Né le 22 mai 1881 à Gréasque (Bouches-du-Rhône), mort le 12 juin 1944 à Saint-Lys (Haute-Garonne) ; tonnelier à Salon [Salon-de-Provence en 1918] (Bouches-du-Rhône) puis à Toulouse (Haute-Garonne) puis agriculteur à Saint-Lys (Haute-Garonne) ; victime civile de la 3e compagnie du régiment Deutschland de la division SS Das Reich

Léon, Germain, Xavier Lécharpe était né le fils de Ferdinand, facteur des Postes à Salon, âgé de cinquante-six ans en 1907 et de Marie, Augustine Bernard âgée de quarante-huit ans à la même date. Le couple était domicilié à Salon. Les deux familles Lécharpe, de Saint-Lys et de Salon-en- Provence avaient -elle un lien de parenté ? C’est possible car lorsqu’il s’établit à Saint-Lys, Léon Lécharpe le fit à Saint-Lys, alors une modeste bourgade. Il épousa le 29 avril 1907 à Saint-Lys Séraphine, Anne Lécharpe née en 1879. Il avait, d’après sa fiche du registre matricule, une « instruction primaire plus développée ».
Il exerça d’abord la profession d’ouvrier tonnelier à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Il effectua ensuite son service militaire du 16 novembre 1902 au 23 septembre 1905 au 19e RA (régiment d’Artillerie) de Nîmes (Gard). Canonnier de 2e classe le 16 novembre 1902, il fut libéré de ses obligations militaires avec un certificat de bonne conduite. En 1907, il fut rattaché à la subdivision militaire de Toulouse pour tenir compte de sa nouvelle résidence.
À compter du 7 mai 1907, il résida à Saint-Lys, puis, à partir du 3 décembre 1907, à Toulouse (Haute-Garonne), 9 rue des Blanchers. Il fut mobilisé le 5 août 1914 au 18e RA en garnison à Agen (Lot-et-Garonne) depuis 27 mai. Dès le 7 août, il se trouvait dans la zone des armées et participa à de durs combats suivis de la retraite de son régiment qui, en 115 participa à l’offensive de l’Artois, avant de prendre position devant Arras (Pas-de-Calais). Le 19 novembre1915, il fut muté au 42e RA qui participa à la bataille de Verdun de février à juin 1916 avant de gagner en juin-juillet le front des Vosges puis de participer à la bataille de la Somme jusqu’au mois de décembre. Il intégra ensuite, le 1er avril 1917, le 22e RA colonial et quitta la zone des armées le 29 décembre 1917. Il demeura à « l’intérieur » du jusqu’au 21 février 1918 et intégra l’armée d’Orient. Le registre matricule ne nous dit pas dans quelle unité (le 22e RAC ne participa pas aux opérations dans les Balkans). Il rentra en France le 3 mars 1919 et fut démobilisé au 18e RA trois jours plus tard. À la réserve (23e RA), il fut entièrement libéré de ses obligations militaires le 16 septembre 1931 : à cette occasion il obtint une pension inférieure à 10 % d’invalidité pour blessure à l’origine non recherchée et de 30 % d’invalidité pour des reliquats de plaies légères remontant à 1918 et d’une phlébite à la jambe droite.
Définitivement installé à Saint-Lys, il devint exploitant agricole, sur une propriété sans doute héritée par sa femme. Le couple exploitait une ferme au lieu-dit Filhol, à proximité de la RD 12 reliant Saint-Lys à L’Isle-Jourdain (Gers).
Le 12 juin 1944, Les époux Lécharpe et leurs deux fils Marius et Ferdinand se trouvaient dans leur ferme. Ils furent massacrés entre 20 et 21 heures par des soldats du 3e bataillon du régiment de grenadiers Deutschland de la division blindée SS Das Reich à qui l’état-major du groupe d’armée G de la Wehrmacht avait commandé une opération de « nettoyage antiterroriste ». Plusieurs maquis étaient implantés à proximité de Saint-Lys, à la limite entre les départements du Gers et de la Haute-Garonne.
Après avoir fait sauter le château de Gagen (commune de Bonrepos-sur-Aussonnelle, Haute-Garonne), premier cantonnement des hommes du maquis (Armée secrète) de Saint-Lys (Voir : Chaubet Jean), et incendié ses dépendances, hangars et pigeonnier, les SS de la division Das Reich — en opérations depuis le 10 juin contre les maquis du Comminges (Haute-Garonne), du Couserans (Ariège) et de la Bigorre (Hautes-Pyrénées) — se regroupèrent et pénétrèrent dans le village de Saint-Lys, effectuèrent des perquisitions et commirent des déprédations. Après 20 heures, ils se répandirent ensuite dans les fermes de la périphérie du bourg, sur les territoires de la commune limitrophe de Bonrepos-sur-Aussonnelle où ils tuèrent un civil de passage, Gino Zanghieri et de celle de Saint-Lys même où ils massacrèrent six civils. Ils tiraient dans tous les sens afin d’impressionner des populations civiles soupçonnées de complicités avec les maquis. Ils massacrèrent des civils, un peu au hasard. Ce fut le cas des quatre membres de la famille Lécharpe. Après les avoir abattus, ils mirent le feu à la ferme et jetèrent leurs corps dans le brasier.
Les deux fils et les parents Lécharpe furent inhumés dans le caveau familial du cimetière du village, avenue du Languedoc. Leurs noms furent inscrits sur le monument commémoratif érigé à la sortie du village de Bonrepos-sur-Aussonnelle, vers Saint-Lys. Sur cette plaque est gravée, avec les noms, l’inscription suivante : « Le maquis de Saint-Lys à ses camarades des Corps francs de Libération morts au combat du 12 juin 1944 ». Une plaque y a été apposée à sa base avec leurs noms et l’inscription suivante : « Aux victimes civiles de la barbarie nazie du 12 juin 1944 ». Il est également gravé sur le monument aux morts de Saint-Lys appartenant à toutes les catégories de victimes de la Seconde guerre mondiale, parmi lesquelles celles du maquis de Saint-Lys (on y a rajouté ultérieurement les morts de la guerre d’Algérie). Par délibération du 16 mai 1994, le conseil municipal de Saint-Lys attribua à la route de L’Isle-Jourdain le nom d’ « avenue de la famille Lécharpe ».
Sources

SOURCES : Arch. dép. Haute-Garonne, 2 IM 2228, 1 E 25, registres de l’état civil de la commune de Saint-Lys, registres de l’état civil, 1873-1882 ; 1903-1912, acte de naissance de Séraphine Lécharpe et mention marginale, acte de mariage entre Léon Lécharpe et Séraphine Lécharpe. — Arch dép. Bouches-du-Rhône, 201 E 5486, état civil, naissances à Gréasque, 1881, acte de naissance de Léon Lécharpe et mention marginale ; 1 R 1196, f° 244. — Anonyme, Historique du 42e régiment d’Artillerie de campagne (du 31 juillet 1914 au 11 novembre 1918), Paris, Berger-Levrault, 1919, 120 p. — Michel Goubet, « Le maquis et le combat de Saint-Lys 12 juin 1944 » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [p. 397, p. 542]. — Pierre Raymond, « Le Maquis de Saint-Lys pendant la Seconde Guerre mondiale », in Saint-Lys, une bastide entre Gascogne et Languedoc, Ville de Saint-Lys, Éditions Maury, 2003, 245 p. [pp. 185-190]. — Philippe Viguier, Le maquis de Saint-Lys 1944, sl., sd [1985], 22 p. — « Le massacre du 12 juin 1944 à Saint-Lys, Bonrepos-sur-Aussonnelle et Saiguède », site : Mairie de Saint-Lys, Service « Pôle culturel », mis en ligne le 6 février 2019, PDF, 2 p., consulté le 26 février 2020. — Site MemorialGenWeb consulté le 4 mars 2020.

André Balent

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