Pendant cette période durant laquelle fut préparée puis accomplie la libération du chef-lieu du département de Charente, les combats et les représailles provoquèrent la mort d’au moins 25 personnes, 18 résistants et 7 civils. Ce bilan doit être considéré comme provisoire.

La libération d'Angoulême, carte 1 : la convergence des groupes de résistants
La libération d’Angoulême, carte 1 : la convergence des groupes de résistants
Crédit : CD-Rom AERI, La Résistance en Charente (2005)
La libération d'Angoulême, carte 2 : l'investissement de la ville par les résistants
La libération d’Angoulême, carte 2 : l’investissement de la ville par les résistants
Crédit : CD-Rom AERI, La Résistance en Charente (2005)
La libération d'Angoulême. Légende des cartes
La libération d’Angoulême. Légende des cartes
Crédit : CD-Rom AERI, La Résistance en Charente (2005).
A la mi-août 1944, la percée américaine en Normandie et le débarquement franco-américain en Provence menaçaient d’encerclement les troupes allemandes stationnées dans le sud-ouest de la France. En conséquence de quoi, elles reçurent le 19 août un ordre de repli général. A partir de la libération de Limoges par les FFI du colonel Guingouin le 21 août 1944 et la fermeture de la route nationale 20, la route nationale 10 devint la seule voie encore libre vers le nord et l’Allemagne. La dernière formation de la Wehrmacht à s’y engager fut la colonne du général Elster, ou Marshgrupp Elster, composée d’éléments disparates, forte de 20000 hommes, qui se forma autour de Libourne les 20-21 août 1944. Elle se dirigea vers le nord de nuit et à marches forcées, harcelée par les résistants et l’aviation alliée. Elle intégra au cours de sa remontée les garnisons des villes situées sur son passage.
En Charente, la Résistance fut renforcée, à la fin du mois d’août, par des formations de l’Armée secrète et des FTPF venues de Dordogne. Pour tous les combattants, le carburant était un enjeu essentiel. Cela conduisit, dès le 18 août, à un important accrochage à Angoulême entre un détachement de maquisards et des soldats de la garnison allemande. Des résistants de la Brigade RAC (du pseudonyme de son chef Rodolphe Cézard, alias Rac, de l’Armée secrète), une formation constituée dans le nord de la Dordogne, s’emparèrent d’un camion d’essence allemand et obligèrent son chauffeur à le conduire hors de la ville. Mais route de Bordeaux, ils croisèrent une unité de la Wehrmacht. Alertés par le chauffeur, les Allemands ouvrirent le feu et immobilisèrent le camion sur le bas-côté. Les résistants Jean CHABANEIX et Georges LAUTRETTE furent tués lors de l’accrochage. Le même jour, et semble-t-il aussi route de Bordeaux, cinq civils furent abattus – soit victimes des échanges de tir entre résistants et Allemands – soit tués en représailles. Il s’agit de Mohamed BEN BRAHIM, Émile CHAMBORD, Adhémar CHATAGNON, Guy DELPÉRIER et Jean-Marie GUYOT.
Les jours suivants, d’autres accrochages provoquèrent des victimes parmi les maquisards et les civils, notamment le 24 août à Mouthiers-sur-Boëme, Fouquebrune et Condac, puis à Barbezieux (27-30 août).
Fin août, les formations de maquisards convergèrent vers Angoulême venant du sud (la Brigade RAC et la Section Spéciale de Sabotage de Jacques Nancy) et de l’est : les FTP du bataillon Soleil de René Coustellier, du maquis Bernard (Bernard Le Lay), du groupe Ricco du nom d’Angelo Ricco, ancien officier italien et brigadiste, commandant d’un détachement FTP de Dordogne ; d’autres éléments de la Section Spéciale de Sabotage de Jacques Nancy ; le maquis Bir Hacheim (Armée secrète) ; des éléments de l’ORA. Les maquisards pouvaient compter sur l’appui d’une mission alliée (SOE et Jedburgh) avec Robert Maloubier (Bob), Jacques Dufour et Roger Landes (Aristide) venu de Bordeaux. (Cf. cartes).
Le 31 août, la ville d’Angoulême fut libérée par ces formations unies au sein des FFI. Tandis que le gros des forces allemandes quittait la ville vers Poitiers et La Rochelle, des éléments d’arrière-garde protégèrent leur repli. Dans les combats, au moins neuf résistants trouvèrent la mort : Adrien FAURIE, Émile HASSEL, André LALARDIE, MENOTTI, Jean-Marie POTEL, Armand PRAT, Gilbert REVIDAT, James ROUSSEAU et Maurice SARLAT. Il y eut deux victimes civiles : Françoise CANTET et son fils Paul.
Le 1er septembre, l’explosion de mines à retardement laissées par les Allemands dans une caserne, le quartier Fayolle, firent sept victimes parmi les FFI : Yvon BISTODEAU, Joseph CALVEZ, Georges D’AUBUISSON, Marcel LAGADEC, Eugène MAZILLE, Georges POUGET et Pierre REBEYROL.
Il est fort possible - et même probable – que ce bilan nominatif des pertes des résistants et des victimes civiles soit inférieur à la réalité. Le site de l’AJPN évalue les pertes de la Résistance à 51 combattants. Cette monographie est donc provisoire, dans l’attente d’un dépouillement des actes de décès enregistrés à Angoulême durant cette période.
Sources

SOURCES : CD ROM AERI La Résistance en Charente, La Libération d’Angoulême, 2005. — Guy Hontarrède, La Charente dans la Seconde Guerre mondiale, Dictionnaire historique, Saintes, Le Croît vif, 2004. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb.

Dominique Tantin

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