Né le 2 octobre 1922 à Conches-sur-Ouche (Eure), mort en action le 29 février 1944 à Saint-Hippolyte-du-Fort ; tué à l’issue d’un combat avec des soldats de la division SS Hohenstaufen ; manœuvre spécialisé, résistant du maquis (Armée secrète) Bir Hakeim (du Languedoc)

Robert Rosse (1922-1944)
Robert Rosse, originaire de Normandie, vivait dans la région parisienne. C’était le fils d’Alber, Adrien Rosse et d’Hélène Breugnot, célibataire à sa naissance. Divers documents de son dossier du SHD de Vincennes donnent "Lucien" comme étant son troisième prénom. Toutefois, on trouve aussi celui de "Joseph". Ce dernier est consigné sur le jugement du tribunal du Vigan (Gard) modifiant son acte de décès sur le registre de l’état civil de Saint-Hippolyte-du-Fort. Son père habitait, en 1944 47 rue de Lorraine à Levallois-Perret. Avant d’entrer en clandestinité, Robert Rosse était « manœuvre spécialisé ». Réfractaire au STO il avait intégré le maquis Bir Hakeim de l’AS (Voir Capel Jean) le 3 septembre 1943. Il participa ainsi au premier combat du maquis à Douch (Hérault) le 10 septembre 1943. Il suivit ensuite les divers déplacements du maquis, d’abord dans le Béarn (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques) puis à nouveau dans l’Hérault. Le 14 février 1944, il participa (avec, entre autres Mallet, Demarne et Capel) à l’audacieux coup de main de Bir Hakeim contre l’intendance de police de Montpellier qui permit l’enlèvement d’une grande quantité d’armes et de matériel qui fut stocké à la Sivardière (Gard) et dans les environs.
En février 1944, il avait été envoyé à La Vacquerie (Hérault) où était stationné un groupe secondaire de Bir Hakeim qui assurait la garde d’un dépôt d’armes. Rosse était sous le commandement de Paul Demarne. Jean Mallet, venant également du mas de Serret (commune de Labastide-de-Virac, Ardèche), cantonnement du groupe maquis principal, se trouvait aussi à La Vacquerie.
En effet, le 25 février 1944, Jean Mallet reçut de Capel l’ordre de regagner, avec un groupe de maquisards, le mas de Serret ne se doutant pas que, le lendemain, il allait subir une attaque allemande. Le 29, Demarne, Mallet et Marcel de Roquemaurel* prirent la tête de ce groupe. Ils avaient à leur disposition une camionnette et une automobile de tourisme. Parmi eux, se trouvait un déserteur du maquis, Nougaret, qui avait été repris et que l’on amenait au mas de Serret afin de le juger. Ils ignoraient que les Allemands, en l’occurrence un détachement de la division blindée SS Hohenstaufen depuis peu en garnison à Nîmes (Gard), avaient investi le secteur de Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard), traquant d’autres maquis, notamment celui de René Rascalon (AS). Le convoi en provenance de La Vacquerie fut arrêté par un barrage allemand à l’entrée de Saint-Hippolyte-du-Fort, en provenance de Ganges (Hérault). Il força le barrage en tirant sur les Allemands. Après avoir essuyé une fusillade pendant leur traversée de la ville, les deux véhicules furent immobilisés, l’un à la place centrale, l’autre sous le viaduc du chemin de fer sous l’arche duquel se balançait toujours le cadavre de Roger Broussous*. Les hommes de Bir Hakeim purent se disperser et se cacher. Toutefois, Robert Rosse avait déjà été abattu. Il avait affronté les Allemands les armes à la main. Christian de Roquemaurel, un des chefs du maquis Bir Hakeim expliqua que "(…) placé sur la plate-forme d’un camion [se dirigeant de La Vacquerie (Hérault) aux Crottes (Ardèche)] [il] s’est défendu longuement, armé d’une mitraillette abattant plusieurs Allemands jusqu’à ce que blessé à plusieurs endroits il succombe à ses blessures".
Si le déserteur Nougaret en profita pour s’éclipser et se rendre aux Allemands à qui il donna de précieuses informations sur Bir Hakeim, Fortuné Donati et un autre « biraquin », Albert Lévêque furent blessés et purent échapper à la chasse à l’homme. Lorsque les Allemands évacuèrent le centre-ville, Fortuné Donati et Albert Lévêque furent transportés à l’hospice de Saint-Hippolyte-du-Fort où ils furent soignés par les docteurs Roman et Benkowski qui, jugeant leur état trop grave, les fit transporter à l’hôpital Gaston-Doumergue à Nîmes. Trahis par un collaborationniste, ils furent extraits de force de leur lit et pendus publiquement en ville avec treize autres hommes, toujours par des hommes de la division Hohenstaufen.
Robert Rosse d’abord inhumé au cimetière protestant de Saint-Hippolyte-du-Fort. Son décès fut enregistré le 29 février sur l’état civil de cette commune avec la mention "inconnu". Le tribunal du Vigan (Gard) fit rectifier cet acte lorsque , après la Libération, l’identité de Rosse eut été enfin établie. La mention de son nom fut porté sur son acte de décès le 1er décembre 1945.
Robert Rosse fut homologué sergent des FFI le 18 mars 1947. Ce grade correspondait à celui de "chef de groupe" auquel il avait accédé le 12 janvier 1944 au sein du maquis Bir Hakeim. Il avait été déclaré "mort pour la France" et avait été cité à l’ordre de la division avec, entre autres, la mention suivante : "Volontaire d’un courage et d’un dévouement exceptionnel". Son nom est gravé sur le monument aux morts de Saint-Hippolyte-du-Fort. Toujours dans la même commune, une plaque apposée 11 rue du Peyrou, à l’angle de la rue Roger Broussous, honore la mémoire de Robert Rosse. Sur cette plaque, la date de sa mort est bien le 29 février 1944 alors que, sur la plaque apposée sous l’arche du pont ou fut pendu Broussous, le nom de Roger Rosse figure aux côtés de ceux de de Raymond Bessède, Jean-Louis Baudouin et René Kieffer comme étant une victime des Allemands le 28 février 1944. Le nom de Robert Rosse est inscrit sur le mémorial de Mourèze (Hérault) érigé à la mémoire des membres du maquis Bir Hakeim morts en action ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944.
Sources

SOURCES : Arch. Service historique de la défense (SHD), Vincennes, 16 P 520715. — Claude Émerique, « Les pendus de Nîmes », in La Résistance dans le Gard, Paris, AERI, CDROM et livret d’accompagnement, 36 p. Paris, 2009. — Aimé Vielzeuf, Bloc-notes 44 (Dans le Gard, en attendant la liberté), Nîmes, Lacour, 1994, 150 + XXXII p. [voir plus particulièrement les pp. 27-29 et 31-33]. — Aimé Vielzeuf, En Cévennes et Languedoc. Au temps des longues nuits, Nîmes, Lacour, 2002, 276 p, le chapitre III, « De l’affaire de Saint-Hippolyte-du-Fort aux pendaisons de Nîmes (28 février-2 mars 1944) », pp. 104-195, plus particulièrement les pp. 168-172. — René Maruéjol, Aimé Vielzeuf, Le maquis Bir Hakeim, nouvelle édition augmentée, préface d’Yves Doumergue, Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p. [pp. 67-71]. — Site MemorialGenWeb consulté le 23 octobre 2019. — Site MemorialGenWeb consulté le 9 novembre 2019. — Site Mémoire des hommes, consulté le 9 novembre 2019, fiche « Rosse Robert ». Il y a aussi un dossier non consulté, à son nom au SHD, Caen, 21 P 145150.

André Balent

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