Né le 11 septembre 1921 à Nîmes (Gard), fusillé le 23 février 1944 à la centrale d’Eysses, commune de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) ; cheminot, ouvrier-ajusteur ; militant communiste ; résistant du Front national pour la liberté et l’indépendance de la France et du bataillon d’Eysses.

CHAUVET Jean
CHAUVET Jean
Photographie prise à Eysses début 1944.
© Dépôt MRN, fonds Amicale d’Eysses Droits réservés
Jean Louis Chauvet était le fils d’Albert et de Virginie Rivarel. Ouvrier-ajusteur au dépôt des machines à vapeur de Nîmes, Jean Chauvet participa, dès l’adolescence, aux activités militantes de son père, qui vendait le journal communiste Le Cri du Gard, cacha des Républicains espagnols, et participa au fonctionnement de différentes associations liées au Parti communiste français (PCF). En 1939, Jean Chauvet se fiança à Eliette Rigon, ouvrière en confection et militante des Jeunesses communistes.
Son père, cheminot affecté aux ateliers du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée), fut arrêté le 5 décembre 1940 et interné administrativement successivement à Eysses, Carrères puis Sisteron (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) d’où il parvint à s’échapper le 8 juin 1944 pour rejoindre les rangs de la Résistance. Jean ne supportait pas de voir son père, ancien combattant de la Grande Guerre, jugé « indésirable » par l’Etat français.
Eliette Rigon, la fiancée de Jean, participa à l’activité clandestine du PCF après sa dissolution et l’arrestation de ses principaux responsables gardois fin 1940. Avec son frère Franck, lui aussi membre des Jeunesses communistes clandestines, elle distribua tracts et journaux pour dénoncer le régime de Vichy. En 1941, elle fut chargée, par le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, de diffuser la presse clandestine sur la région nîmoise et d’aider les militants pourchassés par le régime. Son groupe comprenait notamment Jean Chauvet, Henri et Andrée Julien, Odette Gonzalès (arrêtée en avril 1942, Eliette fut condamnée à huit ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Marseille, incarcérée aux Baumettes à Marseille, puis à la Centrale de Rennes, d’où elle fut déportée le 6 juin 1944 à Ravensbrück, via le fort de Romainville. Elle sera rapatriée en France en mai 1945).
Le 10 mars 1941, Jean Chauvet fut surpris la nuit par des gardiens de la paix alors qu’il circulait sur son vélo sans éclairage et portait une musette remplie de tracts. Il parvint à leur échapper. Mais son adresse fut découverte grâce à la plaque d’identité de la bicyclette. Des perquisitions effectuées à son domicile amenèrent la découverte de nombreux tracts et journaux. La mère de Jean fut arrêtée. Jean Chauvet quitta alors Nîmes pour se réfugier en Lozère chez des paysans qu’il connaissait pour y avoir passé des vacances. Ces derniers le dénoncèrent à la police. Il fut arrêté le 16 juillet 1941 à Racoules (Gard) et conduit à la prison de Pont-de-Montvert, puis de Nîmes. Le 11 septembre 1941, jour de son vingtième anniversaire, il fut transféré au fort Saint-Nicolas à Marseille.
Il fut jugé par le tribunal militaire spécial de la 15e région le 4 octobre 1941, et condamné à cinq ans de prison et cinq ans d’interdiction de séjour pour propagande communiste. Conduit à la prison Saint-Pierre de Marseille, il fut transféré le 24 décembre 1941 à celle de Nîmes, où il devint, avec Jean Coin, Henri Auzias et Pierre Doize, l’un des dirigeants de l’organisation clandestine des détenus.
Le 14 octobre 1943, il quitta la centrale de Nîmes pour être transféré à celle d’Eysses, où il allait retrouver son père, Albert-Louis Chauvet. C’est en chantant la Marseillaise que les détenus, entassés dans des camions, traversèrent la ville de Nîmes le 11 octobre 1943 et les gares de leur passage. À Eysses, il fit partie du collectif, eut des responsabilités au sein des Jeunesses communistes, et enseigna les mathématiques. Au cours de l’insurrection du 19 février 1944, il était en première ligne mais sa mitraillette s’enraya. Reconnu comme ayant pris part activement aux combats, Chauvet fut jugé par une cour martiale du régime de Vichy réunie à Eysses, condamné à mort et fusillé le 23 février 1944 avec 11 de ses camarades par un peloton de GMR et de gendarmes. En novembre 1944, sa dépouille fut ramenée à Nîmes pour y être inhumée.
À Nîmes, une plaque commémorant son sacrifice a été placée sur sa maison natale, dans une rue qui porte désormais son nom. Son nom est également inscrit sur la plaque du mur des fusillés de la centrale d’Eysses et sur le monument du cimetière Sainte-Catherine de Villeneuve-sur-Lot.
Voir Site d’exécution : la centrale d’Eysses (commune de Villeneuve-sur-Lot, Lot-et-Garonne), le 23 février 1944
Sources

SOURCE : SOURCES : Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Centrale d’Eysses, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004, p. 162-169. — Maurice Choury, Les Cheminots dans la Bataille du Rail, Paris, Librairie académique Perrin, 1970, p. 248-249. — Notice in Musée de la Résistance en ligne

Marie-Louise Goergen, Dominique Tantin

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