Né le 15 mars 1904 à Seynod (Haute-Savoie), exécuté sommairement le 10 août 1944 à Vieugy, ex-commune de Seynod, auj. Annecy (Haute-Savoie) ; militaire de carrière ; résistant de l’Armée secrète (AS).

Fils de Joseph et de Louise Marie Debornes son épouse, marié à Marie Augustine Soudan et père d’un enfant, Jean Joseph fit carrière dans l’armée. Durant la guerre 1939-1940, il était adjudant-chef au 27è B.C.A. d’Annecy. Il fit toute la campagne de France, se battit sur l’Aisne et sur l’Ailette. Le commandant Mazaud écrivit à son sujet : « l’adjudant Ducrettet, chargé de la surveillance du matériel, mérite, lui aussi, une mention spéciale. Technicien confirmé, maintenu dans ses fonctions au moment de sa promotion au grade d’adjudant, a formé de bons conducteurs ; soucieux à tout moment de ses véhicules, il les a maintenus en parfait état de roulement ». Aucun engin motorisé ne manqua à l’appel lors des replis successifs du bataillon après les très durs combats de l’Aisne.
Jean réussit à gagner à Annecy en juin 1940. Comme d’autres Français, il ne put accepter la défaite et dès 1940, par patriotisme, il œuvra aux côtés du commandant Vallette d’Osia qui venait d’être nommé chef du bataillon annécien reconstitué dans le cadre de l’Armée d’armistice. C’est ainsi qu’il « entra dans la Résistance » au sein de l’Armée Secrète (A.S.). Alias Dudulle, il était responsable des services des transports. Il organisa un réseau de renseignements, de contacts à partir des distributeurs d’essence du département.
Démobilisé en 1942, il s’installa à Thônes, au garage Perrotin, où il était officiellement chauffeur. Une anecdote montre bien la droiture d’esprit de ce sous-officier : « un jour, se souvient Alphonse Métral, il a pour mission avec trois autres camarades d’aller chercher une voiture dans une ferme de Manigod. A l’un de ses camarades qui a trouvé une savonnette en furetant dans la maison vide et qui se l’ait appropriée (véritable trésor en ce temps-là), il dit gentiment mais fermement : - remet la savonnette en place. Notre mission est de trouver et de ramener cette voiture, pas de voler une savonnette ». Jean était quelqu’un de confiance, qui menait ses missions à leur terme sans faillir.
Dans la nuit du 1er au 2 août 1944, nuit qui suivit le grand parachutage allié sur Glières, il rentra à Annecy avec trois de ses camarades, dont Paul Perrillat-Boiteux. Ses amis voulurent l’empêcher de poursuivre car c’était trop dangereux. Jean refusa, car il possédait des faux papiers et il pensait qu’il n’avait rien à craindre. Par malchance, au col de Bluffy il « tomba » sur une patrouille de la Milice française et il fut immédiatement arrêté en compagnie de Paul Perrillat-Boiteux*. Ils furent internés à la maison d’arrêt départementale d’Annecy.
Questionné, probablement torturé, il fut sorti de la prison par les hommes du capitaine Krist et fusillé le 10 août 1944 au Pré Dalle, à Vieugy (acte de décès Annecy 478/1944). (Mémorial de l’oppression 3808 W 1540).
Il repose maintenant dans la nécropole militaire nationale de Morette, près de Thônes, tombe n°28. Il fut déclaré « Mort pour la France » le 12 novembre 1945. Un monolithe de granit a été érigé en 1948 sur le lieu de l’exécution de 40 patriotes à Vieugy (Seynod) et un panneau explicatif a été dressé à proximité, en 2004. Une plaquette récapitulative est disponible en mairie de Seynod. D’autre part l’adjudant-chef Ducrettet figure sur les plaques de marbre gris du monument élevé aux morts du 27è B.C.A. dans la cour du Quartier Tom Morel à Cran-Gevrier (Haute-Savoie) et sur le Mur souvenir, élevé à l’entrée de la nécropole de Morette. La Médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume par décret en date du 15 juin 1946.


Voir Vieugy, ex-commune de Seynod, auj. Annecy (Haute-Savoie), 15 juin-10 août 1944
Sources

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. . — Hommage aux 450 fusillés ou massacrés de la Résistance en Haute-Savoie, CRD74, éditions de l’ANACR, 2018.

Michel Germain

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