Exécution de cinq ou d’une dizaine de personnes.

D’après Maurice Roland, « une unité allemande est responsable du massacre odieux d’une dizaine de jeunes gens, dont quelques-uns en tenue de secouristes de la Croix-Rouge, abattus au fort d’Englos » (p. 765).
Le nom de cinq membres des Équipes nationales figure sur le monument commémoratif érigé sur les lieux :
Un article de La Voix du Nord rapporte le témoignage de Félix Hennache,
« Ils étaient cinq. Cinq jeunes Lambersartois, âgés de 17 à 21 ans. Jean Caloone, Jacques Picavet, Oswald Crespi, Michel Thomas et Marcel de Rycke étaient sauveteurs, membres des Équipes nationales. Il y a soixante-dix ans jour pour jour, ils ont été fusillés, et mutilés pour deux d’entre eux, à Englos. Le Lambersartois Félix Hennache, l’un de leurs partenaires, se souvient.
« Notre rôle principal, raconte Félix Hennache, 22 ans à l’été 44, c’était d’intervenir après les bombardements. […]. Ce 3 septembre 1944, après une frayeur matinale (lire ci-après), cinq équipiers nationaux prennent la direction de Capinghem et Englos, où se déroulent des combats. Si Félix Hennache, comme quatre autres équipiers, était avec eux le matin, il avait demandé à ne pas les accompagner l’après-midi : « Un de mes amis venait à la maison, je suis donc resté à Lambersart ».
Sans le savoir, son ami lui a sauvé la vie. Les cinq sauveteurs sont en effet capturés par les SS, puis emmenés à Englos. Les soldats allemands les utilisent, avec des civils également pris en otage, comme boucliers humains afin d’échapper aux tirs des résistants. Arrivés à Englos, les civils (sauf un) seront libérés. Quant aux cinq sauveteurs, et au civil encore retenu, ils seront abattus à la mitraillette dans un champ d’Englos. Deux d’entre eux seront également mutilés. Un portrait d’Hitler sera glissé dans la poche du chef des équipiers, Jean Caloone, frère de l’épouse de Félix Hennache.
Les corps ne seront retrouvés que deux jours plus tard… par le père de Jean Caloone, chef des équipiers nationaux, dans une fosse commune près de l’église d’Englos. À Lambersart, l’émotion est immense. Des milliers de personnes assistent aux funérailles, à l’église Saint-Gérard. Leurs corps reposent au cimetière militaire de Lambersart.
Ce [dimanche] 3 septembre 1944, […], les sauveteurs sont appelés avant l’aube au calvaire de Lomme, où les combats font rage. Deux équipes de dix se rendent sur place. L’équipe à laquelle appartient Félix Hennache tombe sur des corps de soldats allemands. Ils les chargent dans une charrette pour les conduire au cimetière. C’est là que survient l’incident. « Des soldats SS sont arrivés et ont cru que nous avions tué les Allemands, malgré les laissez-passer que nous leur montrions. Ils n’ont rien voulu savoir. Ils savaient qu’ils avaient perdu, certains avaient l’air drogué… »
L’officier SS fait aligner les dix Lambersartois contre le transformateur. Dix soldats leur font face. « On a entendu le premier commandement, la mise en joue. Je me souviens qu’à ce moment-là, je pensais à ma mère. On attendait le « Achtung, Feuer »… ». Il ne viendra jamais.
À quelques secondes de l’exécution, une femme surgit. Elle est déguisée en postière allemande (très influente à l’époque) et parle parfaitement la langue de Goethe. « On a su, après, qu’elle avait dit à l’officier allemand qu’elle nous connaissait. Elle a réussi à le convaincre ! ». Les équipiers nationaux n’ont jamais su qui était cette femme qui leur avait sauvé la vie, sûrement une résistante.
Les dix sauveteurs ont pu repartir. Avec le destin que l’on sait pour cinq d’entre eux, quelques heures après ».
Sources

SOURCES. Maurice Roland, « La libération de Lille (2 et 3 septembre 1944) », Revue du Nord, 1969, n° 203, p. 757-769. — Sites Internet : La Voix du Nord, 02/09/2014 ; Mémorial GenWeb.

Iconographie
ICONOGRAPHIE. Mémorial GenWeb

Frédéric Stévenot

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