Né le 26 septembre 1908 à Graville-Saint-Sauveur, commune rattachée au Havre en 1919 (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort des suites des tortures le 12 septembre 1943 au Mans (Sarthe) ; ouvrier soudeur ; adepte de la course à pieds ; dirigeant des Jeunesses communistes ; secrétaire général de la Fédération sportive du travail.

Auguste Delaune, photographie de sa fiche de police pendant l'Occupation
Auguste Delaune, photographie de sa fiche de police pendant l’Occupation
Son père Auguste, Charles, né vers 1880, électricien venu à Saint-Denis en 1926, militait au Parti communiste entre les deux guerres ; il participa à la Résistance et fut, après la Libération, conseiller municipal communiste de Saint-Denis.
Apprenti soudeur dans la région havraise, Auguste Delaune adhéra au syndicat unitaire (CGTU) des Métaux dès 1922. Malgré son jeune âge il participa activement à la grande grève qui dura cent-dix jours et fut représentant des jeunes au comité central de grève. En 1923, il entra dans un club sportif ouvrier comme coureur à pieds et participa à la création du comité régional de Normandie. Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1924 et devint secrétaire pour la région havraise l’année suivante. La répression patronale obligea sa famille à partir s’installer dans la région parisienne en 1926. La mère obtint une loge de concierge 7 rue Denfert-Rochereau à Saint-Denis. Auguste Delaune travailla dans diverses entreprises de métallurgie et en dernier lieu à la Compagnie des Wagons-lits à Saint-Denis d’où il fut renvoyé « en raison de ses activités extrémistes », il « se livrait en effet à une intense propagande parmi le personnel de la Compagnie, ainsi qu’auprès de la jeunesse dyonisienne en vue de recruter des adhérents au club sportif de cette localité dont il était membre » (Arch. PPo BA/1715). Il avait dès son arrivée à Saint-Denis participé à la direction du mouvement sportif ouvrier. En 1928, la Fédération sportive du travail (FST) le désigna à son bureau fédéral. Cette même année il gagna le cross du journal l’Humanité.
Parti au service militaire en 1929, Delaune aurait été signalé comme militant actif : « Rapidement l’état-major le poursuivit ; grâce à l’action des travailleurs les poursuites furent arrêtées » (Le Travailleur du 18e, 20 avril 1935). De retour à la vie civile, Delaune fut nommé, en 1931, secrétaire de la région parisienne de la FST avant d’accéder l’année suivante au secrétariat général national et d’entrer au Comité exécutif de l’Internationale rouge des sports. Delaune militait activement aux Jeunesses communistes. La police l’arrêta le 19 mai 1931 alors qu’il distribuait des tracts communistes et haranguait les ouvriers des usines Gnôme et Rhône dans le XIe arr. de Paris. La Chambre des appels correctionnels le condamna à six mois de prison et 500 francs d’amende pour violences à agents. Au début de l’année 1933, mandaté pour participer à une conférence de l’Internationale rouge des sports en Allemagne, il fut arrêté pour absence de passeport et maintenu dans les prisons nazies pendant un mois. Delaune assista aux pourparlers sur l’unité sportive internationale avec l’Internationale sportive ouvrière socialiste, à Prague, le 1er mars 1934.
La conférence de la 4e Entente des JC (Région parisienne), réunie les 21 et 22 mai 1932 à la Bellevilloise, l’élut au bureau régional et à la commission. Il siégeait également au comité central et au bureau national (selon Le Travailleur du 18e, 20 avril 1935). Un rapport de police annonce par erreur sa candidature aux élections législatives de mai 1932 dans la 1re circonscription du XIe arr. de Paris (Arch. PPo. BA/1715, janvier 1935) ; en fait le candidat fut Mension. Delaune était membre du Comité national français de lutte contre la guerre et le fascisme et du présidium de la conférence européenne antifasciste des jeunes (juin 1933) ainsi que du Comité mondial de la jeunesse contre la guerre (septembre 1933). La mise à l’écart de Georges Charrière* atteignit ceux qui comme Delaune avaient soutenu sa politique pendant l’année 1933. Au congrès extraordinaire de la Fédération de la JC d’Ivry le 3 février 1934, Jacques Duclos, représentant du Parti communiste et Michäel Wolf alias Farkas, délégués de l’Internationale communiste des Jeunes, mirent en cause nommément Lucciani, Coquelle, Jeannette Vermeersch, Marcel Lebas et Delaune. Ce dernier abandonna semble-t-il ses responsabilités à la direction des JC mais resta un actif militant communiste. Candidat aux élections municipales du 5 mai 1935 dans le XVIIIe arr., 2e circonscription de Clignancourt, il recueillit 1 207 voix sur 6 558 votants et 8 056 inscrits au premier tour, et, 1 716 voix sur 6 468 votants au second tour grâce au désistement du socialiste SFIO Félix (699 voix). Il travaillait à l’Humanité comme spécialiste des questions sportives. Sous le Front populaire, il fut nommé membre du Conseil supérieur des sports où il travailla avec le ministre socialiste Léo Lagrange. Les effectifs de la FSGT passèrent à cette époque de 30 000 environ à plus de 130 000 membres. En 1937, Delaune fut élu membre du comité régional Paris-Nord du PCF.
Mobilisé à l’automne 1939, Delaune fut évacué de Dunkerque et se porta volontaire en juin 1940 pour être débarqué en Bretagne. L’armée lui décerna la Médaille militaire et la Croix de guerre. Démobilisé le 31 août 1940, il fut arrêté le 6 décembre 1940, interné au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise), à la centrale de Poissy et à Châteaubriant d’où il s’évada le 21 novembre 1941. Il entra dans la Résistance communiste et en fut un des principaux dirigeants en Picardie, en Normandie, puis en Bretagne. Il participa notamment au lancement du réseau Sport Libre – et à la revue clandestine du même nom – dénonçant la politique de collaboration dans le sport et en particulier la persécution des sportifs juifs. La police du Mans (Sarthe) lui tendit un guet-apens le 27 juillet 1943 sur le pont de Coëffort où Gaston Fresnel l’attendait. La SPAC avait été informée par un dirigeant communiste retourné, Léon Renard. Celui-ci fut tué et Delaune blessé. La Résistance tenta sans succès de l’enlever à l’hôpital du Mans. Transféré à la prison du Vert-Galant au Mans et torturé, Delaune aurait été ramené à l’hôpital où il mourut le 12 septembre. La police française et la Gestapo n’avaient pu obtenir de lui le moindre renseignement, pas même sa véritable identité. Ses bourreaux pensèrent avoir tué Paul Boniface, nom inscrit sur sa fausse carte d’identité.
En mars 1945, la municipalité fit ramener son corps au cimetière de Saint-Denis, donna son nom à une grande artère et au stade municipal où une stèle a été inaugurée. Le 10 janvier 1947, Auguste Delaune fut cité à l’ordre de la Nation. Le 31 mai 1947, un décret le nomma à titre posthume, chevalier de la Légion d’honneur.
Oeuvres

ŒUVRE : Articles des Cahiers du Bolchevisme  : « L’Éducation physique et le sport. Pour une jeunesse saine, forte et joyeuse » (20 février 1937) ; « Le sport, la santé et l’avenir de la jeunesse de France », (15 juin 1936) ; c’est vraisemblablement lui qui écrivit sous le nom d’Auguste « Pour un meilleur travail dans la FST » (15 janvier 1933).

Sources

SOURCES : RGASPI, 495 270 1017, autobiographie, 1er mars 1938. — Arch. PPo. BA/1715, janvier 1935. — Le Travailleur du 18e, 20 avril 1935. — J. Varin, op. cit. — Aug. et S. Gillot, op. cit. — A. Ouzoulias, op. cit. — Parti communiste français, Région Paris-Nord, VIIIe conférence régionale, 1945. — Nicolas Kssis, « Il y’a 70 ans, ils assassinaient Auguste Delaune », Sport et Plein Air, sept. oct. 2013. — Christophe Pécout, Joris Vincent, « Le mouvement sportif communiste en résistance : la presse sportive clandestine (1940-1944) », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2021/4 (N° 284), p. 119-139. — Renseignements fournis par Auguste Gillot et Alain Jégou.

Jean Maitron, Claude Pennetier

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