherche du maquis de Villebazy, de l’AS (le corps franc « Lorraine » commandé par Arnaud). Ils accrochèrent les cinq hommes sur le territoire de la commune de Lairière, tuant Alcantara et capturant Riffaud.
L’affrontement du col de la Flotte (27 juillet 1944 :
Le lendemain, le 27 juillet, à la recherche de « Vincent-Faïta », dans la région de Chalabre, trois cent Allemands avaient été dépêchés avec quinze camions depuis Foix (Ariège) afin d’accrocher et d’anéantir le maquis qui se trouvait encore dans le secteur avant de s’installer dans le nouveau cantonnement des Corbières. Un détachement du maquis avait prévu de dissimuler un camion à la ferme de Bordeneuve, dans le territoire de Sonnac-sur-l’Hers. Pendant le combat, trois maquisards (Louis Bages, André Laffon* et Paul Vernière) furent fauchés par une rafale de mitrailleuse au col de la Flotte (commune de Sonnac-sur-l’Hers), à proximité de la limite avec l’Ariège. Tomas Helmut, un Allemand ant-nazi, et Fernand Prédal, blessés, auraient réussi à gagner la ferme du Planquet à Courtauly (Aude), commune voisine de Sonnac. Ils y furent capturés par les Allemands. Julien Allaux (Allaux, 1986, op. cit., p. 179) explique qu’ils furent surpris alors qu’ils transportaient des courroies d’une batteuse sabotée. Reconnus comme membres du maquis recherché, ils furent exécutés d’une balle dans la nuque. Pour sa part, Serge Fournié (Site, op.cit.) indique que les deux maquisards tués d’une balle dans la tête à la ferme du Planquet, le furent avant les trois du col de la Flotte. Helmut et Prédal n’auraient donc pas participé au combat du col de la Flotte comme le laisse entendre l’article de La Dépêche du 27 septembre 2017 et l’inscription de la stèle du col de la Flotte. La version de Serge Fournié rejoint implicitement celle de Julien Allaux car on voit mal comment deux fuyards blessés, récemment arrivés à la hâte au Planquet, auraient pu manipuler des courroies de batteuse.
En ce qui concerne Bages, pour couvrir la retraite de ses hommes, à Sonnac-sur-l’Hers (Aude), il tint sa position de combat jusqu’à épuisement de ses munitions avant d’être tué. En 2017, Camille Bouissoux, ancien maquisard et dernier témoin des événements, présent à la cérémonie commémorative livra un récit de l’accrochage du 27 juillet 1944, repris par le correspondant de La Dépêche.
Le monument du col de la Flotte :
Ce monument à la limite des communes de Courtauly et de Sonnac-sur-l’Hers a été édifié après la fin de Seconde Guerre mondiale par les « Amis des FTPF de Limoux ». Les noms de Prédal et de Vernière sont orthographiés respectivement : « Prétal » et « Venières ». Situé dans un endroit reculé, sur le bord d’une route départementale peu fréquentée, il n’est guère entretenu (2019). Lors de l’anniversaire de l’affrontement du 27 juillet 1944, une cérémonie est célébrée à la mémoire des maquisards tués par les forces d’occupation.
BAGES Louis
HELMUT Thomas
LAFFON Thomas
PRÉDAL Fernand
VERNIÈRE Paul
SOURCES : Julien Allaux, La 2e Guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Le Sapin d’or, 1986, 254 p. [p. 179]. — Serge Fournié, « Maquis du Kercorb », site chalabremetaitconte.pagesperso-orange.fr, consulté le 18 août 2018. — Lucien Maury, La Résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité de l’histoire de la Résistance audoise, Carcassonne, 1980, 441 p. [pp. 255-256, p. 395]. — La Dépêche, édition de l’Aude, chronique de Sonnac-sur-l’Hers, 25 septembre 2017. — Site maquisftp-jean robert-faita.org consulté le 9 août 2018. — Site MemorialGenWeb consulté le 19 août 2018.
André Balent