Né le 13 décembre 1883 à Malaunay (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillé comme otage le 31 mars 1942 en forêt de Compiègne (Oise) ; ouvrier du textile puis de la chimie ; secrétaire du syndicat CGTU du Petit-Quevilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; secrétaire de la section communiste du Houlme ; résistant du Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.

Gustave DELARUE (Ph. Famille Dumesnil)
Gustave DELARUE (Ph. Famille Dumesnil)
Gustave DELARUE Dessin col.Alain Alexandre via fille Dumesnil
Gustave DELARUE Dessin col.Alain Alexandre via fille Dumesnil
La Lyre prolétarienne dans les années trente. A gauche Gustave et Georgette Delarue
La Lyre prolétarienne dans les années trente. A gauche Gustave et Georgette Delarue
Fils d’ouvriers de filature, membre du Parti socialiste depuis 1905, Gustave Delarue travailla dans une usine textile de la vallée du Cailly puis, en 1904, fut embauché comme imprimeur par la Compagnie rouennaise de linoléum et il créa le syndicat des imprimeurs sur linoléum de Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) dont il fut le secrétaire jusqu’en 1914.
Il reconstitua le syndicat après-guerre dans le cadre d’une section du Textile de Rouen. Delarue adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920). Favorable à la minorité de la CGT et membre du Comité syndicaliste révolutionnaire (CSR) de Rouen, il fut secrétaire du syndicat CGTU du textile de Maromme. L’usine qui l’employait depuis vingt ans le licencia pour faits de grève en 1924. Il signa en octobre 1925 la lettre des 250 à l’IC mais refusa de suivre la majorité de l’UL de Rouen dans l’opposition de la Ligue syndicaliste. Il fut ensuite secrétaire du syndicat de la chimie CGTU de Petit-Quevilly jusqu’en 1935.
L’action politique de Gustave Delarue eut une importante dimension municipale au sein de la cité ouvrière du Houlme dans la vallée industrielle du Cailly. En mai 1924, à l’occasion d’une élection municipale complémentaire, quatre candidats communistes furent élus avec à leur tête Gustave Delarue. Face à une municipalité à dominante conservatrice, les nouveaux élus proposèrent des avancées sociales toutes repoussées par la majorité. L’expérience ne dura qu’un an : Gustave Delarue leader licencié fin 1924 et ses camarades attaqués par le patronat, fichés par la police, ne furent pas réélus en mai 1925. Gustave Delarue, ayant perdu son emploi, s’établit alors comme droguiste 6 rue de la Vallée au Houlme, restant fidèlement au service de la classe ouvrière. Convaincu et convainquant, il jouait un rôle éminent d’animateur inlassable aux plans sportif et culturel, montrant ainsi l’exemple de la cité du Houlme aux autres communes de la vallée ouvrière du Cailly. Président de l’Amicale des Vieux travailleurs, Vice-Président de la Société de Gymnastique L’Avenir du Houlme, il était aussi l’animateur du groupe artistique La Lyre Prolétarienne pour laquelle il écrivait les textes de revues théâtrales et musicales. Ces textes humoristiques avaient toujours un contenu de classe, s’apparentant à l’"Agit-Prop" du Groupe Octobre. Son dévouement et sa constante activité le faisaient apprécier et estimer de la population laborieuse. Prenant une part active à la lutte antifasciste et au succès du Front commun prélude au succès du Front Populaire, il fut réélu conseiller municipal du Houlme en mai 1935, il assura le secrétariat de la section communiste locale de 1936 à 1939. Il s’était présenté sans succès aux législatives en 1924, 1932, 1936.
La préfecture le déchut de son mandat de conseiller municipal le 3 mars 1940. Une perquisition effectuée à la fin de l’année 1939 resta sans suite mais le dossier fut repris au début de l’année 1940. Il passa en procès le 10 avril 1940 : condamné à un an de prison pour distribution de tracts, il fut arrêté à l’audience. Libéré le 30 mars 1941, Gustave Delarue reprit des activités clandestines dans la vallée du Cailly. Les Allemands l’arrêtèrent en septembre 1941 (et sa femme Georgette), l’internèrent à Compiègne (Oise) où il écrivit plusieurs revues qu’il faisait jouer à ses camarades. La "première" de sa revue intitulée Marché Noir était prévue pour le 31 mars 1942, jour de son exécution. Mais la revue fut donnée quand même, sur sa demande, au théâtre du camp.
Fusillé le 31 mars 1942 comme otage, il fut dans un premier temps inhumé au cimetière Nord de Compiègne. Le dimanche 12 mai 1946, au Houlme, des obsèques solennelles eurent lieu pour rendre hommage aux deux fusillés de la ville : Gustave Delarue et Lucien Levavasseur.
Son épouse Georgette Dumesnil avait été arrêtée le 21 octobre 1941. Il s’était marié au Houlme, en 1902, avec Rachel Dupain, en 1914 avec Alexandrine Roussard puis, en 1925, avec Georgette Dumesnil. Il fut reconnu « Mort pour la France » le 22 avril 1948 et homologué résistant du Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.
Monographie de lieu d’exécution : Compiègne-Royallieu, Moulin-sous-Touvent, forêt de Carlepont (Oise) : février-mai 1942
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Inférieure, 1 M P 497 Communisme – Arch. com. Rouen, Partis politiques. – Le Prolétaire normand, no 405, 24 avril 1936. – Georges Cogniot, Parti pris, op. cit.. – Alain Alexandre, historien Vallée du Cailly Une vie militante exemplaire : Gustave Delarue, 1883-1942 in Le Houlme d’hier Regards sur le passé d’une commune de la banlieue rouennaise pages 107-110 1983 . – Notes Jean-Pierre Besse. – Ajouts à la notice Jean Maitron, par Jean-Paul Nicolas en liaison avec Alain Alexandre, effectués en 2018.– Résistances Éditions de l’écho des vagues — État civil. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 168215 (nc).

Jean Maitron

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