Le 30 juillet 1944, des soldats allemands exécutèrent sommairement douze hommes à Charnècles (Isère)

Charnècles Monument aux fusillés
Charnècles Monument aux fusillés
Source : Mme Andrée Budillon, Charnècles (Isère)
Le 30 juillet 1944, vers 6 heures du matin, un groupe d’environ 150 soldats allemands de différentes unités quitta Grenoble (Isère) en empruntant la route nationale 75 en direction de Lyon.
Ils convoyaient un groupe de quinze prisonniers extraits de la prison allemande installée dans la caserne de Bonne.
Le convoi fut attaqué par des résistants au niveau de Voreppe (Isère).
Par mesure de représailles, les Allemands pendirent alors quatre de leurs prisonniers et un habitant de Voreppe. Ils exécutèrent également par balles deux cyclistes.
Enfin, ils firent deux prisonniers qu’ils emmenèrent : Henri Guigard et Victor Perron.
Vers 19h30, après que le convoi eut réussi à reprendre la route, il s’arrêta à Charnècles (Isère), au lieu-dit "Perron" en bordure de la route nationale 85.
Là, dix prisonniers amenés de Grenoble et les prisonniers de Voreppe durent descendre de camion.
François Géraud fut un témoin oculaire. Il relata dans un procès-verbal de gendarmerie : « Je me trouvais dans un champ situé à cent mètres du lieu de la fusillade. Les prisonniers marchaient en colonne gardés seulement par trois soldats allemands. Le reste de la troupe se trouvait plus en arrière.
Tout à coup, j’ai vu un des prisonniers traverser la haie, sur un ordre des Allemands, un soldat lui mettre le canon de son fusil derrière la tête et le tuer à bout portant. La même opération s’est ainsi répétée pour douze prisonniers.
À cette vue je me suis enfui dans un champ de topinambours où je me suis caché.
Quand les Allemands se sont éloignés, je me suis approché.
Un seul respirait encore, il est décédé par la suite à l’hôpital de Rives.
Les boîtes crâniennes étaient en partie emportées par la balle et les cervelles se trouvaient sur le sol.
Le facteur Guigard qui était parmi les victimes avait la figure noire de coups.
Je précise que c’est le même soldat qui a commis toutes les exécutions.
 »
Jean-Pierre Vial, le garde-champêtre de Charnècles, déclara : «  Le dimanche 30 juillet 1944, vers 20h30 , j’ai appris par la rumeur publique que les troupes allemandes venaient de fusiller douze Français au carrefour de la route de Voiron. Je me suis rendu immédiatement sur les lieux où j’ai vu les douze corps des suppliciés allongés derrière la haie qui borde la route.
Ils se trouvaient étendus sur une longueur d’environ cent mètres et avaient été tués d’une balle dans la tête.
Certains avaient une partie du crâne arrachée et portaient des traces de coups sur le visage.
J’ai immédiatement prévenu Monsieur le Maire et nous avons rassemblé les douze corps en vue de leur transfèrement.
 »
Une victime, Claude Schoerlin qui respirait encore fut emmenée à l’hôpital de Rives (Isère) où elle décéda quelques heures plus tard.
Cinq victimes furent immédiatement identifiées et cinq autres, inhumées dans un premier temps dans le cimetière communal de Charnècles furent identifiées par la suite. Une dernière victime est demeurée non identifiée. Elle se trouve toujours enterrée à Charnècles.


Liste des victimes :
BAUMÖL Isaac
BERNARD Émile
BONIFACE Marcel
FAGNIEL Eugène
FERRAND Marius
GARNIER Paul
GUIGARD Henri
HEYRIÈS Roger
PERRON Victor
SCHOERLIN Claude
WOLMARK Charles
INCONNU


Le dernier prisonnier extrait de la prison de la caserne de Bonne, Georges Coquand, fut exécuté à Beaucroissant (Isère) le même jour vers 22h30.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Rhône, Mémorial de l’Oppression : 3808W 415, 434 et 450

Jean-Luc Marquer

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