Né le 19 août 1921 à Prunelli-di-Casacconi (Haute-Corse), mort en action le 1er août 1943 au Boulay, commune du Favril (Eure-et-Loir) ; auxiliaire des PTT, monteur en lignes téléphoniques ; résistant FTPF.

Fils aîné de Sel Antoine Mattei, cultivateur, et d’Hélène Julie Marie Mariotti, ménagère, François Roch Adrien Mattei était né à Prunelli-di-Casacconi (Haute-Corse) le 19 août 1921. Son père, appartenant à la classe 1912 et incorporé le 9 octobre 1913, avait participé à la campagne d’Allemagne (1914-1916) puis combattu dans l’armée d’Orient (1916-1919), blessé en Serbie par éclat d’obus à la main gauche (Médaille d’Orient), puis atteint de paludisme, dont il conservait des séquelles ; ayant quitté la Corse pour Annonay (Ardèche), il était entré aux PTT. Convoqué par la 50e section de télégraphie militaire pour une période d’exercices en 1923, il avait participé à l’occupation de la Ruhr puis de la Rhénanie (1924-1930), avant d’être remis à la disposition de l’administration des PTT à Chartres (Eure-et-Loir) le 12 juillet 1930. La famille, qui comprenait maintenant trois enfants, vint habiter Lucé, commune voisine de Chartres. Après l’école primaire, François Mattei fréquenta l’école primaire supérieure annexée au lycée Marceau de Chartres de 1936 à 1940. Suivant la voie de son père, il entra en 1940 dans les PTT comme auxiliaire, monteur en lignes téléphoniques.
Dès décembre 1940, il commença à diffuser de la propagande antinazie sur son lieu de travail, puis continua lorsqu’il fut placé en 1941 dans un camp de jeunesse. Envoyé par les Allemands à Saint-Nazaire, il ne rejoignit pas cette affectation et entra dans l’illégalité en mars 1942. Selon son père, il travailla alors clandestinement à Lucé comme monteur en TSF et rallia les Francs-Tireurs et Partisans Français du groupe Léger, section de l’Eure-et-Loir ; désigné pour gagner l’Angleterre par l’Espagne, il n’y parvint pas et rejoignit son groupe FTPF le 1er juillet 1942 en devenant sous-chef de groupe. Alias Charles, il organisa des groupes de combat en Eure-et-Loir (groupes Allard, Sampaix, Maugé), participa à des actions et coups de mains avec ses groupes ou en collaboration avec des camarades d’autres groupes. En voici quelques exemples : sabotages de lignes téléphoniques (Chartres ligne allemande 10 novembre 1942, Marsauceux 1er décembre 1942), attaque du camp de munitions de Bailleau-l’Évêque fin 1942, sabotage des pylônes de lignes à haute tension (Amilly en juillet 1943), de voies ferrées (pont dit de Soulaires à Jouy sur la ligne Paris-Brest 26-27 mai 1943, lieu-dit Raville à Chérisy sur la ligne Paris-Granville 29-30 juin 1943, Saint-Luperce sur la ligne Paris-Brest le 30 juillet 1943). Il fut nommé responsable de détachement avec grade de lieutenant par le comité régional militaire des FTPF siégeant à Chartres le 12 juin 1943. La multiplication des sabotages à l’été 1943 agaçait l’ennemi. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1943, parti en bicyclette pour saboter la voie ferrée Paris-Le Mans au pont de la Fonte près de Pontgouin, action préparée par Maurice Dumais, maire résistant FTPF de Saint-Luperce, le groupe de quatre résistants (Jean Briatte, André Laigneau, Jean-Yves Viaouët menés par François Mattei) fut repéré, un peu au-delà de 23 heures, en forêt de Montécot par des Allemands qui assuraient la garde autour du pavillon du rond point de Diane, où le Feldkommandant de Chartres se trouvait avec d’autres officiers. Un tir allemand de carabine à plomb blessa un premier résistant et confirma la gravité de la situation. François Mattei, se sentant poursuivi, se réfugia sous un pont, mais, aperçu par quelques Allemands, il résista courageusement et tira plusieurs coups de feu sur eux, tuant un Allemand ; finalement, il fut abattu au Boulay, non loin de la ferme de la Dunemérie. Si Briatte réussit à s’échapper, Viaouët et Langlois furent faits prisonniers ; la Sipo-SD s’intéressa à eux et commença à réagir violemment en les envoyant en camp de concentration ; Maurice Dumais, soucieux des vies humaines, comprit le danger de cet échec et s’éloigna temporairement de Saint-Luperce.
Le décès de François Mattei fut établi au 1er août à 3 heures du matin au hameau du Boulay, commune du Favril (Eure-et-Loir). La mention « Mort pour la France » fut portée sur son acte de décès le 20 novembre 1945. Il repose dans l’ancien cimetière de Lucé, rue Jules-Ferry, section D0007. La rue de Mainvilliers, où il habitait en dernier lieu avec sa famille à Lucé, porte le nom de « Rue François Mattei ». Son nom est inscrit sur le monument aux Morts de Lucé et sur celui des anciens élèves et personnels du Lycée Marceau de Chartres. Homologué FFI le 1er février 1946 pour la période du 10 octobre 1942 au 1er août 1943, grade de sous-lieutenant, rang du 1er juillet 1943. Cité à l’ordre de l’armée à titre posthume le 22 novembre 1946, Croix de guerre 39-45 avec palme. Médaille de la Résistance. Combattant Volontaire de la Résistance (posthume), décision ONACVG du 7 juillet 1955, carte n°012.792.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Eure-et-Loir, dossier de CVR, 1575 W 83 ; fiche fédération nationale déportés et internés, 27 J 2 ; archives Association anciens élèves du lycée Marceau de Chartres, 59 J 51 ; recensements de Lucé en ligne. – Arch. Dép. Haute-Corse en ligne, état civil, état signalétique et des services de S. Mattei – SHD en ligne, site Mémoire des Hommes – SHD-AVCC, Caen, dossier de décès GR 21 P 88451 – SHD-Centre historique des archives, Vincennes, dossier de résistant GR 16 P 404149. – SHD-CAPM, Pau, état signalétique et des services de F. Mattei. – La lutte des Francs-Tireurs et Partisans en Eure-et-Loir, édition Association des anciens FTPF, Chartres, 1945 (ouvrage épuisé, source médiathèque L’Apostrophe Chartres). – Abel Le Boy, « Rapport sur l’affaire des 31 fusillés du 30 mars 1944 », supplément au Bulletin de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir, n° 85, Juillet, Août, Septembre 2005, Mémoires XXXIV-1. – S. et R. Creuzot, « Souvenirs sur Maurice Dumais », La République du Centre, 28-29-30 mars 1964 (source médiathèque L’Apostrophe Chartres). — Site MemorialGenWeb. — Mairies de Lucé et de Prunelli-di-Casacconi.

Marie-Thérèse Grangé

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