Né le 3 juin 1921 à Aslonnes (Vienne), décapité après condamnation à mort le 3 décembre 1943 à Wolfenbüttel (Allemagne) ; employé de la Banque de France ; résistant, réseau Renard.

Paul Préaux était le fils de Gaston, Louis Préaux militaire et d’Élisa, Marie Darmagnac. Il naquit vraisemblablement au domicile de ses grands-parents Pierre et Pauline Darmagnac, domiciliés au hameau de Vintray, commune d’Aslonnes. Son père Gaston était né le 8 août 1893 à Clichy de parents, Victor et Louise Préaux, marchands des quatre saisons. Devenu orphelin très jeune, Gaston Préaux fut admis par le comité de l’Union Française pour le Sauvetage de l’Enfance (UFSE) comme pupille de cette association. L’UFSE, l’une des premières associations laïques à s’intéresser au problème des enfants abandonnés, avait été fondée en 1887 par Pauline Kergomard et Caroline de Barrau. En 1891 commencèrent les premiers placements familiaux avec la recherche de familles d’accueil, surtout en campagne. Dans le même temps l’UFSE s’assurait que les enfants allaient bien à l’école et prévoyait des formes d’encadrement avec visites régulières. Gaston Préaux fut envoyé dans le département de la Vienne à Verrières, où il apparaît au recensement de 1906 comme pensionnaire chez François Augris, propriétaire, tandis que sa sœur Louise est placée dans le même village chez Auguste Bodin, jardinier.
Gaston Préaux s’engagea dans l’armée pour 4 ans le 29 octobre 1912. Il fit toute la première guerre mondiale comme combattant, promu maréchal des logis en février 1916 puis adjudant en septembre 1919. Il fit partie du corps expéditionnaire français en Russie de septembre 1918 à mai 1919, puis participa de novembre 1920 à octobre 1923 à l’occupation des pays rhénans. Entre temps, il s’était marié à Aslonnes (Vienne) le 7 avril 1920 avec Élisa, Marie Darmagnac née le 21 octobre 1897 à Aslonnes. Son fils Paul y naquit alors que son père était militaire en Allemagne. Gaston Préaux resta dans l’armée jusqu’en 1927. En octobre 1924 il fut envoyé à Versailles suivre les cours techniques du centre d’études des chars de combat et devint adjudant ouvrier en août 1925. Il fut affecté à la 5ème Compagnie des chars de combat, section de Poitiers, comme adjudant-chef ouvrier. Il quitta l’armée en octobre 1927, s’installant à Poitiers comme mécanicien. La famille où était née Jacqueline en 1924, demeurait 16, boulevard Solférino.
Paul Préaux après sa scolarité primaire et l’obtention du certificat d’études primaires poursuivit sa scolarité à l’École Primaire Supérieure (EPS) de Poitiers où il obtint le Brevet élémentaire (BE) puis le Brevet supérieur (BS). Catholique et patriote, il milita au PSF (Parti Social Français) parti politique de la droite conservatrice et nationaliste, fondé par le colonel François de La Rocque. En 1940, alors que sa classe d’âge n’était pas encore mobilisable, il s’engagea dans l’armée, affecté au 501ème régiment de chars de combat. Il participa aux derniers combats de l’armée française, fait prisonnier à Saint-Sauvant au sud de Poitiers. Il parvint à s’évader et à rejoindre sa famille à Poitiers. Il tenta ensuite de gagner le Royaume-Uni par l’Espagne afin de répondre à l’appel du général De Gaulle, choisissant donc la Résistance dès le début de l’occupation. Arrêté par la police espagnole, il parvint de nouveau à s’évader et à regagner Poitiers.
Il entra en janvier 1941 à la Banque de France comme employé stagiaire. Il s’engagea activement dans la Résistance dans l’année 1941 rejoignant le réseau Renard, l’un des premiers réseaux de Résistance. Louis Renard, avoué à Poitiers, y avait créé un réseau d’inspiration gaulliste, actif sur le secteur de Poitiers dans les domaines de la propagande (« Le Libre Poitou »), de la collecte de renseignements sur l’occupant et des filières de passage de la ligne de démarcation. Vraisemblablement recruté par Louis Toussaint, l’adjoint de Louis Renard, et qui avait son professeur à l’EPS, Paul Préaux reçut rapidement des responsabilités dans le réseau pour des missions de liaison et auprès des jeunes. Admis à la Compagnie des chemins de fer algériens, au siège de Marseille, fin août 1942 il se préparait à rejoindre son poste, après son départ de la Banque de France prévu pour la mi-septembre 1942, lorsqu’il fut arrêté avec son père, également membre du réseau Renard, par la SIPO - SD le 10 septembre 1942. En effet à la suite d’excès de zèle manifestes tant de l’administration des PTT que de la police française et du préfet, tous désireux au moment de la signature des accords Oberg/Bousquet de prouver leur pleine collaboration avec l’Allemagne, le réseau fut démantelé à la fin de l’été 1942.
Paul Préaux fut incarcéré avec tout le groupe Renard, dans la section allemande de la prison de Pierre-Levée à Poitiers. Il fut avec 28 de ses compagnons transféré à la prison de Fresnes le 12 février 1943. Ils furent ensuite déportés vers Trèves le jeudi 18 février dans un transport NN parti de la gare de l’Est ; les déportés furent placés dans des wagons de voyageurs aménagés en wagons cellulaires, accrochés au train Paris-Berlin. Sur les 39 hommes déportés dans ce transport, se trouvaient les 29 membres du réseau Renard. Après une journée de voyage, le transport parvint en gare de Trêves. Le lendemain ils prirent un autre train en direction de Reinsfeld, à 7 kilomètres du SS-Sonderlager Hinzert où ils durent se rendre à pied. Le 19 avril 1943, les rescapés du réseau Renard furent transférés à la « prison de prévention » de Wolfenbüttel (Basse-Saxe, Allemagne) pour être jugés. Fin mai, onze d’entre eux dont Paul Préaux reçurent notification écrite d’une accusation portée contre eux pour « complot contre l’armée allemande, de préparation d’un soulèvement armé et d’intelligence avec l’ennemi » et devant conduire à un procès devant le tribunal du peuple (Volksgericht). Le tribunal du peuple était divisé en 6 sénats ou chambres. L’un d’entre eux vint siéger les 12 et 13 octobre 1940 à Wolfenbüttel. A l’issue d’une procédure uniquement à charge, les dix accusés restant après la mort de Georges Duret en prison, et Paul Préaux parmi eux, furent condamnés à mort le 13 octobre 1943 pour le motif suivant : « membre d’un groupement gaulliste en relation avec l’ennemi et portant atteinte à la sûreté des troupes d’occupation ». Ils furent décapités le 3 décembre 1943 entre 18 heures 30 et 18 heures 40 dans un bâtiment de la prison. Paul Préaux parvint à chanter la Marseillaise en se rendant au lieu du supplice.
Paul Préaux obtint les mentions mort pour la France, déporté et interné de la Résistance (DIR) et mort en déportation. Il fut fait à titre posthume capitaine de l’armée française, chevalier de la Légion d’honneur, et obtint la Croix de guerre avec palme et la médaille de la Résistance. Son nom est inscrit sur les monuments aux morts d’Aslonnes, sa commune natale. Son nom figure également sur le monument commémoratif du réseau Renard au cimetière de Chilvert à Poitiers qui comprend 11 plaques, celles des dix condamnés à mort et celle de Georges Duret. Des stèles à la Banque de France de Poitiers et au siège parisien de la banque dans le 1er arrondissement, rappellent sa mémoire. En 1997, son nom a été donné à une rue d’Aslonnes.
Son père Gaston Préaux (1893 - 1968) ne fut pas condamné à mort et fut interné après Hinzert et Wolfenbüttel, à Gross Rossen puis à Dachau où il fut libéré le 29 avril 1945, rapatrié le 31 mai 1945. Il fut également promu capitaine de l’armée française en janvier 1947.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Vienne (état civil, registre matricule, recensements) — SHD Vincennes GR 16 P 490296 (à consulter) — Jean Henri Calmon La chute du réseau Renard. Poitiers 1942. Le S.S., le préfet et le résistant, Geste éditions, 2015 — Jean Henri Calmon Discours pour le remise en place de la stèle de Paul Préaux à la Banque de France. 6 juin 2109— site internet VRID (Vienne, Résistance, Internement, Déportation) — Mémoire des hommes — Mémorial genweb — État civil.

Michel Thébault

Version imprimable