Né le 22 mai 1902 à Gelos (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques), tué en opération dans la nuit du 15 au 16 août 1944 à Toulon (Var) ; agent des lignes PTT ; socialiste SFIO ; Groupe franc Mouvements unis de la Résistance (MUR)-Corps francs de la Libération (CFL).

Fils de Bernard Lafontan et d’Augustine Lacrampe, marié avec Anaïs Dubois, habitant rue Chevalier-Paul, cet agent des lignes PTT à Toulon, marié, Joseph Lafontan était une figure connue du Rugby-Club toulonnais où il jouait comme pilier. Il était arrivé à Toulon par mutation en 1926. Cette mutation n’était pas une combine de l’amateurisme marron de l’époque. La chute de huit mètres qu’il fit en novembre 1927 depuis un poteau télégraphique en témoigna. Il ne fut jamais international bien qu’il ait été retenu comme remplaçant face à l’Allemagne en avril 1929 (mais les remplacements en cours de match n’étaient alors pas autorisés). Cependant, il fut champion de France avec le RCT en 1931. Il partit travailler à Saint-Tropez (Var) de 1932 à, au moins, 1934. De retour à Toulon, il manageait le RC Corse en 1937. Il était socialiste et avait parrainé en novembre 1930 l’ouverture au rugby de l’Aurore, une société de l’USSGT, la fédération sportive travailliste des socialistes (qui fusionna en 1934 avec celle des communistes pour donner naissance à la FSGT), mais le rugby travailliste ne décolla jamais dans le Toulon d’avant guerre.
Resta militant pendant la guerre, il fut en contact avec Charles Sandro, responsable du Parti socialiste clandestin. Membre de l’Armée secrète (MUR) et peut-être auparavant du mouvement Combat, il faisait partie du Groupe franc Libération dirigé par Jean-Pierre Marenco. On ne sait à quelles actions il participa. Il était chef du groupe de destruction des PTT et il fut chargé de récupérations dans leur garage en mars 1944. Sans doute participa-t-il à la mobilisation de la Résistance toulonnaise au 6 juin 1944. En tout cas, il était à nouveau à pied d’œuvre à la veille du débarquement de Méditerranée sur les plages du Var. Le 14 août, il était avec son groupe dans une villa du quartier de La Pivotte, à l’est de Toulon, en attendant de partir à Collobrières, dans les Maures, pour attendre les troupes débarquées. Le débarquement ayant eu lieu le 15, le groupe resta en place. Il fut tué par les Allemands dans la nuit du 15 au 16 août à une heure du matin. Bien que les versions diffèrent sur les circonstances de sa mort, il semble bien qu’il ait été volontaire pour aller isoler le poste électrique du carrefour de Beaulieu et qu’il aurait été abattu en train de couper la ligne.
Il reçut le titre de « Mort pour la France ». Le quai « Joseph Lafontan Martyr de la Résistance » fut inauguré au Port Marchand le 15 avril 1945. La plaque se trouve au Stade Mayol où l’actuelle tribune présidentielle porte son nom. À partir de la saison 1948-49, une Coupe Lafontan fut organisée par la FSGT (au moins jusqu’en 1958), mettant aux prises des équipes réserve de petits clubs FFR de la région toulonnaise. Son nom figure aussi sur la plaque du « Tableau d’honneur des PTT » sur l’Hôtel des Postes, inaugurée en juillet 1945.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Var 1 W 108, 1970 W 80 (dossier ONAC). ⎯ site internet Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 67514 (avec erreur sur la date de mort). ⎯ presse locale (Le Var libre 30 août 1944, La Liberté du Var 12 décembre 1944, Résistance 12 avril 1945, Le Petit Varois août 1946 et 26 août 1960). ⎯ Pierre Bel, Cahiers de la Libération de Toulon, souvenirs des journées d’août 1944, Toulon, Société des Amis du Vieux Toulon, 3e fascicule, p. 15, 1946. ⎯ témoignages Marcel Courty, Frédéric Fortoul, Charles Sandro.⎯ registre décès Toulon (arch. municipales 4 E 139).

Jean-Marie Guillon et Frédéric Négrel

Version imprimable