Né le 10 janvier 1924 à Pont-de-Vaux (Ain), exécuté sommairement à Naives-devant-Bar (Naives-Rosières, Meuse) ; étudiant puis employé de banque ; résistant, FFI.

Pierre Rameau
Pierre Rameau
SOURCE : 
Bulletin de la Résistance de Vitry-le-François
Sur le monument du maquis des Chênes</br> à Margerie-Hancourt
Sur le monument du maquis des Chênes
à Margerie-Hancourt
Sur le monument de Naives-Rosières
Sur le monument de Naives-Rosières
Sur le monument aux morts de Vitry-le-François
Sur le monument aux morts de Vitry-le-François
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Pierre Rameau était le fils de Martial Louis Alfred Rameau, comptable, et de Jeanne Juliette Jamois, sans profession. Célibataire, domicilié chez ses parents à Vitry-le-François (Marne) où son père était devenu négociant en maroquinerie, il avait été scolarisé au Petit séminaire de Châlons-sur-Marne, puis au collège de Vitry-le-François.

En juin 1943, il passa son baccalauréat et rejoignit le groupe constitué par Jacques de La Fournière dans le secteur de Châtelraould-Vitry-le-François (Marne). Ce groupe, devenu le groupe « Yes » lié au réseau Jugler, sous-réseau du réseau Buckmaster Physician-Prosper appartenant au Special Operations Executive (SOE) britannique, prospectait des terrains de parachutage, organisait des largages et constituait des dépôts d’armes et de munitions.
En juillet 1943, après la chute du réseau Prosper et l’arrestation de Jacques de La Fournière, il se réfugia à Louvemont en Haute-Marne, où il avait été moniteur de colonie de vacances. De retour à Vitry-le-François, il entra comme commis de banque à la Société nancéienne et fit partie des équipes de secours de la Croix Rouge après le bombardement du 28 juin 1944 sur Vitry-le-François.

En août 1944, il rejoignit le maquis des Chênes implanté par le lieutenant François de La Hamayde dans le Bois des Laires à Margerie-Hancourt (Marne), où étaient rassemblés des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), des prisonniers de guerre évadés et des membres d’équipages alliés abattus aux confins de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne.
Ce maquis dont la devise était « Par force et par arme », était constitué de trois sections FFI (Forces françaises de l’intérieur) qui, à partir de la mi-août 1944, harcelèrent les troupes allemandes battant en retraite et participèrent aux combats de la Libération dans la Marne, puis dans la Haute-Marne jusqu’à Chaumont.
Le 29 août 1944, la section commandée par le lieutenant Claude Lamort de Gail, à laquelle appartenait Pierre Rameau, attaqua une unité allemande d’automitrailleuses stationnée à Matignicourt (Matignicourt-Goncourt, Marne) près de Vitry-le-François.
Au cours de l’attaque, deux FFI furent tués, Raoul Demacon et Louis Nascimbeni.
Six autres FFI ont été faits prisonniers et emmenés à Naives-devant-Bar (Naives-Rosières, Meuse), où ils ont été exécutés sommairement : Pierre Rameau, Henri Baudemont, Louis Bianchi, Vitalis Gotautas, Pierre Klein et Gudelis Zigmantas.
Fait prisonnier lui aussi, le lieutenant Claude Lamort de Gail a été emmené vers une destination inconnue. Son corps n’a jamais été retrouvé et il a été porté disparu.

On a longtemps cru que ces exécutions avaient été perpétrées par des SS. L’historien Jean-Pierre Harbulot a établi qu’il s’agissait de soldats appartenant à la 3e Division de Panzergrenadier, et plus précisément au 29e Régiment de Panzergrenadier, une « unité conventionnelle de l’armée régulière », constituée de « soldats ordinaires » de la Wehrmacht. La 3e Division de Panzergrenadier, après avoir combattu sur le front de l’Est en Russie, puis en Italie dans la région de Florence, a été ramenée en Allemagne, rééquipée et renforcée, puis envoyée en France pour protéger la retraite de la Wehrmacht et ralentir l’avancée de la IIIe Armée américaine du général Patton.
Du 29 au 31 août 1944, des unités appartenant à ce régiment se sont livrées à des exactions à Sermaize-les-Bains dans la Marne et dans les villages meusiens de la vallée de la Saulx : exécutions sommaires, massacres de civils, maisons incendiées.
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L’acte de décès de Pierre Rameau dressé le 1er octobre 1944 sur déclaration de Louis Charles Pelletier, instituteur à Naives-devant-Bar, précise qu’il a été « fusillé par les troupes allemandes stationnées dans la commune » et que son corps repose dans le « cercueil n° 6 ».
Pierre Rameau est inhumé dans le cimetière du Midi à Vitry-le-François.

Il a obtenu la Mention « Mort pour la France » et a été homologué FFI. Le titre d’Interné-résistant lui a été décerné, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 2 septembre 1959 publié au JO du 13 septembre 1959.

Dans la Marne, le nom de Pierre Rameau est inscrit sur la stèle du maquis des Chênes à Margerie-Hancourt. À Vitry-le-François, il figure sur la plaque « FFI » du monument aux morts communal.
Dans la Meuse, son nom est gravé sur le monument des fusillés de Naives-Rosières.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 498764. – AD Marne, M 4774, personnes domiciliées dans la Marne, fusillées ou décédées en détention hors du département, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – L’Union, 31 décembre 1945. – Jean-Pierre Harbulot, " Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx et leurs suites judiciaires " , Meuse en guerres, Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts, 2010. – Bulletin de la Résistance, Vitry-le-François, n° 7, 15 avril 1946 (photo) ; n° 14-15, mars-mai 1947. – Témoignage de Georges Humbert, président de l’Amicale du maquis des Chênes recueilli par Jocelyne et Jean-Pierre Husson en 2005. — Gérald Gaillet, Hommage aux résistants de la 2e guerre mondiale dans l’arrondissement de Vitry-le-François, exposition du Souvenir français, Vitry-le-François, 2009. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – Mémorial GenWeb. – État-civil, Pont-de-Vaux (acte de naissance) ; Naives-Rosières (acte de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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