Né le 18 février 1919 à Carcassonne (Aude), mort le 12 juin 1944 à Bonrepos-sur-Aussonnelle (Haute-Garonne) ; employé municipal à Toulouse (Haute-Garonne) ; résistant (CAS, Comité d’action socialiste, SFIO clandestine ; Mouvements unis de la Résistance ; Armée secrète ; maquisard à Saint-Lys (Haute-Garonne)

Abel Autofage (1919-1944)
Source : Mémorial François verdier, Toulouse
Abel Autofage était le fils d’Alponse, Marius, comptable, et de Jeanne Demai âgés respectivement de trente-et-un et vingt-neuf ans en 1919. Né à Carcassonne,il était installé à Toulouse, ville dont il était employé des services municipaux. D’abord surveillant du service du nettoiement, il était devenu sapeur-pompier le 1er mai 1942. Il se maria le 1er août 1942 à Toulouse avec Jeanne, Marie Pujol.
Il intégra la Résistance dans le sillage de Jean Chaubet, un instituteur socialiste révoqué par Vichy, fondateur et dirigeant du mouvement Franc-Tireur à Toulouse. L’appartenance d’Autofage à Franc-Tireur n’est pas établie. Mais nous savons qu’il adhéra au CAS (SFIO clandestine) aux Mouvements unis de la Résistance (MUR) et à l’Armée secrète (AS). Faisant partie des groupes résistants animés par Chaubet il répondit à son appel, après le 6 juin 1944, de rejoindre le maquis de l’AS qu’il était prévu de constituer dans les environs de Saint-Lys (Haute-Garonne).
Le 7 juin 1944, des hommes recrutés pour gagner les cantonnements du le maquis de Saint-Lys — parmi lesquels Abel Autofage — quittèrent leur domicile, à Toulouse ou dans les environs immédiats. Le maquis s’installa initialement au château de Gagen situé sur le territoire de la commune de Bonrepos-sur-Aussonnelle, à proximité de la RD 67 qui relie Saint-Lys à L’Isle-Jourdain et du croisement de cette dernière avec la RD 68 qui relie Fonsorbes à Bonrepos-sur-Aussonnelle. Dès le 11 juin, les hommes qui s’y trouvaient étaient en train d’être dirigés vers d’autres cantonnements, au château de Candelé, à proximité de Gagen, et vers Mérenvielle (Haute-Garonne), commune limitrophe du Gers. Ce transfert ne put s’effectuer du fait de l’attaque allemande. Au maquis, Abel Autofage assura les fonctions d’armurier.
Le 12, il ne restait plus qu’une trentaine d’hommes à Gagen. Le 12 juin, 1944, en fin d’après-midi, surgit, à proximité de Gagen, une colonne de la division blindée Das Reich. Celle-ci, formée de trois compagnies cantonnées jusqu‘au 10 juin au matin dans des villages du sud de Toulouse Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies du 3e bataillon du régiment SS Deutschland de la division blindée SS Das Reich quittèrent les villages où elles stationnaient, au sud de Toulouse, en Haute-Garonne, dans les basses vallées de l’Ariège et de son affluent, la Lèze. Leur mission de destruction de maquis et de répression des populations civiles commença au petit matin d’un samedi pluvieux. Le 10 juin leur action meurtrière s’exerça en Comminges (Haute-Garonne), marginalement en Couserans (Ariège) et, le 11 juin en Bigorre (Hautes-Pyrénées). Les SS se livrèrent à des massacres de civils et de résistants. Ce ne fut pas par hasard que les SS attaquèrent le château de Gagen, cantonnement du maquis de Saint-Lys. Ils connaissaient apparemment le lieu car, la veille une voiture conduite par un militaire allemand avait été attaquée par des résistants d’un autre maquis, celui de Mangane. Or, les Allemands ont attaqué sans hésiter le maquis de Saint-Lys. Disposaient-ils de l’information avant leur départ, ce qui justifierait qu’ils aient un détour, pour leur retour, par le Gers. Ou ont-ils glané des informations auprès de civils locaux pendant leur passage dans le secteur ? Ou, encore, ont-ils été informés par des « traitres » présents dans les rangs du maquis ? Toutes ces hypothèses ont été formulées. Ils ignoraient cependant que le transfert des hommes du maquis de Gagen vers le Candelé était déjà bien avancé. Les maquisards présents à Gagen furent surpris. Ils essayèrent de se replier vers le Candelé en se réfugiant dans un premier temps dans les bois proches. Un groupe comprenant Eugène Lozes, André Bousquairol, Abel Autofage, Lucien Lafforgue, André Cavagnol, Joseph Vié, Bordes, Rucosa et Séguela couvrait la retraite du gros de l’effectif, parmi lesquels Jean Chaubet. Les cinq premiers furent tués. Lors de ce repli depuis Gagen, André Cavagnol avait été chargé de transporter au Candelé les archives du maquis. À la ferme de Cambrai, les Allemands mirent en batterie un fusil-mitrailleur et tirèrent sur le groupe qui se déplaçait. Abel Autofage et Lucien Lafforgue furent les premiers atteints par les balles allemandes, peu avant Cavagnol et Bousquairol. Jean Chaubet, Joseph Vié et Jean Micoud furent ensuite tués plus loin.
Abel Autofage reçut la mention « mort pour la France ». En octobre 1944, le conseil municipal de Toulouse donna son nom à une des rues de la ville. Son nom figure sur le monument commémoratif érigé à la sortie du village de Bonrepos-sur-Aussonnelle, vers Saint-Lys. Sur cette plaque est gravée, avec les noms, l’inscription suivante : « Le maquis de Saint-Lys à ses camarades des Corps francs de Libération morts au combat du 12 juin 1944 ». Une plaque y a été apposée à sa base avec leurs noms et l’inscription suivante : « Aux victimes civiles de la barbarie nazie du 12 juin 1944 ». Il est également gravé : sur le monument aux morts de Saint-Lys appartenant à toutes les catégories de victimes de la Seconde guerre mondiale, parmi lesquelles celles du maquis de Saint-Lys (on y a rajouté ultérieurement les morts de la guerre d’Algérie) ; sur la plaque commémorant la mémoire des employés municipaux de Toulouse morts pendant le Seconde Guerre mondiale, apposée dans la mairie de Toulouse.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Aude 5 E 69/559, état civil de Carcassonne, acte de naissance d’Abel Autofage et mention marginale. — Michel Goubet, « Le mouvement Franc-Tireur [en Haute-Garonne] » ; « Le maquis et le combat de Saint-Lys 12 juin 1944 » in La Résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, « La Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [pp. 395-397, p. 542]. — Philippe Viguier, Le maquis de Saint-Lys 1944, sl., sd. [1985], 22 p. — Bulletin municipal, Toulouse, octobre 1944. — Site MemorialGenWeb consulté le 1er février 2020.

André Balent

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