Né le 8 décembre 1896 aux Arques (Lot), exécuté sommairement le 8 juin 1944 à Issendolus (Lot) ; gendarme ; résistant.

A noter que le patronyme peut d’écrire Lascombe ou Lascombes selon les différents documents d’état-civil consultés.
Exerçant jusqu’alors la profession de maçon dans son village natal, Roger Lascombe fut incorporé en avril 1915 au 83e régiment d’infanterie comme jeune appelé de la classe 1916. Il fut réformé provisoirement pour raison médicale en septembre, puis, une fois rétabli, il fut réincorporé dans l’infanterie en janvier 1916 et servit au front, notamment à Verdun, dans divers régiments comme soldat de 1re classe. Blessé à deux reprises et cité à l’ordre du régiment pour sa grande bravoure, il reçut une affectation spéciale à Cahors comme employé de la compagnie des chemins de fer d’Orléans en janvier 1919. Démobilisé en octobre 1919, il se retira aux Arques où il reprit son activité professionnelle antérieure. Admis en gendarmerie en juin 1929, il suivit la formation d’élève-gendarme au peloton n° 262 de garde républicaine mobile à Montbrison pendant cinq mois ; à l’issue de sa période d’instruction il fut ensuite affecté comme gendarme à pied à la 14e légion de gendarmerie (Lyon). Nommé sous-officier de carrière en mars 1930, médaillé militaire en 1933, puis muté à la 17e légion de gendarmerie (Toulouse) en 1934, il servit à la compagnie de gendarmerie du Lot, en résidence à la brigade territoriale de Luzech, à la mobilisation de septembre 1939 puis durant toute la guerre et l’occupation.
Le 6 juin 1944, à l’annonce du Débarquement de Normandie, tous les militaires de la compagnie de gendarmerie du Lot furent convoqués à Cahors ou dans leurs sections respectives pour y être rassemblés, en vue d’opérations éventuelles contre le maquis. N’obtempérant pas à cet ordre hiérarchique par patriotisme et à cause de ses bonnes relations avec les résistants locaux, Roger Lascombes alias « Riri », ainsi que plusieurs autres camarades comme les gendarmes Fernand Forestier de la BT Figeac ou Paul Maury de la BT Puy-L-Evêque, se rallièrent le 8 juin à la ferme du Gabaudet (commune d’Issendolus), bâtiment isolé au milieu des bois servant de cantonnement clandestin et de maquis mobilisateur aux groupes de résistants FTPF. En fin d’après-midi, peu après leur arrivée et à la suite d’une observation aérienne allemande ainsi que d’une probable dénonciation faite par un gradé de gendarmerie de Gramat acquis aux vues collaboratrices, la ferme est encerclée par une colonne blindée de chars, chenillettes et soldats Waffen SS identifiés comme appartenant à la 2e SS-Panzer-Division « Das Reich ». Après un combat violent et déséquilibré au cours duquel la plupart des maquisards furent tués les armes à la main, les bâtiments furent incendiés et les survivants prisonniers, qu’ils soient combattants ou civils, sont sommairement exécutés ou achevés à la baïonnette : le gendarme Lascombe est, quant à lui, capturé, frappé sur la tête jusqu’à être assommé à coup de gourdins, puis tué par balle.
Après-guerre, l’engagement militaire du gendarme Lascombe en faveur de la Résistance et de la libération de la France est reconnu par l’homologation posthume du grade d’adjudant-chef au titre des Forces Françaises de l’Intérieur ; il est nommé également chevalier de la Légion d’Honneur pour faits exceptionnels de guerre et de Résistance en 1949. Sa citation de guerre avec étoile d’argent présente le libellé suivant : « « Maquisard fidèle à sa Patrie et à la cause de la Résistance qu’il a servie jusqu’à la limite de ses forces. Le 8 juin 1944 à Gabaudet (Lot), encerclé avec son groupe par des blindés allemands, est tombé glorieusement face à l’ennemi, faisant preuve des plus belles qualités de courage, d’abnégation et de patriotisme. A trouvé une mort exemplaire devant un ennemi supérieur en armement et en munitions. » Il a également reçu la médaille de la Résistance française en 1970.
Le nom du gendarme Lascombe est également inscrit sur le monument aux morts des communes des Arques et de Luzech, ainsi que sur une plaque commémorative apposée dans la caserne de gendarmerie de Luzech et sur le monument commémoratif des FFI et civils massacrés d’Issendolus.
Le nom de ce militaire a enfin été donné en 2016 à la 7e promotion d’élèves-gendarmes de l’école de gendarmerie de Tulle, appelée Promotion « gendarme Lascombe ».
Sources

SOURCES : État signalétique et des services de Roger Lascombe conservé aux AD 46 ; dossier individuel de Résistant 16 P 340 146. — article de quercy.net « La Résistance en Quercy – la tragédie du Gabaudet, 8 juin 1944 » ; lettre de Madame veuve Lascombe du 11 août 1963. – Fiche Roger Lascombe dans MémorialGenWeb. — Service historique de la Défense, Caen AC 21 P 67285 et Vincennes GR 16 P 340149 (nc).

Sébastien Horner

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