Né le 26 juillet 1906 à Toulouse (Haute-Garonne), mort en action de combat le 12 juin 1944 à Bonrepos-sur-Aussonnelle (Haute-Garonne) ; employé de l’Assistance publique de la ville de Toulouse ; militant du Parti socialiste SFIO ; résistant du NAP des administrations municipales de Toulouse et du mouvement La France au combat ; combattant du maquis de l’Armée secrète (AS) de Saint-Lys (Haute-Garonne)

Eugène Lozes (1906-1944)
Eugène Lozes était le fils de Gaudens, Marie, journalier et de Victorine Denat. En 1906, ils étaient âgés respectivement de quarante-quatre et trente-huit ans. Eugène Lozes avait deux frères plus âgés, Émile et Marcel, tous deux morts pendant la Première Guerre mondiale. Il se maria à Toulouse le 25 octobre 1928 avec Yvonne, Henriette Benech. Le couple eut deux enfants.
Employé municipal, il travaillait au service de l’assistance publique de la ville. Il adhérait avant 1940 au Parti socialiste SFIO. En 1936, Eugène Lozes était secrétaire du groupe socialiste SFIO "Albert Bedouce" de Toulouse. Initié à la franc-maçonnerie, il était membre de la loge toulousaine 280 La Vérité de la Grande loge de France.
Dès 1940, Eugène Lozes avait rejoint les rangs de Résistance. Il fut membre du Noyautage des administrations publiques (NAP) de la mairie de Toulouse lié au mouvement Combat puis aux MUR (Mouvements unis de la Résistance). D’après certaines sources, Lozes appartenait au mouvement La France au Combat. Habitant rue Mascard dans le quartier de Bonhoure-Guilhemery, il était en contact avec les groupes de résistants qui s’étaient regroupés autour de Jean Chaubet socialiste animateur du Franc-tireur puis des MUR. Dès l’automne 1943, Chaubet avait recruté des volontaires disposés à rejoindre le maquis qu’il projetait de créer dans les environs de Saint-Lys (Haute-Garonne). Beaucoup habitaient le même quartier, adhéraient ou sympathisaient avec la SFIO ou avaient des liens avec la franc-maçonnerie.
Le 7 juin, des hommes recrutés pour gagner les cantonnements du le maquis de Saint-Lys, quittèrent leur domicile, à Toulouse ou dans les environs immédiats. Le maquis s’installa initialement au château de Gagen situé sur le territoire de la commune de Bonrepos-sur-Aussonnelle, à proximité de la RD 67 qui relie Saint-Lys à L’Isle-Jourdain et du croisement de cette dernière avec la RD 68 qui relie Fonsorbes à Bonrepos-sur-Aussonnelle. Dès le 11 juin, les hommes qui s’y trouvaient étaient en train d’être dirigés vers d’autres cantonnements, au château de Candelé, à proximité de Gagen, et vers Mérenvielle (Haute-Garonne), commune limitrophe du Gers. Ce transfert ne put s’effectuer du fait de l’attaque allemande. Le 12, il ne restait plus qu’une trentaine d’hommes à Gagen. Le 12 juin, 1944, en fin d’après-midi, surgit, à proximité de Gagen, une colonne de la division blindée Das Reich. Celle-ci, formée de trois compagnies cantonnées jusqu’au 10 juin au matin dans des villages du sud de Toulouse Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies du 3e bataillon du régiment SS Deutschland de la division blindée SS Das Reich quittèrent les villages où elles stationnaient, au sud de Toulouse, en Haute-Garonne, dans les basses vallées de l’Ariège et de son affluent, la Lèze. Leur mission de destruction de maquis et de répression des populations civiles commença au petit matin d’un samedi pluvieux. Le 10 juin leur action meurtrière s’exerça en Comminges (Haute-Garonne), marginalement en Couserans (Ariège) et, le 11 juin en Bigorre (Hautes-Pyrénées). Les SS se livrèrent à des massacres de civils et de résistants. Ce ne fut pas par hasard que les SS attaquèrent le château de Gagen, cantonnement du maquis de Saint-Lys. Ils connaissaient apparemment le lieu car, la veille une voiture conduite par un militaire allemand avait été attaquée par des résistants d’un autre maquis, celui de Mangane. Or, les Allemands ont attaqué sans hésiter le maquis de Saint-Lys. Disposaient-ils de l’information avant leur départ, ce qui justifierait qu’ils aient un détour, pour leur retour, par le Gers. Ou ont-ils glané des informations auprès de civils locaux pendant leur passage dans le secteur ? Ou, encore, ont-ils été informés par des « traitres » présents dans les rangs du maquis ? Toutes ces hypothèses ont été formulées. Ils ignoraient cependant que le transfert des hommes du maquis de Gagen vers le Candelé était déjà bien avancé. Les maquisards présents à Gagen furent surpris. Ils essayèrent de se replier vers le Candelé en se réfugiant dans un premier temps dans les bois proches. Un groupe comprenant Eugène Lozes, André Bousquairol, Abel Autofage, Lucien Lafforgue, André Cavagnol, Joseph Vié*, Bordes, Rucosa et le père Séguela couvrait la retraite du gros de l’effectif, parmi lesquels Jean Chaubet. Eugène Lozes fut le dernier à pénétrer dans le bois après avoir vidé son chargeur. Les cinq premiers furent tués. Les fugitifs se déplaçaient en petits groupes qui couraient vers le Candelé. L’un d’entre eux fut intercepté. Jean Chaubet ainsi que Joseph Vié*, Eugène Lozes et Jean Micoud furent à leur tour tués. Les maquisards eurent aussi des blessés. Le Candelé fut attaqué par les Allemands qui ignoraient que se trouvait là le gros des effectifs du maquis. Ils détruisirent par le feu une partie des bâtiments du Candelé qu’ils pillèrent au préalable. La plupart des maquisards se cachaient dans les environs et eurent la vie sauve. Seul Léonce Gonzalez trouva la mort dans sa fuite vers Saiguède*, dans le territoire de cette commune. Philippe Viguier, présent lors de ce combat a pu en décrire les diverses phases dans ses ouvrages sur maquis de Saint-Lys.
Eugène Lozes reçut la mention « mort pour la France ». Le conseil municipal de Toulouse donna son nom à une des rues de la ville, dans son quartier de résidence. Son nom figure sur le monument aux morts du quartier toulousain de Bonhoure, Guilhemery, côte de l’Hers : ce monument est situé au n° 114 de la rue (Jean-Chaubet, à l’intersection de cette rue et l’avenue Camille-Pujol, sur le mur de l’école élémentaire Jean-Chaubet. Il est également inscrit sur le monument commémoratif érigé à la sortie du village de Bonrepos-sur-Aussonnelle, vers Saint-Lys. Sur cette plaque est gravée, avec les noms, l’inscription suivante : « Le maquis de Saint-Lys à ses camarades des Corps francs de Libération morts au combat du 12 juin 1944 ». Une plaque y a été apposée à sa base avec leurs noms et l’inscription suivante : « Aux victimes civiles de la barbarie nazie du 12 juin 1944 ». Il est également gravé : sur le monument aux morts de Saint-Lys appartenant à toutes les catégories de victimes de la Seconde guerre mondiale, parmi lesquelles celles du maquis de Saint-Lys (on y a rajouté ultérieurement les morts de la guerre d’Algérie) ; sur la plaque apposée en mairie de Toulouse (Le Capitole) qui commémore les employés municipaux de la ville de Toulouse morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y a un dossier à son nom (non consulté) au SHD, Vincennes, cote 21 P 86088.
Après la Libération, la groupe socialiste "Albert Bedouce" est devenu le groupe "Eugène Lozes" (Bedouce], fut exclu à vie de la SFIO pour avoir voté les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940.
Sources

SOURCES : Arch. com. Toulouse, état civil registre des naissance, 1906, premier volume, acte de naissance d’Eugène Lozes et mentions marginales. — Le Midi socialiste, Toulouse, 19 janvier 1936. — Michel Goubet, « La résistance particulière des francs-maçons [en Haute-Garonne] » ; « Le maquis et le combat de Saint-Lys 12 juin 1944 » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [pp. 395-397, p. 542]. — Philippe Viguier, Le maquis de Saint-Lys 1944, sl., sd [1985], 22 p. — Site MemorialGenWeb consulté le 12 février 2020.

André Balent

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