Né le 25 février 1910 à Ambouts-Cappel (Nord), exécuté le 1er septembre 1944 dans le bois d’Onnaing (Nord) par les Allemands ; professeur ; résistant, réseau Action (BCRA).

Raymond Deken à Paris
Raymond Deken à Paris
Raymond Deken, professeur à Metz en 1937, derrière son bureau
Raymond Deken, professeur à Metz en 1937, derrière son bureau
Raymond Deken, portrait
Raymond Deken, portrait
Fils d’un cultivateur, Raymond Deken entra à l’École normale d’instituteurs de Douai en 1925. En 1928, instituteur à Tourcoing, puis maître interne à l’école nationale professionnelle d’Armentières, il prépara et réussit au concours d’entrée à l’École normale de l’enseignement technique (section Lettres) en 1931. Il se lia d’amitié avec René Girard*, reçu comme lui dans la même section en 1931. Il séjourna, dans le cadre de sa scolarité, en Angleterre à Exeter en 1932-1933. Il effectua son service militaire en 1933-1934 et le termina comme sous-lieutenant.
Deken fut nommé professeur d’anglais à l’ENP de Metz en 1935, puis, en 1938, à l’institut technique Diderot (futur collège technique Baggio) de Lille qui venait d’être inauguré dans ses nouveaux locaux.
Militant du Syndicat du personnel de l’enseignement technique, gréviste le 30 novembre 1938, Deken fut sanctionné de deux journées de suspension et de huit jours de retenue de salaire.
Deken se maria en décembre 1935 à Rosendaël (Nord) avec une institutrice qui occupa son premier poste en octobre 1939 à l’école de filles Mouvaux, puis à l’école de garçons de La Madeleine avant d’être en congé de convenances personnelles (naissance de son fils) jusqu’en octobre 1944. Il dessina lui-même ses meubles dans le style art-déco et les fit fabriquer par un ébéniste. Le couple eut un fils.
Mobilisé comme lieutenant, officier de liaison interprète auprès du corps expéditionnaire britannique en 1939-1940, Deken la suivit dans sa retraite. Après la campagne de Belgique, après la bataille de Dunkerque, il se replia en Angleterre (29 mai 1940) puis retourna en France par Cherbourg. Après avoir séjourné au camp du Larzac, puis en Bourgogne, en septembre 1940, il fut démobilisé.
À nouveau professeur à l’Institut Diderot, Raymond Deken fut à partir d’avril 1941, en contact avec de futurs fondateurs du Front national à Lille, adhérent de la Ligue contre l’antisémitisme, il participa à la rédaction de L’Université libre, organe créé dans le cadre du Front national. Il continuait à assurer ses cours, et, après le massacre d’Ascq, il fit observer par sa classe la consigne de cinq minutes de silence donnée par la radio anglaise. En juin 1942, il s’installa près de la ferme paternelle à Rosult.
Raymond Deken eut d’importantes responsabilités militaires dans le Valenciennois dans le cadre du réseau Missions actions (Plan Tortue) à partir de septembre 1943 (nombreux sabotages). Il se déplaçait à vélo pour ses activités clandestines. Le réseau de renseignements anglais Sussex s’installa au collège Baggio au début de 1944 et il assurait des contacts avec les résistants français. Au printemps 1944, il faisait partie de l’état-major départemental FFI comme capitaine et fut désigné au début d’août pour être à la Libération le commandant d’armes de la place de Valenciennes. Le 11 août 1944, alors qu’il se rendait de Lille à Valenciennes, contrôlé par un barrage à Saint-Amand, il fut arrêté. La Gestapo le recherchait à la suite de la découverte, le 6 août, d’un poste émetteur au collège. Conduit à la Kommandantur de Valenciennes installée au lycée de jeunes filles, lors de son évacuation avec d’autres prisonniers, il tenta de s’évader, se brisa la cheville et fut exécuté dans le bois d’Onnaing par les Allemands le 1er septembre 1944.
Après des obsèques, le 14 septembre 1944 à Rosult, son corps fut transféré, en décembre 1946, dans la crypte des victimes de l’Université résistante dans la chapelle de la Sorbonne à Paris, avec ceux de onze autres maîtres et élèves. Son nom fut donné à une rue de Rosult, à l’amphithéâtre du lycée Baggio à Lille, avec apposition d’une plaque dans la salle. Sa fin tragique y fut évoquée solennellement à la rentrée de septembre 1944 et en 1945, à l’occasion de la pose de la plaque dans l’amphithéâtre. L’association des anciens élèves de l’ENSET fit graver, par le sculpteur André Galtié, une médaille commémorative et le colonel Rémy en plaça la reproduction en couverture et en page de garde de son ouvrage Comment meurt un réseau (Monte-Carlo, Raoul Solar, 1947).
En écho, pour honorer sa mémoire, le 22 février 1947, le Syndicat national de l’enseignement technique et son responsable local, René Cercelet* avaient obtenu qu’une plaque soit apposée dans le hall de l’ancienne ENP de Metz, devenue lycée Louis Vincent. Un hommage devant cette plaque, lui fut rendu en 1975 à l’initiative d’Etienne Camy-Peyret*, ancien professeur à l’ENP. Enlevée par la suite, elle fut rétablie après un an de démarches de Paul Berger*, avec l’appui de la FNDIRP, du SNES et de la Ligue des droits de l’Homme.
Sources

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. — Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, zone Interdite. Mai 1940-Mai 1945, Paris, Éditions sociales, 1977. — Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Paris, Messidor-Éditions sociales, 1986. — Sites Internet consacrés à R. Deken. — Presse locale. — Renseignements fournis à Jacques Girault par le fils de l’intéressé en 2010. — Notes de Paul Berger.

Jacques Girault, Odette Hardy-Hémery

Version imprimable