L’opération navale « Chariot » menée par la Royal Navy le 28 mars 1942 provoqua une réaction violente de la Wehrmacht qui fit parmi la population civile nazairienne au moins 18 morts et de nombreux blessés dont 26 grièvement le 30 mars 1942.

Saint-Nazaire était l’un des cinq grands ports de l’Atlantique occupés par l’armée allemande. Avec sa forme écluse Joubert, cale sèche de plus de 300 m de long, il pouvait accueillir le fleuron de la Kriegsmarine le cuirassé Tirpitz, Saint-Nazaire était le seul lieu de repli en cas d’avarie. L’Amirauté britannique en décida la destruction en lançant un vieux destroyer bourré d’explosifs. Le 28 mars 1942, vers une heure du matin, la flottille d’attaque, partie de Falmouth deux jours plus tôt arriva dans l’estuaire de la Loire.Le destroyer Campbeltown camouflé en torpilleur allemand percuta la porte de la forme Joubert une demi heure plus tard, puis après un combat naval acharné, il explosa en fin de matinée alors que les soldats allemands l’inspectaient provoquant la mort de 150 personnes. L’objectif principal était atteint mais fit également de nombreuses victimes parmi la Royal Navy, les Britanniques déplorèrent 169 tués et 200 prisonniers sur les 611 hommes engagés. Côté allemand on compta 42 morts et 127 blessés.
Le 30 mars, alors que les Allemands continuaient de fouiller la ville, en particulier le quartier du Vieux Saint-Nazaire, à la recherche des Britanniques en fuite, des torpilles à retardement explosèrent et provoquèrent « un état anormal d’excitation" parmi les soldats allemands qui se livrèrent alors à des tirs en pleine rues dans le quartier des chantiers navals de Penhoët. Des civils furent tués, au moins 18, dont deux femmes Clémentine Allaire , Marie Allaire et un enfant de 5 ans Bernard Pelven, d’autres blessés, pour avoir croisé des soldats allemands ou victimes de balles perdues.
Dans les jours qui suivirent, le maire Pierre Toscer et ses quatre adjoints furent arrêtés pour faire pression sur la population qui avait aidé cinq commandos à repartir vers l’Angleterre. Les habitants du Vieux Saint-Nazaire furent transportés jusqu’à un camp de prisonniers désaffecté près de Savenay où ils restèrent trois jours. Les ambulancières des Sections Sanitaires Automobiles Féminines du poste de Saint-Nazaire rédigèrent un rapport détaillé de leurs interventions menées sous les balles des mitrailleuses, conservé aux archives municipales de Saint-Nazaire.
Les victimes sont :
ALLAIRE Clémentine
ALLAIRE Marie
BERTEREAU Joseph
BLANCHARD Fernand
ESNAULT Joseph
FAVENNEC Mathurin
FOUQUET Jules
GICQUEL Henri
HOYET Pierre
QUÉRÉ Robert
LE BOULICAUT Eugénie
LEMAITRE Julien
NIGER Jean
PELVEN Bernard
POTIN Louis
RYO Pierre
STEPHEN Sébastien
ZALLIO Angelo
Sources

SOURCES : Arch. Municipales, Saint-Nazaire, 3 J 22 : personnes tuées au cours de la soirée du 30 mars 1942 à Saint-Nazaire ; 1W60, crimes de guerre. 6 W 04, victimes de guerre ; 364 W 096. — Fernand Guériff, Saint-Nazaire sous l’Occupation allemande. Le commando. La poche, Éditions des Paludiers, La Baule, 1971.

Annie Pennetier, Claude Pennetier

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