Né le 9 octobre 1901 à Lanta (Haute-Garonne), mort en action de combat le 12 juin 1944 à Bonrepos-sur-Aussonnelle (Haute-Garonne) ; ouvrier chaudronnier à Toulouse (Haute-Garonne) ; syndicaliste ; résistant du maquis de Saint-Lys (Haute-Garonne) de l’Armée secrète (AS)/Corps francs de Libération (CFL)

Joseph Vié (1901-1944)
Joseph Vié était le fils d’Antoine, forgeron, et de Jeanne Couzi âgés respectivement, en 1901, de vingt-neuf et vingt-et-un ans. La famille résidait à Lanta, une commune du Lauragais, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Toulouse. Il se maria à Toulouse le 8 août 1925 avec Françoise Garcia. Le couple eut deux enfants. Jean intégra avec son père le maquis de Saint-Lys et survécut au combat du 12 juin 1944.
Ouvrier chaudronnier, spécialisé dans la soudure autogène, Joseph Vié était un militant syndicaliste (sans doute de la CGT, tendance confédérée) proche des milieux socialistes très actif à Toulouse avant 1940. Il participa à la Résistance dans cette ville, proche sans doute des groupes animés par Jean Chaubet dirigeant local du mouvement Franc-Tireur et agent de plusieurs réseaux. Il participa à la diffusion de la presse clandestine et de tracts. Travailleur en Allemagne, au titre du STO, il mit à profit une permission pour plonger dans la clandestinité et intégrer les groupes que Chaubet formait à Toulouse afin de constituer, après le débarquement allié sur les côtes françaises, un maquis dans les environs de Saint-Lys.
Le 7 juin, des hommes recrutés pour gagner les cantonnements du le maquis de Saint-Lys, quittèrent leur domicile, à Toulouse ou dans les environs immédiats. Parmi eux, Joseph Vié et son fils Jean. Le maquis s’installa initialement au château de Gagen situé sur le territoire de la commune de Bonrepos-sur-Aussonnelle, à proximité de la RD 67 qui relie Saint-Lys à L’Isle-Jourdain et du croisement de cette dernière avec la RD 68 qui relie Fonsorbes à Bonrepos-sur-Aussonnelle. Dès le 11 juin, les hommes qui s’y trouvaient étaient en train d’être dirigés vers d’autres cantonnements, au château de Candelé, à proximité de Gagen, et vers Mérenvielle (Haute-Garonne), commune limitrophe du Gers. Ce transfert ne put s’effectuer du fait de l’attaque allemande. Joseph Vié fut désigner pour assurer les fonctions de cuisinier, d’où le sobriquet dont il fut affublé (« le cuistot »). Le 12, il ne restait plus qu’une trentaine d’hommes à Gagen. Le 12 juin, 1944, en fin d’après-midi, surgit, à proximité de Gagen, une colonne de la division blindée Das Reich. Celle-ci, formée de trois compagnies cantonnées jusqu’au 10 juin au matin dans des villages du sud de Toulouse Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies du 3e bataillon du régiment SS Deutschland de la division blindée SS Das Reich quittèrent les villages où elles stationnaient, au sud de Toulouse, en Haute-Garonne, dans les basses vallées de l’Ariège et de son affluent, la Lèze. Leur mission de destruction de maquis et de répression des populations civiles commença au petit matin d’un samedi pluvieux. Le 10 juin leur action meurtrière s’exerça en Comminges (Haute-Garonne), marginalement en Couserans (Ariège) et, le 11 juin en Bigorre (Hautes-Pyrénées). Les SS se livrèrent à des massacres de civils et de résistants. Ce ne fut pas par hasard que les SS attaquèrent le château de Gagen, cantonnement du maquis de Saint-Lys. Ils connaissaient apparemment le lieu car, la veille une voiture conduite par un militaire allemand avait été attaquée par des résistants d’un autre maquis, celui de Mangane. Or, les Allemands ont attaqué sans hésiter le maquis de Saint-Lys. Disposaient-ils de l’information avant leur départ, ce qui justifierait qu’ils aient un détour, pour leur retour, par le Gers. Ou ont-ils glané des informations auprès de civils locaux pendant leur passage dans le secteur ? Ou, encore, ont-ils été informés par des « traitres » présents dans les rangs du maquis ? Toutes ces hypothèses ont été formulées. Ils ignoraient cependant que le transfert des hommes du maquis de Gagen vers le Candelé était déjà bien avancé. Les maquisards présents à Gagen furent surpris. Ils essayèrent de se replier vers le Candelé en se réfugiant dans un premier temps dans les bois proches. Un groupe comprenant Joseph Vié, Eugène Lozes, André Bousquairol, Abel Autofage, Lucien Lafforgue, André Cavagnol, Bordes, Rucosa et le père Séguela couvrait la retraite du gros de l’effectif, parmi lesquels Jean Chaubet. Les cinq premiers furent tués. Les fugitifs se déplaçaient en petits groupes qui couraient vers le Candelé. L’un d’entre eux fut intercepté. Joseph Vié, Jean Chaubet, Eugène Lozes et Jean Micoud furent à leur tour tués. Les maquisards eurent aussi des blessés. Le Candelé fut attaqué par les Allemands qui ignoraient que se trouvait là le gros des effectifs du maquis. Ils détruisirent par le feu une partie des bâtiments du Candelé qu’ils pillèrent au préalable. La plupart des maquisards se cachaient dans les environs et eurent la vie sauve. Seul Léonce Gonzalez trouva la mort dans sa fuite vers Saiguède*, dans le territoire de cette commune. Philippe Viguier, présent lors de ce combat a pu en décrire les diverses phases dans ses ouvrages sur maquis de Saint-Lys.
Après la Libération, les neuf résistants du maquis Saint-Lys, morts au combat le 12 juin 1944, furent ré-inhumés à l’issue d’une cérémonie, sur la place de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Tous les neuf reçurent la médaille de la résistance à titre posthume.
Joseph Vié reçut la mention « mort pour la France ». Le 15 janvier 1958, elle fut inscrite en marge de son acte de naissance sur le registre de l’état civil de Lanta. Le conseil municipal de Toulouse donna son nom à une des rues de la ville, dans le quartier Saint-Cyprien. Il est également inscrit sur le monument commémoratif érigé à la sortie du village de Bonrepos-sur-Aussonnelle, vers Saint-Lys. Sur cette plaque est gravée, avec les noms, l’inscription suivante : « Le maquis de Saint-Lys à ses camarades des Corps francs de Libération morts au combat du 12 juin 1944 ». Une plaque y a été apposée à sa base avec leurs noms et l’inscription suivante : « Aux victimes civiles de la barbarie nazie du 12 juin 1944 ». Il est également gravé : sur le monument aux morts de Saint-Lys appartenant à toutes les catégories de victimes de la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquelles celles du maquis de Saint-Lys. Il y a un dossier à son nom (non consulté) au SHD, Vincennes, cote 21 P 593308. Sur sa fiche sur le site Mémoires des Hommes, il est écrit de façon erronée qu’il est né à Tarbes (Hautes-Pyrénées). Il y figure, à tort, comme un résistant de ce département.
Sources

SOURCES : Michel Goubet, « Le maquis et le combat de Saint-Lys 12 juin 1944 » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [pp. 395-397, p. 542]. — Philippe Viguier, Le maquis de Saint-Lys 1944, sl., sd [1985], 22 p. — La Dépêche, Toulouse, 22 octobre 2003. — Site MemorialGenWeb consulté le 20 février 2020. — Site Mémoire des Hommes, consulté le 20 février 2020. — Site Mémorial francoisverdier-liberationsud, consulté le 19 février 2020.

André Balent

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