MÉNÉGOZ Marc, Gustave, Henri, dit « Marco » [alias « HENRI » ou « PAUL » dans la clandestinité]
Né le 1er août 1927 à Paris (XIVe arr.), mort le 21 juillet 1944 à Arbonne-la-Forêt (Seine-et-Marne) fusillé à la plaine de Chanfroy avec d’autres résistants et/ou otages ; lycéen ; résistant du maquis d’Achères-la-Forêt (FTPF)
Marc Ménégoz avait un frère, Robert né le 17 juin 1926 à Saint-Contest (Calvados) et mort le 18 mai 2013 à Bagnols-sur-Cèze (Gard).
Domicilié à Lisieux, Marc Ménégoz, poète, publia dans les Feuillets du 81, On comprend qu’il ait été attiré par la fréquentation de poètes et écrivains connus de son demi-frère Robert et qu’il allait retrouver au maquis d’Achères-la-Forêt.
Le maquis FTPF commandé par André Prenant jeune étudiant en géographie, établit son cantonnement dans la forêt de Fontainebleau, d’abord au lieu-dit Les Berlots puis à la Plaine de Chanfroy, près d’Arbonne-la-Forêt. Mme Romagon plus tard conseillère municipale à Issy-les-Moulineaux, et André Prenant assuraient la liaison avec l’état-major parisien des FTPF. Ses effectifs étaient limités : Robert Rius, Germinal Matta, Marc et Robert Ménégoz, Jean Simonpoli, Laurent Poli, Dominique Poli garde forestier du Grand veneur, forêt de Fontainebleau, Marie Agostini, née Poli, plus tard secrétaire à l’École normale supérieure de filles, 52 boulevard Jourdain à Paris (XIVe arrondissement), Guy, brigadier des Eaux-et-Forêts à Ury (Seine-et-Marne) et quelques autres.
L’existence du maquis et son emplacement furent révélés aux Allemands par les indiscrétions d’un nommé Barbot ou Barbeau d’Ury (Seine-et-Marne) — qui se disait en relations avec le BOA (bureau des opérations aériennes) — et celles de Robert Loiseau, laitier à Achères-la-Forêt. En ce qui concernait Barbot, il s’agissait plutôt d’une provocation au profit des Allemands. Ceux-ci purent donc monter une embuscade afin de démanteler le maquis. Simonpoli avait pris contact avec Barbot, prétendument du BOA. Celui-ci promit de partager les armes parachutées pour cet organisme. Prenant intercepté par la compagnie d’Allemands qui était stationnée à Achères-la-Forêt réussit à prendre la fuite et se rendit à la plaine de Chanfroy où il rencontra Simonpoli à qui il indiqua les dangers du rendez-vous. Celui-ci fut malgré tout maintenu.
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1944, la Sipo-SD de Melun se trouvait sur la route de La Chapelle-la-Reine à Amponville (Seine-et-Marne), le long de l’itinéraire prévu par Barbot. Lorsque Prenant revint au camp de la plaine de Chanfroy, il le trouva bouleversé sens dessus dessous
Mar Ménégoz fut donc arrêté avec ses camarades le 4 juillet 1944.
Détenus à la prison de Fontainebleau (Seine-et-Marne), les maquisards FTPF d’Achères-la-Forêt, au nombre de six, (Robert Rius ; Charles-Jean Simonpoli ; Laurent Poli alias « Julien », garde forestier à Achères-la-Forêt né à Paris le 4 mai 1924 ; Germinal Matta alias « Jacques », 19 ans, communiste ; Marco Ménégoz alias « Paul », 16 ans et (demi-frère) de Robert, jeune poète des Feuillets du 81, de Lisieux, Calvados ; René Girard, ouvrier agricole à Villebéon, né le 11 janvier 1920 à la Selle-sur-le-Bied, Loiret [mais la présence de ce dernier dans le maquis n’est pas mentionnée dans le rapport d’André Prenant ni attestée dans les divers témoignages]), furent torturés sous la direction de Wilhelm Korf chef adjoint de la SIPO-SD de Melun, « spécialiste » de la propagande des organisations de résistance. Marc Ménégoz, comme ses camarades, fut condamné à mort par les Allemands à l’issue d’une procédure sommaire. Avec vingt-et-un autres détenus des geôles allemandes, Robert Rius fut conduit, le 21 juillet, à la plaine de Chanfroy au lieu-dit Les sablons (commune d’Arbonne-la-Forêt) dans la forêt de Fontainebleau. Ils y furent abattus au pistolet-mitrailleur avec d’autres résistants : 8 du maquis « Bara » de Moisenay (Seine-et-Marne), 6 du maquis de Villebéon et deux autres (du Front national ou des FTPF). Au total 22 résistants furent tués ce jour-là.
Le corps de Marc Ménégoz fut retrouvé dans la fosse d’Arbonne-la-Forêt, dans la plaine de Chanfroy. Il fut ensuite inhumé à Fontainebleau.
Marc Ménégoz fut homologué « soldat des FFI » du groupe FTPF d’Ampouville commandé par André Prenant. Il reçut la mention « Mort pour la France » le 25 avril 1950. Cette année-là, sa mère qui résidait à Lisieux (Calvados), 1 rue Sainte-Marie et lorsque elle séjournait à Paris chez Mme Chabrun (épouse d’un résistant, ami de son fils aîné et de Robert Rius), 35 boulevard Arago (13e arrondissement) puis 1 bis rue du Pot-de-fer (Ve arrondissement), effectua des démarches afin de régulariser la situation de son fils. Elle obtint qu’il reçût cette mention et fit également des démarches beaucoup plus tard, le 24 mars 1964 (à cette date, Mme Genestal habitait à Vaucotes, par Yport, Seine-Maritime), couronnées de succès afin qu’il fût classé « interné politique » par la commission de contrôle de la Seine-et-Marne consultée par le préfet du département. L’Association des Anciens combattants FFI et FTPF et de leurs amis attesta qu’il avait été engagé volontaire dans les FTPF à compter du 1er juin 1944. Le 11 avril 1962, l’ARAC appuya la demande de Mme Génestal afin qu ‘elle obtînt une pension d’ascendant.
Son père, Pierre Ménégoz eut des problèmes après la Libération avec la fédération du Calvados du PCF. il fut notamment accusé d’avoir détourné des fonds du Front national perçus avant la Libération pour soutenir l’action des maquis normands de la région de Lisieux.
SOURCES : AVCC, 21 P 88768, dossier Marc Ménégoz (en particulier la lettre de Munier, liquidateur du Front national, 9 novembre 1961). — SHD Vincennes, GR 16 P 410438. — Maryvonne Braunschweig, professeur d’histoire et de géographie (dir.), Fontainebleau Avon 1940-1945. À travers plaques, stèles et monuments. Faits de résistance, répression et persécutions, dossier réalisé par des élèves de la 3e D du collège « de la Vallée » d’Avon (Mélanie Boichart, Marion Cognaux, Émilie Coiffard, Céline Graber et la participation d’Awa Diouf et de Laure Vigier (classe de 3e A) pour le concours de la Résistance et de la déportation, 1999, 168 p. — "Des maquis ...en Île-de-France", Le Journal de la Résistance, 1273-1274, 2013, pp. 6-7. — Site Mémoire des hommes. — Courriel d’Yvette Génestal, fille d’Henri Génestal, (soeur de Gabrielle Génestal, mère de Marco Ménégoz), 20 février 2020.
André Balent