Né le 2 avril 1920 à Thouars (Deux-Sèvres), fusillé le 1er septembre 1942 à Cologne (Allemagne) ; ouvrier tourneur ; résistant au sein du réseau Confrérie Notre-Dame (CND)- Forces françaises combattantes (FFC) dans les Deux-Sèvres.

Raymond Chessé
Raymond Chessé
Crédit : MémorialGenWeb.
Raymond Chessé était le fils d’Eugène Théophile et de son épouse Marie-Louise Barbault. Domicilié à Saint-Jean-de-Thouars chez ses parents, célibataire, il exerçait la profession d’ouvrier tourneur à l’usine Rusz, entreprise de métallurgie de précision, transférée d’Asnières à Thouars en 1939, installée dans l’orangerie du château. Cette usine fabriquait – entre autres - des trains d’atterrissage pour les Allemands. Elle fut un foyer important de la résistance communiste qui constitua à Thouars un groupe connu sous le nom d’Organisation spéciale (OS) 680. Ce groupe sabotait la production de l’usine et des locomotives de l’important dépôt ferroviaire. Ce groupe fut décimé par des arrestations effectuées par la PJ d’Angers au printemps 1942. Les résistants furent livrés aux Allemands. Il y eut huit fusillés par condamnation et dix autres furent déportés. Pour l’histoire de ce groupe de résistance, on se reportera à la biographie de Maxime Bacquet.
Pour sa part, Raymond Chessé rejoignit la Confrérie Notre-Dame (CND), réseau crée dès l’été 1940 par Gilbert Renault (alias Colonel Rémy) et affilié aux services secrets de la France libre, organisation connue par la suite sous le nom de CND Castille. Ce réseau, l’un des plus importants avec Alliance, avait pour mission de collecter et de transmettre des renseignements à Londres (notamment sur les mouvements de la flotte allemande) et rayonna dans toute la zone occupée. Ce fut dans l’ouest de la France que le réseau s’implanta d’abord, avec la participation du groupe thouarsais, sous l’impulsion de Gabriel Richetta, percepteur à Oiron, et d’André Chauvenet, chirurgien à l’hôpital de Thouars,
Au printemps 1941, l’opérateur radio de la CND, Bernard Anquetil (alias Lhermitte) fut déplacé de Nantes vers le nord des Deux-Sèvres et pris en en charge par les résistants du groupe Chauvenet-Richetta. Il put émettre depuis le château d’Auboué puis de l’hôpital de Thouars et du service de radiologie du Dr André Colas (Nick). Les renseignements transmis aidèrent les Alliés à couler le Bismarck et immobiliser le Scharnhorst. Bernard Anquetil fut arrêté à Saumur le 30 juillet 1941 et fusillé au Mont-Valérien le 24 octobre. Robert Delattre (Bob) lui succéda, et d’août à octobre les résistants thouarsais réceptionnèrent quatre parachutages de matériels de transmission sur le territoire de la commune de Tourtenay. Agent de liaison, Raymond Chessé transportait et cachait des armes. Son action fut homologuée à compter de mars 1941.
Le groupe thouarsais de la CND fut décimé par la répression au cours du premier semestre de 1942. André Chauvenet fut arrêté le 21 janvier ; il sera rapatrié de Buchenwald en avril 1945. André Colas, arrêté le même jour, sera libéré en juin 1942. Le 10 février, la Feldgendarmerie arrêta le jeune Maurice Bonneau (né le 17 juillet 1921 à Thouars, maçon cimentier dans l’entreprise familiale) qui avait participé à des transports d’armes et aux liaisons avec la côte vendéenne.
En dépit des menaces, Robert Delattre, Daniel Bouchet et Gabriel Richetta organisèrent dans la nuit du 27 mars 1942 à la Motte-Bourbon (Maine-et-Loire), une opération pick-up permettant le retour de Rémy et le départ pour Londres de Christian Pineau, co-fondateur de Libération-Nord.
Le 7 mars 1942, Gabriel Richetta fut arrêté par la Feldgendarmerie ; le mercredi 11 mars ce fut au tour de Raymond Chessé de tomber entre les mains des Allemands alors qu’il travaillait à l’usine.
Richetta fut emprisonné à Angers (7-21 mars 1942) puis à Fresnes (21 mars-30 juin), et condamné à mort avec Raymond Chessé et Maurice Bonneau le 1er juin 1942 par le tribunal militaire du Gross Paris siégeant à l’Hôtel Continental. L’affaire fut donc considérée trop importante pour être laissée à l’appréciation d’un simple tribunal de Feldkommandantur.
Les condamnés furent déportés le 2 juillet dans un convoi de 53 hommes de Fresnes à la prison de Karlsruhe, puis transférés à la prison de Rheinbach, non loin de Bonn, où ils auraient été astreints au travail forcé. Enfin, ils furent conduits à la prison de Cologne qui était le siège du tribunal chargé des affaires Nacht un Nebel, Nuit et Brouillard (NN), venant de France. Gabriel Richetta et Raymond Chessé se seraient donc vu appliquer la procédure NN qui avait été mise en place à la fin de l’année précédente. Les tribunaux de la Wehrmacht étant jugés trop laxistes, le décret Keitel dit « Nuit et Brouillard » du 7 novembre 1941 disposait que ne seraient à juger dans les pays occupés que les crimes à coup sûr justiciables de la peine de mort (ce fut le cas) et à condition que celle-ci puisse être appliquée dans un délai inférieur ou égal à huit jours (ce qui fut peut-être le motif de la déportation) ; les inculpés ne remplissant pas ces deux conditions étaient à déporter en Allemagne dans un secret absolu pour y disparaître « dans la nuit et le brouillard », c’est-à-dire sans laisser de trace. Cette disposition était censée avoir un effet de terreur comparable aux fusillades.
La peine de Maurice Bonneau ayant été commuée en 10 ans de réclusion, il mourut de tuberculose et d’épuisement à la prison forteresse de Sonnenburg le 13 juin 1944.
Gabriel Richetta fut passé par les armes le 1er septembre à 1942 à 21h à la prison de Klingelpütz à Cologne et il fut inhumé au cimetière ouest de Cologne, dans la tombe n° 44. Quelques minutes plus tard, à 21h10, Raymond Chessé tombait à son tour sous les balles du peloton. Il fut inhumé dans le même cimetière, tombe n° 46. Ces deux hommes ont donc été fusillés et non guillotinés – encore moins décapités à la hache comme on peut le lire parfois (seule la guillotine fut utilisée pour certaines exécutions, celle des résistantes notamment).
Raymond Chessé obtint la mention Mort pour la France. Il fut homologué résistant des Forces françaises combattantes (FFC) et déporté et interné de la Résistance (DIR), avec assimilation au grade de sous-lieutenant. La médaille de la Résistance lui fut attribuée à titre posthume (décret du 31 mars 1947) ainsi que la Médaille de vermeil de la reconnaissance française.
Son nom est inscrit sur le monument aux Morts de Thouars.
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, AVCC, Caen, AC 21 P 44263 (consulté). — SHD Vincennes GR 28 P 4 44 586 (à consulter). — Page web du Centre régional Résistance et Liberté de Thouars. — MémorialGenWeb.

Dominique Tantin

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