Né le 6 septembre 1900 à Lambézellec (Finistère), fusillé après condamnation à mort le 10 juin 1944 à Brest ; marin de la Marine nationale ; résistant brestois du groupe action directe de Défense de la France.

Julien Kervella, en 1906, vivait à Saint-Marc avec sa mère Jeanne Pichon (née en 1869), son frère Joseph et sa soeur Jeanne. Il s’engagea en 1919 dans la Marine Nationale, il y devint maitre de manoeuvre Bosco. Il épousa Anna Piriou le 12 juillet 1924 à Saint-Marc ; le couple avait une fille unique Yvonne Kervella (née le 5 octobre 1927). La famille résidait à Brest 105 rue de la Vierge.
Il participa à la campagne de 1939-1940 puis après la défaite de juin 1940, il continua de servir. Julien se retrouva à Toulon où il développa progressivement un esprit de résistance. De retour à Brest, début août 1943, il entra en résistance active. Il fut recruté par Georges Dauriac dans le groupe Action Directe, corps franc du mouvement de résistance Défense de la France puis recruta à son tour son cousin Gaston Viaron. Sa femme Anna et sa fille Yvonne servaient de soutien logistique au groupe.
Julien Kervella participa à la diffusion du journal clandestin du mouvement, il servit également d’agent de liaison et contribua à la fabrication et diffusion de faux papiers pour le groupe. De part son expérience militaire, il participa à l’élaboration des coups de main et conseilla les jeunes membres du corps franc. Le 26 avril 1944, après une réunion à son domicile, aux aurores, Pierre Beaudoin, Yves Hily, Georges Hamon, Gaston Viaron, Yves Hall, Francis Beauvais et Julien Kervella s’introduisirent à la mairie de Gouesnou et y ponctionnèrent 600 kilos de grenades et munitions de 9mm qu’ils entreposèrent à Brest.
Dans la nuit du 24 au 25 mai 1944, après le couvre feu, à son domicile de la rue de la Vierge, Julien Kervella, sa femme et leur fille (16 ans) ainsi que Gaston Viaron furent arrêtés par des agents allemands.
Les deux hommes furent conduits au siège de l’Aussenkommando du S.D de Brest, à l’école Bonne-Nouvelle de Kérinou en Lambézellec. Julien Kervella et Gaston Viaron semblent y avoir été torturé pour obtenir des aveux et des informations sur le groupe Action Directe. Sa femme et sa fille étaient retenues à la prison du commissariat de quartier de Saint-Martin.
Jugés pour actes de francs-tireurs par le Tribunal militaire allemand siégeant à Brest, Yves Hily, Gaston Viaron et Julien Kervala furent informés plus tard, le 9 juin 1944 vers 22 heures, de leur condamnation à mort et de leur exécution le lendemain.
Ils furent exécutés au petit matin du 10 juin, l’un après l’autre, Kervalla le dernier, au stand de tir du plateau du Bouguen.
Selon le prêtre allemand, Franz Eich, qui l’assistait, « Julien Kervella mourut le dernier tout aussi héroïquement. Non seulement il se montra vaillant mais il garda jusqu’à la fin une expression joyeuse comme s’il était sûr de la victoire. Il s’avança, souriant et courageux. Il se raidit lorsqu’on lui lu le jugement. Sur son désir ; comme ce fut également celui de ses camarades, on ne lui banda pas les yeux. Il me remercia en termes simples et chaleureux, se signa et entra dans la mort avec un calme admirable. Il se comporta en véritable héros jusqu’au dernier moment. »
Le 27 juin 1944, un groupe du corps franc prit d’assaut le commissariat de Saint-Martin pour libérer les résistantes internées, dont Anna et Yvonne Kervella. Voulant éviter les représailles, les femmes restèrent sur place, au grand désespoir de leurs compagnons.
Les familles ne furent pas prévenues. Des rumeurs circulaient évoquant une déportation et d’autres parlaient d’une fusillade. En plein siège de Brest, les documents furent détruits ou éparpillés.
Anna Kervella fut condamnée à la déportation puis libérée par la Croix rouge suédoise le 1er mai 1945, elle revint à Brest le 1er juillet 1945 après son hospitalisation. Leur fille avait été libérée le 3 juillet 1944.
Le 21 février 1945, lors de fouilles sur le plateau du Bouguen leurs corps furent découverts et identifiés par la famille. Il fut inhumé en mars 1945 en présence d’une grande assistance à Brest. Son corps repose au cimetière de Saint-Marc de Brest.
Reconnu Mort pour la France, il fut homologué Interné-résistant (DIR), FFI et RIF. Il reçut à titre posthume, les distinctions suivantes : Chevalier de la Légion d’honneur (1945), Médaille Militaire, Médaille de la résistance (1946) et Croix de Guerre 1939-1945.
Une rue de Brest, dans le quartier de Kérigonan, porte son nom.
Une plaque fut apposée sur l’ancien domicile de Julien Kervella, entre le 45 et 47 rue de Glasgow, anciennement au 105 rue de la Vierge en la mémoire de ces trois fusillés.
Une stèle fut érigée sur le plateau du Bouguen en 2004.
Sources

SOURCES : site resistance-brest.net. — SHD Vincennes, GR 16 P 319034. — AVCC Caen 21 P 579700. — Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, Le Finistère dans la guerre, tome 1, éd. de la Cité, 1979.— État civil, recensements

Annie Pennetier

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