MOLES Maurice, Jean François
Né le 29 mai 1921 à Châteaurenard-de-Provence (Bouches-du-Rhône), exécuté sommairement le 27 juillet 1944 à Chard (Creuse) ; boulanger ; résistant maquis AS de la Creuse, bataillon Jack.
Son père Jean François Molès s’engagea à son poste, au bureau de postes de Felletin, dans la résistance « assurant de jour comme de nuit du mois d’avril au mois de septembre 1944 toutes les liaisons téléphoniques avec les groupes de maquis, AS et FTP. Il a en outre surveillé et interrompu les liaisons téléphoniques de Vichy et des Allemands pendant les opérations des groupes de maquis, notamment enlèvement d’essence, arrestations de miliciens et collaborateurs » (attestation FFI. dossier AVCC).
En juillet 1944, Maurice Molès, célibataire, répondit à la réquisition proclamée par le commandant Jack de l’AS de sa propre autorité dans tout le secteur, pour les classes 39 à 45, parfois sous la contrainte et les menaces. Le 6 juillet 1944 le tambour municipal annonça dans le village de Saint-Quentin-la-Chabanne (où se trouvait alors Maurice Molès peut-être pour échapper au STO) la mobilisation générale des classes 1939 à 1945. Maurice Molès s’engagea alors dans la Résistance, rejoignant dans l’est de la Creuse un maquis de l’AS appartenant au bataillon Jack et cantonné après la mi-juillet dans plusieurs hameaux de la commune de Chard (près de la limite du Puy-de-Dôme). A ce moment-là, des éléments de la brigade Jesser, entrèrent en Creuse en provenance des départements voisins du sud et de l’est pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. Le 15 juillet lors d’une opération au nord d’Aubusson, les troupes allemandes incendièrent les villages d’Alleyrat et de La Rochette. Les jours suivants une série d’attaques contre les maquis d’Alleyrat et de Blessac contraignit les unités désorganisées à se replier et à se regrouper à Chard avec d’autres unités du bataillon Jack autour du poste de commandement. L’action des services de renseignements allemands aidés de reconnaissances aériennes permit à l’État-major allemand de localiser précisément les maquis et de préparer une opération d’encerclement et d’anéantissement qui se produisit le 27 juillet 1944. Le ratissage des forces allemandes leur permit la capture de plus d’une vingtaine de résistants.
Maurice Molès appartenait au groupe franc chargé de la protection du PC du commandant Jack. Lors de l’attaque, ce dernier prit rapidement la fuite avec l’ensemble de son état-major. Maurice Molès se retrouva dans un groupe de 11 jeunes maquisards du groupe de protection, isolés, peut-être égarés, et de toute façon laissés sans commandement. Le groupe fut incapable de trouver la solution du repli et fut encerclé dans un champ de blé où les 11 jeunes durent se rendre. Regroupés, ils furent transportés en camion et exécutés sommairement. Maurice Molès et ses 10 camarades furent fusillés, sur le sentier de la Goursole près du massif forestier du même nom. Son corps fut ramené le 26 octobre 1944 à Saint-Quentin-la-Chabanne (Creuse) pour des obsèques officielles en même temps que celui de trois de ses camarades tués le même jour, Emmanuel Evangelisti, Jean-Baptiste Ferrand et René Penache. Il repose depuis lors au cimetière municipal de Saint-Quentin-la-Chabanne.
Il obtint la mention mort pour la France, fut homologué FFI au grade de sergent (décision du 27 mai 1947) et, le 3 novembre 1967 IR (interné - résistant). Son nom est inscrit sur les monuments aux de Saint-Quentin-la-Chabanne et de Felletin. Il figure également sur le monument commémoratif de Chard et sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret.
SOURCES : Arch. Dép. Creuse (État civil, dossier Jack 107 W 11) — Arch. Dép. Lot (registre matricule) — SHD Caen AVCC Cote AC 21 P 97377 — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Actes du colloque La vie quotidienne dans les maquis Ed. CREDI 2017. Communication de Christophe Moreigne Printemps – été 1944 dans le sud-est creusois : des « volontaires » requis sous la contrainte ? — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb .
Michel Thébault