Le 22 juin 1944, un convoi d’évacuation de maquisards blessés lors des combats d’Anterrieux et Chaudes-Aigues est intercepté par une patrouille allemande venue de Saint-Chely-d’Apcher. Les 9 hommes sont massacrés à Saint-Just, devenu Val-d’Arcomie (Cantal). Seule Marinette Menut fut épargnée, exécutée quelques semaines plus tard à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Monument commémoratif 1939-1945 à Saint-Just, sur la route d’Estrémiac. Il est inscrit : A la mémoire des glorieux FFI, massacrés par les Allemands le 22/06/1944.
Suite aux combats du Mont-Mouchet, les maquisards se replièrent sur le réduit de la Truyère où de violents combats eurent lieu à Anterrieux et Chaudes-Aigues en particulier. Il y eut plusieurs dizaines de victimes parmi les FFI mais aussi de nombreux blessés. Le commandant Fournier estima que 70 à 80 blessés au cours des combats de Chaudes-Aigues furent achevés par les Allemands.
Deux colonnes de volontaires se forment pour tenter de les évacuer.
En qualité de médecin-chef du Service de Santé des FFI du Cantal, le docteur Paul Reiss dirigea l’évacuation des blessés après l’attaque allemande contre cet important réduit des Forces Françaises de l’Intérieur. Le 20 juin 1944, après la bataille de Chaudes-Aigues, il commanda une infirmerie à Maurines (Cantal).
La première, colonne, celle de l’infirmerie du réduit de la Truyère, commandée par l’abbé Julhes, composée de brancards, quitte Fridefond sans trop de difficultés malgré l’aviation allemande, pour rejoindre le réduit du Lioran. La seconde est celle de l’infirmerie de Maurines aux ordres du commandant Menut et dirigée par le docteur Reiss chargé de l’évacuation à dos d’hommes, puis en chars à bœufs des blessés du secteur encerclé de la Truyère. Sur une table de la mairie d’Albaret-le-Comtal, avec l’aide du philosophe et médecin, Georges Canguilhem, maître de conférences à la faculté des Lettres de Strasbourg, il réussit la première amputation de sa carrière avec des moyens de fortune.
Transportés par camions jusqu’aux gorges du Bès, les blessés sont brancardés sur les passerelles de l’usine électrique et d’abord cachés dans les fourrés de l’autre rive à même le sol.
Une partie de ce convoi échappant aux patrouilles de la Wehrmarcht va mettre deux longues journées avant d’atteindre Saint-Alban à l’abri de l’hôpital psychiatrique. 56 sur 65 blessés sont ainsi sauvés.
La seconde partie n’eut pas cette chance. Huit parmi les blessés les plus graves furent répartis dans des fermes avant leur évacuation par un convoi parti du secteur de d’Albaret-le-Comtal (Cantal) et se dirigeant vers Le Malzieu (Lozère). C’est en arrivant le 22 juin 1944 vers 15 heures au lieu-dit Lacoste, village d’Estremiac, commune de Saint-Just, devenue Val-d’Arcomie (Cantal) que le convoi fut intercepté par une patrouille allemande, forte de 100 à 150 hommes, venant de Saint-Chély-d’Apcher (Lozère).
Le docteur Paul Reiss fut immédiatement tué d’une balle dans la tête, de même que l’un des deux autres accompagnateurs, Paul Lafaye, père de Marinette Menut. Sept blessés étaient ensuite achevés sur leur chariot à coups de crosses et de tirs dans le visage. Marinette Menut figurait également dans le convoi mais elle fut arrêtée et exécutée plus tard à Clermont-Ferrand après avoir été torturée.
Le commandant Alfred Fournier, chef de la zone 9 et du maquis de La Truyère, groupe Revanche, se dit persuadé que l’arrestation du convoi fut le résultat d’une dénonciation. Le témoignage d’un paysan fit état d’une rumeur publique confirmant une dénonciation des blessés puis l’exécution du délateur par les FFI à Saint-Chély-d’Apcher.
Ces morts ont été reconnus comme crimes de guerre.
Le nom des victimes apparaît sur le monument commémoratif 1939-1945 à Saint-Just, devenu Val-d’Arcomie.
Liste des victimes
APCHER Raymond
ESPAGNOL Jean
LAFAYE Gilbert
MARSAL Émile
MENUT Marinette arrêtée à Saint-Just, exécutée à Clermont-Ferrand
NORMAND Gérard
REISS Paul
ROUGIER Noël
THIEBAUT Louis
TUCHOLSKI Alexandre
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 908 W 149. Enquêtes pour crime de guerre à Saint-Just .— Gilles Lévy, "Le centre de Résistance de la Truyère, l’un des réduits du groupe Auvergne du groupement du Massif Central", Le Lien, http://lesamitiesdelaresistance.fr/lien19-levy_truyere.pdf .— Mémorialgenweb.

Eric Panthou

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